Loi Travail : suspense autour du maintien ou non de la manifestation de jeudi

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La rédaction de FranceSoir.fr avec AFP
Publié le 22 juin 2016 - 09:17
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Des affrontements et des incidents ont eu lieu en marge de la manifestation contre la "Loi Travail" à Paris.
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©Alain Jocard/AFP
Après 24 heures de négociations, le sort de la manifestation restait en suspens mardi.
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Le gouvernement va-t-il interdire le défilé parisien contre la loi travail jeudi? Après 24 heures de négociations, le sort de la manifestation restait en suspens mardi, les syndicats ayant persisté dans leur refus d'un "rassemblement statique".

Les syndicats ont reçu le renfort inattendu de Nicolas Sarkozy, le président du parti Les Républicains, selon lequel il n'est "pas raisonnable" d'interdire les défilés. Mardi 21 en fin de matinée, une réunion à la préfecture de police a débouché sur un "constat de désaccord", selon les syndicats d'Ile-de-France qui ont "catégoriquement refusé" un rassemblement place de la Nation.

Ils ont précisé avoir fait des "propositions alternatives de parcours": Bastille-Place d'Italie, ou Denfert-Rochereau-Place d'Italie. "Les discussions se poursuivent et à ce stade aucune décision n'a été prise", affirmait-on à la préfecture de police en fin d'après-midi.

Les sept syndicats contestataires (CGT, FO, FSU, Solidaires, Unef, UNL et Fidl) souhaitaient initialement défiler entre la place de la Bastille et la place de la Nation jeudi à 14 heures, dans le cadre d'une journée de mobilisation contre le projet de loi travail dans toute la France. Un trajet court pour "tenir compte", selon eux, des conditions de sécurité.

Mais les autorités insistent depuis lundi pour qu'ils choisissent une manifestation statique plutôt qu'un défilé, en invoquant des raisons de sécurité, après les violences qui ont émaillé la manifestation nationale du 14 juin dans la capitale. Faute de quoi, ont-elles prévenu, la manifestation sera interdite - une mesure exceptionnelle.

Le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, avait même écrit lundi au numéro un de la CGT, Philippe Martinez, pour lui dire que "dans ce contexte de tension et de heurts récurrents (...), le renouvellement à l'identique d'une manifestation itinérante le 23 juin n'apparaît pas envisageable". Mardi 21, il en a appelé "à la responsabilité" des syndicats, soulignant le "niveau de menace extrêmement élevé avec un niveau de sollicitation extrêmement fort depuis plusieurs semaines des forces de l'ordre".

Alliance, premier syndicat de gardiens de la paix, a demandé le report du défilé "comme d'ailleurs de tout rassemblement statique car nos collègues sont sur tous les fronts et sont épuisés", a déclaré Frédéric Lagache, secrétaire général adjoint du syndicat de police, faisant référence notamment à l'Euro de football et à la lutte contre le terrorisme. Une autre journée de mobilisation est déjà programmée le 28 juin, avec un appel à manifester de Nation à place d'Italie.

Pour les syndicats, un simple rassemblement constitue une "remise en cause de la liberté de manifester", d'autant que de nombreuses manifestations sont prévues ailleurs jeudi en France, sans menaces d'interdiction. "Et pourquoi pas un pique-nique aussi !?", s'est agacé Fabrice Angéi, membre du bureau confédéral de la CGT, lundi soir sur BFMTV.

Faire du surplace serait de surcroît dangereux pour la sécurité des manifestants, arguent-ils. "Je ne suis pas sûr qu'une +fan zone+ syndicale place de la Nation soit plus sécurisée qu'une manifestation", a fait valoir Jean-Claude Mailly, secrétaire général de FO. Des craintes partagées par le chef de file des députés LR, Christian Jacob, selon lequel les manifestations statiques "ne sont pas les plus faciles à gérer".

Le leader de FO a souligné qu'au départ, les syndicats "n'avaient pas prévu de faire de manifestation" jeudi. "Qu'est-ce qui génère la manif le 23 ? Les interventions la semaine dernière du Premier ministre".

Au lendemain des violences ayant émaillé la manifestation nationale du 14 juin à Paris, avec d'importantes dégradations et 28 policiers blessés, Manuel Valls avait pointé la "responsabilité" de la CGT, critiquant son attitude "ambiguë" vis-à-vis des casseurs. Dimanche, il a estimé que "les organisateurs devraient annuler eux-mêmes ces rassemblements".

L'ancien Premier ministre LR François Fillon, candidat à la primaire de la droite, est allé dans le sens du gouvernement en estimant que l'on peut "comprendre" la demande d'un "report" des manifestations après l'Euro de football.

Au contraire, l'ancien chef de l'Etat et président de LR, Nicolas Sarkozy, s'est exprimé depuis Berlin pour juger qu'il n'était "pas raisonnable" d'interdire aux syndicats de défiler. "Je ne crois pas que ça soit raisonnable qu'un gouvernement républicain décide dans un pays comme le nôtre d'interdire des manifestations", à part "quand c'est le fait de groupe et de groupuscules dangereux et violents", a estimé M. Sarkozy.

Le projet de loi travail est actuellement examiné au Sénat où le vote solennel doit avoir lieu le 29 juin, avant un retour à l'Assemblée nationale le 5 juillet.

 

 

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