Macron offensif face à Bourdin et Plenel hier soir
Digne d’un combat de boxe. Emmanuel Macron à été particulièrement offensif face à Jean-Jacques Bourdin et Edwy Plenel, hier soir dimanche 15, pour sa grande interview très attendue en pleine grogne sociale. Le président s’est montré déterminé, n'éludant aucun sujet et ne se laissant pas dominer par ses interlocuteurs qui ont eux aussi fait montre de pugnacité. Bombardements en Syrie, réformes de la SNCF et bientôt des retraites, fiscalité, justice sociale: la première année d'exercice du pouvoir macronien, et celles à venir, ont été passées en revue au point que l’émission a largement débordé le cadre des deux heures prévues. A l’arrivée une confirmation: Emmanuel Macron ne lâchera rien. Et a eu bien du mal à se départir de son image de président des riches.
Contrairement à son échange plutôt tranquille face à Jean-Pierre Pernaut jeudi 13 au 13H de TF1, le président était cette fois face à des journalistes connus pour leur capacité à ne pas lâcher. Pas de round d’observation: les coups ont tout de suite plu. Et des deux côtés. Emmanuel Macron à rendu coup pour coup, voire même parfois provoqué, ceux qu’il a tenté de faire passer pour des interrogateurs plus que des questionneurs. Au point de leur rappeler que c'est "lui est le président", et même de susciter une mise au point d'Edwy Plenel ("vous n’êtes pas le professeur et nous les élèves").
Une intensité des échanges dont il ressort donc que le président ne lâchera rien, ni sur le fond ni sur la forme. Il ira jusqu’au bout, persuadé d'appliquer la bonne politique. Celle à même de "remettre la France au travail". Et qu’importe les grèves ou autres mouvement de contestation. Le message est clairement passé.
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L’image de président des riches d'Emmanuel Macron est aussi renforcée, à son corps défendant cette fois. "Il n’y a pas d’argent magique" à redit le président, se justifiant sur la hausse de la CSG et les "cadeaux" au plus riches (selon la formulation de Bourdin). C’est cette fois l’image d’un chef de l'état tourné vers les plus fortunés qui a imprimé: oui un effort a été demandé aux retraités mais qu’ils n’oublient pas que "ce sont les actifs qui paient" leurs pensions, à osé le président qui affirmait quelques minutes plus tôt vouloir unifier le pays, ne pas opposer les citoyens entre eux.
Quant à la suppression de l’ISF ou la flat tax réduite à 30% sur les revenus du capital: "Ce n’est pas un cadeau mais un choix politique, et je l’assume" à rétorqué le président. Dont acte. L’argent ne sera pas cherché du côté de ceux qui fraudent ou "optimisent" leur impôt -trop compliqué, a balayé en substance Emmanuel Macron. Non, cet argent a été et sera "pris dans le porte-monnaie des retraités", a reformulé Bourdin sans être contredit par un président pourtant prompt à ne pas laisser ses interlocuteurs de dimanche soir utiliser d’autres mots que ceux qu’il a choisis.
Car oui, Emmanuel Macron à été pugnace, impressionnant même de maîtrise de ses sujets. Vif, il a par exemple refusé à Edwy Plenel et Jean-Jacques Bourdin l’utilisation du terme "évasion fiscale" pour y substituer celui "d'optimisation". Ce qui n’en rend que plus révélatrice la mise en perspective de ses propos sur le pouvoir d’achat des retraités et sa justification du traitement de faveur (puisqu’il ne faut pas parler de "cadeau") réservé aux premiers de cordée. Saisissant, alors que son prédécesseur François Hollande fait par exemple la Une du numéro de cette semaine de L'Obs en affirmant que "Macron creuse les inégalités".
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Bilan de la soirée: oui, Emmanuel Macron est un libéral, par ailleurs assumé. Oui, il considère que le dialogue social est important, mais aussi que c’est au politique de décider en dernier ressort, de rester "droit dans ses bottes" aurait-il presque pu dire. Non, aucune mesure sociale, de redistribution par exemple, n'est au programme ou du moins n’a été annoncée dimanche. C'est donc désormais un fait, que les Français percevaient et que l'intéressé a confirmé: oui Emmanuel Macron est de droite.
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