Manuel Valls et la perspective d'un front républicain face au FN
Invité mardi 27 du Bondy Blog et de RFI, le Premier ministre a déclaré qu’il était "hors de question de laisser le Front national gagner une région". Des propos qui n'ont pas tardé à faire réagir la classe politique. Dans l'esprit de Manuel Valls, la déclaration n'a qu'un but: réveiller l'électorat de gauche en vue des élections régionales des 6 et 13 décembre prochain.
Le Premier ministre n’a pas voulu expliciter sa phrase ("tout devra être fait", a-t-il dit), donnant "rendez-vous au soir du premier tour". Il a toutefois esquissé un scénario: additionner les scores socialistes "avec le score des autres listes de gauche, parce qu’elles vont devoir fusionner. (…) Et à partir de là, on verra la stratégie". Cependant, pas un mot sur la perspective d'un Front républicain pour faire barrage au Front national.
Pas de déclaration officielle donc mais le débat a tout de même été lancé. La droite s'est dite opposée au front républicain. "Je ne crois pas aux stratégies politiques de cette nature", a estimé Eric Woerth sur France info ce mercredi matin expliquant que "les électeurs sont lassés de tout ça". Selon le député de l'Oise, face au FN, "il faut être nous-mêmes, on verra au second tour, il faut être premier ou deuxième et la dynamique nous portera".
Même du côté des socialistes, la question du front républicain divise. Gêné, Jean-Christophe Cambadélis a botté en touche ce mercredi matin sur Europe-1: "on verra ça le soir du premier tour". Et d'ajouter : "aujourd'hui, on se bat pour sortir en tête au premier tour. On se bat parce que la droite veut défaire ce que l'ensemble de la gauche a fait dans les régions, et l'extrême-droite veut défaire la République. On ne les met pas sur le même plan, mais c'est un combat, c'est notre +et-et+ à nous, face au +ni-ni+ de Nicolas Sarkozy".
Le député PS Luc Carvounas, proche de Manuel Valls, a clairement laissé entendre le 12 octobre dernier sur Public Sénat qu'il n'était pas favorable à un désistement des listes socialistes entre les deux tours. "Je ne souhaite pas que les camarades présents au premier tour, dans un scrutin à la proportionnelle, se désistent. Cela voudrait dire que, dans l'hémicycle, on laisserait pendant plusieurs années des débats entre des élus du FN et la droite représentée par les amis de Nicolas Sarkozy. Ce n'est pas ma tasse de thé, ce n'est pas mon ambition" a-t-il expliqué.
Ce mercredi matin, la candidate frontiste en Provence-Alpes-Côte d'Azur Marion Maréchal-Le Pen s'est ainsi dite "choquée" par les déclarations de Manuel Valls. "Ce n'est pas au Premier ministre de décider qui a le droit ou non de remporter les suffrages", a-t-elle estimé sur BFM-TV.
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