Manuel Valls : "ne laissons pas retomber l'esprit de ce 11 janvier"

Manuel Valls était ce lundi matin l'invité de BFMTV. Le Premier ministre est revenu sur les attentats de ces derniers jours et sur la gigantesque mobilisation des Français lors les marches républicaines du week-end.

La marche républicaine de dimanche

"Paris était, hier, la capitale de la tolérance, de la démocratie et de la liberté. Le peuple français a porté la plus belle des réponses à ces crimes barbares".

"J'ai été touché de rencontrer dans la manifestation la famille des victimes de Montauban (les militaires abattus par Mohammed Merah en 2012, NDLR). Ils étaient là pour soutenir ceux qui sont tristes et abattus aujourd'hui par la perte d'un être proche".

"Tout au long de la manifestation, je me suis dit +quelle fierté d'être Français+. J'ai été touché par ce silence, ce recueillement. Mais il faut garder à l'esprit que la menace est toujours présente".

"Les Français ont été très dignes. Nous devons rendre hommage aux forces de l'ordre. J'ai été fier et ému, en temps d'ancien ministre de l'Intérieur, de voir les forces de l'ordre acclamer par les Français. Il y a eu une fusion entre l'ordre républicain et les manifestants".

"J'ai été ému des propos du frère d'Ahmed Merabet (le policier assassiné devant Charlie Hebdo) qui m'a dit +nous sommes issus d'une famille qui a toujours respecté la République+".

"Le plus haut niveau du plan Vigipirate est maintenu. Nous déployons le plus haut niveau de militaires jamais vu sur le territoire français. Dans les jours qui viennent nous allons déployer plus de 6.000 soldats pour protéger les Français".

"Nous allons protéger plus particulièrement les lieux de culte juifs et musulmans car il ne faut pas oublier que, ces derniers jours, des mosquées ont été la cible de dégradations et de tirs d'armes. Il ne faut pas l'oublier".

"La démocratie, ce pourquoi les gens sont sortis dans  la rue, est ce que les terroristes ont voulu anéantir. Le débat démocratique doit se poursuivre, il y a un esprit du 11 janvier. L'unité nationale a été celle du peuple et pas celle des partis. Il faut tirer toute les leçons de ce qui s'est passé. La justice doit pouvoir travailler sereinement, la traque se poursuit".

"Nous devons travailler dans une unité de commandement absolu. Il y a encore des menaces à contrer et des pistes à explorer. Sur ces actes terroristes barbares, le travail continue car il reste probablement d'éventuels complices".

"Je veux rappeler qu'un joggeur est encore entre la vie et la mort car frappé par une balle liée à Amedy Coulibaly. Il faut réfléchir vite aux dispositifs qui peuvent être renforcé pour améliorer la sécurité des Français".

 

Un "Patriot act" à la française 

"Le droit et la démocratie doivent l'emporter, attention aux lois d'exception. S'il doit y avoir des mesures exceptionnelles, il faut les prendre dans le cadre parlementaire. En y associant, bien sûr, l'opposition mais aussi tout le Parlement".

"Il faut faire un travail sur les djihadistes français qui sont partis faire le djihad à l'étranger, mais aussi ceux qui se radicalisent sur le territoire français. Amedy Coulibaly n'a pas quitté le territoire français".

"Il faut sans doute augmenter les pouvoirs de surveillance des autorités. Les moyens de la DGSE doivent être augmentés, ce qui était prévu depuis plusieurs mois. Il s'agit de recruter des spécialistes, des experts, des techniciens, notamment sur Internet. Il faudra donner davantage de moyens aux services qui nous protègent. Entre les écoutes administratives et judiciaires, il faut sûrement être plus performant".

"Nous sommes en train de préparer une nouvelle loi sur le renseignement. Elle arrivera avant la fin 2015. Dans cette situation, le statu quo et l'immobilisme seraient absurde, mais la précipitation n'est pas non plus une bonne solution".

 

Les islamistes radicaux en prison

"Il faut faire un travail de renseignement dans les prisons. On sépare les individus radicaux qui pourraient radicaliser un certain nombre d'individus qui pourraient être influencés".

"Il faut généraliser l'isolement des individus radicaux. Il faut également faire un travail de prévention auprès des familles. Je rappelle qu'il y a 30% de femmes qui sont parties en Syrie, mais aussi des mineurs, des gosses, qui sont en train de se radicaliser là-bas".

"Nous sommes déjà en guerre. Nous faisons une guerre contre le terrorisme, le djihadisme et les islamistes radicaux. Cette guerre a débuté lorsque nous sommes aller sauver le Mali, Etat musulman, des djihadistes".

"Nous menons cette guerre contre le terrorisme au nom de nos valeurs".

"La priorité est de lutter sur Internet, car c'est là que la radicalisation commence. La sécurité des Français ne peut pas se discuter".

 

Hayat Boumeddiene, compagne d'Amedy Coulibaly

"Elle se trouve probablement en Syrie ou en Turquie".

"Il y a toujours eu une grande collaboration entre nos services de renseignements et ceux des autres pays européens, mais aussi de tout nos alliés".

"Le devoir de vérité sur ces évènements doit se faire, non pour accuser mais pour comprendre. Avec le président de la République, nous ressentons ce devoir de vérité".

 

Non-respect de la minute de silence pour les victimes des attentats

"Ces actes sont très minoritaires mais, pour lutter contre de tels comportements, nous devons apporter une réponse par l'école, et par l'école laïque".

"Je ne veux pas que dans mon pays, des jeunes puissent dire à des enseignants +l'ennemi c'est le juif+. Je ne veux pas que des jeunes puissent s'identifier dans ces terroristes barbares!".

"Les actes racistes et antisémites ont augmenté ces dernières années, c'est une réalité. Je n'ai pas aimé les propos de Benyamin Netanyahu. Je le répète +la France sans les juifs, ce n'est pas la France+".

"Ne laissons pas retomber l'esprit de ce 11 janvier".