Mort de Robert Boulin : l'enquête rouvre 36 ans après

La justice a annoncé jeudi 10 avoir rouvert l'enquête sur la mort de l'ancien ministre du Travail, Robert Boulin, survenue en 1979. La thèse officielle du suicide n'avait jamais convaincu sa famille et sa fille avait déposé une nouvelle plainte en mai dernier, persuadée qu'il s'agissait d'un assassinat.

Robert Boulin s'est-il vraiment suicidé? Le doute qui entoure la mort, en 1979, de l'ancien ministre du Travail est suffisant pour que la justice rouvre l'enquête, 36 ans après. Le parquet de Versailles a annoncé jeudi 10 avoir ouvert le 4 août dernier une information judiciaire pour "arrestation, enlèvement et séquestration suivi de mort ou assassinat".

Ce rebondissement judiciaire fait droit à la requête de la fille de Robert Boulin, Fabienne Boulin-Burgeat. Convaincue depuis toujours que la mort de son père n'était pas un suicide mais un assassinat motivé par des raisons politiques, elle avait déposé en mai dernier une plainte avec constitution de partie civile. La famille de l'ancien ministre avait déposé sa première plainte pour "homicide" en 1983, sans succès.

Ancien résistant, Robert Boulin avait été neuf fois ministre sous la Vème République. Pour beaucoup, il était le successeur désigné du Premier ministre de l'époque, Raymond Barre. Son corps avait été retrouvé le 30 octobre 1979 en forêt de Rambouillet (Yvelines), agenouillé dans 30 centimètres d'eau et 40 centimètres de vase. Une lettre d'adieu laconique "Messieurs, j'ai décidé de mettre fin à mes jours"  avait été retrouvée.

Dans les semaines précédentes, il avait été l'objet d'une campagne de dénigrement via des lettres anonymes envoyées à la presse. Elles évoquaient notamment l'acquisition illégale d'un terrain appartenant à la commune de Ramatuelle (Var).

L'enquête avait rapidement, trop pour certains, conclu au suicide. Mais au fil des années, des éléments troublants et témoignages tardifs étaient venus mettre en doute la version officielle: la présence de fractures sur le corps, l'absence d'analyse des poumons pour établir la noyade comme cause du décès, les déclarations d'un ancien gendarme qui dit avoir découvert le corps hors de l'eau, et enfin un témoin qui dit avoir vu deux hommes dans le véhicule du ministre ce 30 octobre 1979.

La fille de Robert Boulin avait notamment mis en cause des membres de la Société d'action civile (SAC), un ancien groupe d'activistes gaullistes. Le nom de son fondateur Jacques Foccart, décédé en 1997, avait été évoqué dans l'affaire du terrain de Ramatuelle.