Mort d'Yves Guéna : un très jeune résistant et une carrière vouée au gaullisme

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La rédaction de FranceSoir.fr avec AFP
Publié le 03 mars 2016 - 14:02
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Yves Guéna est mort le 3 mars 2016.
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©Patrick Kovarik/AFP
Breton de naissance Yves Guéna a représenté durant des décennies sa Dordogne d'adoption au Parlement, "la tête à Paris, les pieds en Dordogne", comme il le disait lui-même.
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Le décès d'Yves Guéna marque la disparition d'un grand homme, figure de la politique française durant six décennies. Résistant, député, ministre, sage au Conseil constitutionnel, de la France libre à la rédaction de la Constitution de la Ve République, ce Grand-Croix dans l'Ordre de la Légion d'honneur a été, de la première à la dernière heure, un gaulliste convaincu.

Yves Guéna, ancien ministre gaulliste et ancien président du Conseil Constitutionnel, qui vient de s'éteindre ce jeudi 3 à l'âge de 93 ans, a voué sa longue carrière politique à la défense du gaullisme, après avoir été, très jeune, combattant de la France libre.

Né le 6 juillet 1922 à Brest (Finistère), Yves Guéna n'a donc pas 18 ans, quand, le 20 juin 1940, au lendemain de l'appel du général Charles de Gaulle, lancé depuis Londres le 18 juin, il débarque en Angleterre pour rejoindre les Forces françaises libres (FFL). Il combat en Egypte, Libye et Tunisie avant de servir dans la 2ème DB du général Philippe Leclerc de Hauteclocque en Normandie, en Alsace et en Allemagne. Il sera grièvement blessé lors de la prise d'Alençon (Orne).

Démobilisé en 1945, élève de la première promotion de l'Ecole nationale d'administration (ENA), baptisée "France combattante", il devient contrôleur civil au Maroc puis entre au Conseil d'Etat où il est nommé maître des requêtes en 1957. Appelé, l'année suivante, au cabinet de Michel Debré, ministre de la Justice, il participe à l'élaboration de la Constitution de la Vème République. En janvier 1959, il est nommé directeur adjoint du cabinet de Michel Debré, devenu Premier ministre, puis Haut-Commissaire de la République française en Côte d'Ivoire.

Sous de Gaulle, Yves Guéna entre au gouvernement en avril 1967, comme ministre des Postes et Télécommunications (quatrième gouvernement Georges Pompidou) puis comme ministre de l'Information dans une période particulièrement troublée (mai-juin 1968), avant de récupérer le portefeuille des PTT (juillet 1968-juin 1969). Il occupe, du 1er mars au 27 mars 1974, sous Pompidou devenu chef de l'Etat, les fonctions de ministre de l'Industrie, du Commerce et de l'Artisanat (troisième gouvernement Pierre Messmer).

Mais Yves Guéna restera une grande figure du Parlement, où le Breton de naissance représentera durant des décennies sa Dordogne d'adoption: "la tête à Paris, les pieds en Dordogne", selon sa propre formule. Elu une première fois à l'Assemblée nationale en 1962, il conserve son siège (sauf durant les périodes où il siège au gouvernement) jusqu'en 1981, date où il est battu par un socialiste, en l'occurrence son rival de toujours, Roland Dumas. Il sera de nouveau député de 1986 à 1988.

Cheveux blancs, se tenant très droit, toujours impeccablement et élégamment costumé et peigné, Yves Guéna, parallèlement à ses fonctions parlementaires, a été maire de Périgueux pendant un long bail de 26 ans, de 1971 à 1997, et conseiller général de Dordogne de 1970 à 1989.

Au sein du mouvement gaulliste, Yves Guéna a été notamment secrétaire général adjoint (1974) de l'UDR. En avril 1976, il en sera secrétaire général, mais sept mois plus tard Jacques Chirac fonde le RPR et en prend la présidence. Guéna accepte les fonctions de délégué politique, puis conseiller politique et, de 1977 à 1979, trésorier national de cette nouvelle formation. Élu sénateur (RPR) de la Dordogne en septembre 1989, il deviendra vice-président de la Haute-Assemblée en octobre 1992.

Et c'est le président du Sénat, le centriste René Monory, qui le nomme au Conseil constitutionnel en janvier 1997 pour achever jusqu'en 2004 le mandat d’Étienne Dailly, décédé. Il y fait la démonstration qu'il ne sacrifiait pas ses convictions gaullistes. En 2000, Yves Guéna se retrouve à la tête de l'institution lorsqu'en tant que doyen d'âge, il assure l'intérim de Roland Dumas qui se "met en congé".

Après son départ du Conseil Constitutionnel, Yves Guéna a successivement occupé les fonctions prestigieuses de président de l'Institut du monde arabe (2004-2007), puis de la Fondation de la France libre. Marié et père de sept enfants, Yves Guéna était Croix de guerre 39-45, médaillé de la Résistance et Grand-Croix dans l'Ordre de la Légion d'honneur. Il a écrit une quinzaine de livres, notamment des essais historiques, des pièces de théâtre ainsi que des romans.

 

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