Municipales à Paris : tractations et pics de tension à La République en marche

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Par Ambre TOSUNOGLU, Jérémy MAROT - Paris (AFP)
Publié le 27 février 2019 - 16:12
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Le porte-parole du gouvernement Benjamin Griveaux à l'Elysée, le 30 janvier 2019
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© LUDOVIC MARIN / POOL/AFP/Archives
Les candidats à l'investiture LREM pour la mairie de Paris s'agitent fébrilement sur la ligne de départ, à un an du scrutin.
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Coups de pression autour du calendrier, dîners secrets et sondages controversés: les candidats à l'investiture LREM pour la mairie de Paris s'agitent fébrilement sur la ligne de départ, à un an du scrutin.

C'est une petite phrase alambiquée du patron du parti, Stanislas Guerini, qui a mis le feu aux poudres parmi les marcheurs postulant à l'Hôtel de Ville, de Benjamin Griveaux à Cédric Villani en passant par Mounir Mahjoubi, Anne Lebreton ou encore Julien Bargeton.

Quand sera désigné le candidat LREM ? "Je ne sais même pas encore le dire, nous allons prendre notre temps, on va mettre en place une commission nationale d'investiture (CNI), il est probable que cela soit dans le courant du mois d'avril, peut-être avant les européennes, on verra bien", a-t-il laissé échapper sur Radio Classique.

Alors que rien ne devait être tranché avant les européennes du 26 mai, d'aucuns ont interprété cette sortie comme une accélération soudaine du plan de bataille. Et une volonté de "passer en force" au profit de Benjamin Griveaux, dixit l'entourage de Cédric Villani.

Selon plusieurs sources au sein de la majorité, M. Griveaux pourrait choisir de quitter le porte-parolat du gouvernement avant même les européennes, pour se concentrer sur sa campagne municipale. Cette démonstration d'assurance irrite ses rivaux, qui l'accusent d'avoir mis sous sa coupe l'appareil parisien et vouloir court-circuiter le processus.

Dans une position délicate, M. Guerini, qui est par ailleurs un proche de M. Griveaux, joue l'apaisement. "Le but n'est pas d'accélérer", les candidats à l'investiture seront prochainement réunis pour être "tous associés à l'élaboration du calendrier" et "le parti ne sera pas à la main d'un candidat quel qu'il soit", promet un haut gradé de LREM.

"Je souhaite qu'il y ait une CNI installée devant laquelle tous les candidats à la candidature pourront expliquer leurs démarches", plaide pour sa part le sénateur Julien Bargeton.

- "Front anti-Griveaux" ? -

"Il y a deux choses en ce moment, les européennes et l'atterrissage du grand débat", relève M. Mahjoubi qui juge "irresponsable" de polluer la séquence avec une investiture. Le secrétaire d'Etat au Numérique plaide pour une réflexion sur la stratégie - où sont les réserves de voix à Paris entre gauche, droite et écologistes ? - pour choisir "l'incarnation" la plus en phase.

Dans l'entourage de M. Griveaux, on soulignait à l'inverse la semaine passée qu'avoir un "candidat désigné à Paris pour pouvoir faire la campagne des européennes, ce n'est pas idiot". "L'hypothèse était sur la table, elle ne l'est plus", assure un des prétendants.

Cet accès de nervosité trahit une intense activité souterraine parmi les marcheurs qui guettent le moindre signe permettant de les départager. Emmanuel Macron, qui sera vraisemblablement l'ultime juge de paix, n'a officiellement donné aucune préférence pour l'instant.

En attendant, plusieurs sources font état de sondages réalisés ou à venir étalonnant les différents candidats. L'un d'eux, réalisé aux frais de LREM, n'aurait été transmis qu'à Benjamin Griveaux et a provoqué les protestations écrites du camp Villani, a-t-on appris de sources concordantes. "Pas de commentaire", a évacué LREM.

Alors que la conception du programme a été confiée à un groupe de travail distinct baptisé Paris & Moi, la nécessité de jouer collectif dans un contexte où chacun tente en même temps de se démarquer, laisse éclater des tensions. L'élue du 4e arrondissement Anne Lebreton a ainsi essuyé une salve de reproches sur les boucles Telegram du mouvement après avoir dévoilé dans le Journal du Dimanche ses propres propositions pour la capitale.

Parallèlement, les conciliabules se multiplient. Philippe Grangeon, conseiller spécial d'Emmanuel Macron, a dîné la semaine passée avec Cédric Villani et déjeuné mardi avec Mounir Mahjoubi, dans un rôle de conciliateur.

Benjamin Griveaux a pour sa part vu récemment l'ancien maire PS Bertrand Delanoë, dont chacun cherche l'adoubement.

Quant à Villani, il a dîné cette semaine avec le député Hugues Renson qui a lui aussi marqué son intérêt pour la mairie et doit prochainement revoir l'ancien conseiller en communication de François Hollande Gaspard Gantzer, fondateur du mouvement "Parisiennes, Parisiens". De quoi aviver les rumeurs latentes de la constitution d'un "front anti-Griveaux", dixit un cadre de la majorité.

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