Parti socialiste : Cambadélis appelle à l'unité
Jean-Christophe Cambadélis en appelle à l'unité du PS et tente de remettre en ordre de marche, en vue de 2017, un parti ébranlé par les fortes turbulences liées aux choix du gouvernement, de la déchéance de nationalité à la réforme du droit du travail.
Dans une interview à L'Obs à paraître jeudi, le premier secrétaire du Parti socialiste a exprimé ouvertement sa préférence pour François Hollande comme candidat pour 2017: le pays a besoin d'une "candidature pour temps de crise". Jamais le dirigeant du PS ne s'était encore exprimé aussi clairement sur le sujet. A l'orée d'une possible primaire à gauche où sont pressentis plusieurs candidats socialistes, Jean-Christophe Cambadélis se veut sans ambiguïté.
Tant Manuel Valls que le ministre de l’Economie, Emmanuel Macron, et les anciens ministres du Redressement productif, Arnaud Montebourg, et de l’Education, Benoît Hamon, ne sont pas à ses yeux "en situation" pour 2017. "Le pays voudra être rassuré. Il ne fera pas dans l'aventure, dans l'expérimentation. Il ne se jettera pas dans les bras de tel ou tel, aussi brillant soit-il", lâche-t-il.
Quid d'une candidature du Premier ministre si le chef de l’Etat n'y va pas? "Cela serait une nouvelle donne. Et le premier secrétaire que je suis aurait son mot à dire", prévient-il sans davantage de précisions. Et si François Hollande se présente, il sera adoubé "dans cette primaire", assure le patron du PS. Voici les socialistes prévenus alors que cette question de la primaire fera l'objet d'un Conseil national, le "parlement" du parti, le 9 avril.
Car Jean-Christophe Cambadélis "ne nie pas la crise" actuelle au PS, une "crise de mutation", analyse-t-il, dans un monde en plein bouleversement. Mais son obsession est de préserver l'unité du parti, au moment où les "deux gauches" sont présentées par certains comme irréconciliables. "L'ADN du PS, c'est que c'est le creuset de toutes les gauches. Vouloir excommunier une gauche, c'est affaiblir l'ensemble. Manuel (Valls) et Benoît (Hamon) se trompent: personne ne peut gagner seul", dit-il en les renvoyant dos à dos.
Plus que la "synthèse" chère à François Hollande et qui, lâche-t-il, "dissout les thèses", Jean-Christophe Cambadélis, fidèle à son jeu d'équilibriste entre les différentes sensibilités du parti, préconise "le compromis qui permet à tous de dire ce qu'ils pensent et à chacun de faire un pas vers l'autre". Ainsi, sur le projet de loi El Khomri, "déséquilibré", le patron du PS considère que "dire que le code du travail est fait pour protéger les salariés, ce n'est pas une hérésie". Avant d'ajouter aussitôt: "Pouvoir s'adapter, ce n'est pas blasphémer".
La cohésion des rangs socialistes est singulièrement mise à mal depuis le début de l'année, avec la polémique autour de la déchéance de nationalité et la réforme du code du travail. Ce projet de réforme a fait sortir de ses gonds la maire de Lille, Martine Aubry, qui a pourfendu la politique gouvernementale dans une tribune au vitriol. Dans la foulée, plusieurs de ses proches ont annoncé leur décision de quitter le secrétariat national, l'organe de la direction du PS. La rue de Solférino s'est efforcée de minimiser cette décision, qui n'en reflète pas moins le malaise actuel.
Une quarantaine de personnalités socialistes ont d'ailleurs signé un appel à l'"unité" autour de Jean-Christophe Cambadélis, publié dans L'Obs. "La feuille de route est limpide: apaisement à l'intérieur du Parti socialiste et dépassement du Parti socialiste à l'extérieur", disent-ils en référence au renouvellement total des relations du PS avec la société civile en vue de créer une "belle alliance" à gauche pour 2017.
A quatorze mois de la présidentielle, Jean-Christophe Cambadélis bat le rappel pour tenter de mettre un terme au délitement dans les rangs socialistes. "Le salut, lance-t-il, n'est ni dans la droitisation ni dans la gauchisation, il est dans la social-démocratisation et la social-écologisation".
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