Passe vaccinal : Véran prévoit une instauration des restrictions sanitaires dans la durée

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FranceSoir
Publié le 24 février 2022 - 20:37
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Olivier Véran et Barbara Pompili, lors de la séance de questions au gouvernement, le mardi 15 février 2022
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F. Froger / Z9, pour FranceSoir
Olivier Véran et Barbara Pompili, lors de la séance de questions au gouvernement, le mardi 15 février 2022.
F. Froger / Z9, pour FranceSoir

Lundi 22 février, Olivier Véran a été auditionné au Sénat par la commission d’enquête sur l’adéquation du passe vaccinal à l’évolution de l’épidémie de Covid-19. L’occasion pour les Français de savoir si le gouvernement prévoit d’abroger le passe vaccinal, à l’instar d’autres pays européens comme l’Angleterre et le Danemark. La réponse n’a pas de quoi rassurer les opposants aux restrictions sanitaires : oui, si des conditions sont remplies au préalable, a expliqué le ministre de la Santé. Et de préciser que le gouvernement pourrait « revenir sur des dispositifs que nous sommes progressivement en train d’alléger. »

Le passe vaccinal, « prolongement presque naturel » du passe sanitaire

Cette audition fait suite à l’annonce de Gérard Larcher le 19 janvier 2022 sur la création d’une commission d'enquête parlementaire visant à « vérifier l'adéquation entre le pass vaccinal et la réalité de la pandémie ». Une déclaration qui, en raison de son timing, avait suscité des moqueries, puisqu’elle intervenait… après que la majorité des sénateurs aient voté pour le passe vaccinal.

Voir aussi : À contre-temps, Gérard Larcher assure vouloir "contrôler" l'application du passe vaccinal

Pour Olivier Véran, la transformation du passe sanitaire en passe vaccinale est une décision qui « reposait fondamentalement sur l’état des connaissances sur le virus et les mesures adaptées pour lutter contre l’épidémie et le rôle majeur pleinement étayé de la vaccination pour protéger et limiter les conséquences d’une forte circulation accélérée par la contagiosité du variant Omicron ». Une déclaration qui a de quoi étonner puisqu’elle s’inscrit à rebours des préconisations de l’Organisation mondiale de la Santé, qui, au même moment, estimait « plausible » une fin de la pandémie en Europe du fait des spécificités d'Omicron. Un diagnostic qui fait aussi écho à celui de l’Agence européenne des médicaments. Celle-ci annonçait le 11 janvier que la propagation du variant Omicron allait transformer le Covid-19 en une maladie endémique, avec laquelle l'humanité peut apprendre à vivre.

Poursuivant, le ministre de la Santé affirmera qu’« en vérité, il [le passe vaccinal] ne s’agissait pas d’une rupture dans notre stratégie, mais du prolongement logique, presque naturel, du passe sanitaire tel qu’il avait été mis en place par la loi du 31 mai 2021, puis étendu par la loi du 5 août. » Un propos qui a, lui aussi, de quoi surprendre, puisque Olivier Véran assurait le 25 novembre 2021 que « Non, nous ne mettons pas en place un passe vaccinal ». Cependant, les sénateurs ne confronteront pas le politique à cette contradiction.

Le passe vaccinal : efficace ou pas efficace ?

S’agissant de l’efficacité du passe vaccinal, le ministre a avancé que « le recul manque encore pour en faire une évaluation complète et rigoureuse », le dispositif ayant « une durée d’application d’à peine un mois ». Et d’ajouter, paradoxalement : « Peut-on néanmoins considérer que le passe vaccinal a contribué utilement à la lutte contre l’épidémie ? Oui, incontestablement. » Pas de quoi faciliter la tâche des sénateurs dont la mission est d’évaluer l’adéquation de l’outil avec la situation épidémique.

Comment le passe vaccinal a-t-il permis de combattre le Covid-19 ? Le seul critère mis en avant par Olivier Véran est celui de l’augmentation du taux de vaccination. Ce dernier semble donc juger que le nombre d’injections est un critère de santé publique en matière de lutte contre l’épidémie. Le Pr Didier Raoult en avait fait une critique acerbe le 1er février 2022, qui alertait sur un péril totalitaire.

Se basant sur l’explosion du nombre de cas aux États-Unis et en France, dont témoignent les données de l’université Johns Hopkins, en dépit d’un niveau de vaccination très élevé, le directeur de l’IHU Méditerranée déclarait : « Ce qui est extrêmement étrange et intéressant, c'est le niveau de tension sur la volonté d'augmenter la couverture vaccinale pour un vaccin dont on a la preuve sous les yeux qu'il ne marche absolument pas ». Et d’asséner : « Il n'y a aucun intérêt à vacciner une population qui n'est pas à risque. Aucun, puisque l'épidémie flambe de plus en plus au fur et à mesure qu'on fait des vaccins. (…) On est sorti de la science. C'est de la croyance, de la religion ».

Voir aussi : Le Pr Raoult alerte sur le péril totalitaire: "ce n'est plus de la science mais de la croyance"

Le ministre en profitera pour revenir sur l’efficacité du passe sanitaire. À l’appui de son propos, les 4 000 décès évités auxquels conclue une seule étude très controversée publiée par le Conseil d'analyse économique (CAE)… organisme rattaché au Premier ministre et dirigé par un proche d’Emmanuel Macron. Sur les réseaux sociaux, les conflits d’intérêts de ses auteurs et les défauts de l’étude avaient suscité de nombreuses moqueries.

Voir aussi : "Le passe sanitaire a évité 4 000 morts en France", une étude controversée réalisée par Matignon

Sera aussi évoqué le sujet des patients hospitalisés pour cause de Covid. Le ministre avancera le chiffre de 2 900 patients Covid actuellement en réanimation, ce qui représenterait la moitié des lits en réanimation du pays. Une charge sanitaire critique, selon lui. En revanche, une sénatrice a interpellé le ministre pour savoir si les patients hospitalisés étaient « des patients Covid ou avec Covid ». À cette question, Oliver Véran répondra que tous les patients comptés comme Covid ne le sont pas nécessairement à cause du Covid. « Il y a un écart qui peut être conséquent s’agissant des patients hospitalisés en soins conventionnels. En soins, critiques, l’écart est beaucoup plus restreint », admettra-t-il.

Pour autant, les sénateurs ne poseront pas de question sur l’efficacité des vaccins, sur le développement de l’épidémie ou même sur les considérations éthiques qui entourent l’instauration de ce dispositif.

Les restrictions sanitaires conditionnées à une logique de seuil

Le ministre de la Santé a ensuite détaillé les conditions préalables qui permettraient de suspendre le passe vaccinal. Dans un premier temps, « il faudrait qu’on redescende autour de 1 500 patients Covid en réanimation, pour qu’on considère que le fonctionnement normal des hôpitaux est restauré », a-t-il expliqué. Ensuite, le facteur Ro de reproduction du virus doit être « durablement inférieur à un ». Le taux d’incidence devra également être « assez faible, soit autour de 300 ou 500 au maximum ». Enfin, il ne faudra plus de déprogrammation dans les hôpitaux.

Puisque la suppression ou le rétablissement du passe vaccinal dépend de ces seuils, les restrictions sanitaires ont vocation à s’inscrire dans la durée, comme l’affirme Olivier Véran : « Je n’exclus pas qu’il y ait d’autres variants qui puissent émerger çà et là sur la planète et qui nous imposent de revenir sur des dispositifs que nous sommes progressivement en train d’alléger. » Et d’ajouter : « Les Français l’ont parfaitement compris. »

Le masque dans les salles de classe maintenu ?

Concernant le port du masque, le ministre de la Santé a laissé entendre qu’il s’agit d’une autre mesure qui a vocation à rester. En intérieur, celui-ci pourrait être supprimé dans tout ou partie des lieux en fonction de paliers. Même si le port obligatoire du masque en intérieur est levé, il ajoute que celui-ci pourrait être maintenu dans les transports en commun et dans les salles de classe.

4e dose : « Ma main ne tremblera pas »

S’agissant de la quatrième injection, le ministre de la Santé n’a pas hésité à marteler qu’il n’hésiterait pas une seconde à l’imposer s’il l’estime justifiée : « Je vais être clair. S’il y a un variant dangereux, en circulation, et que nous avons un vaccin efficace qui nécessite de revacciner toute la population, ma main ne tremblera pas. »

Par ailleurs, il a exprimé son mécontentement sur le faible taux de vaccination des enfants. Pour lui, la campagne de vaccination des 5-11 ans est « un échec ». À la date du 16 février, seulement 4,7 % des enfants concernés avaient reçu une première dose, depuis l’ouverture à cette tranche d’âge le 22 décembre 2021. Le ministre de la Santé explique ce chiffre très bas, par une « méfiance excessive » de la science et des vaccins en France, précisant qu’il y a plus d’enfants non-vaccinés hospitalisés que d’enfants vaccinés. La France est pourtant dans le haut du panier européen, s'agissant du taux de vaccination.

Des déclarations qui ont de quoi étonner, puisque les enfants ne sont pas sujets au risque de faire des formes graves du Covid-19, comme le soulignent des épidémiologistes comme le Pr Raoult ou le Dr Robert Malone, inventeur de la technologie ARNm.

Voir aussi : Robert Malone : son plaidoyer contre la vaccination des enfants

En définitive, si les mesures sanitaires pourront être allégées, supprimées ou rétablies sur la base de critères définis par le gouvernement, la France opte bel et bien pour une logique d’instauration de restrictions dans le temps.

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