Perquisition à Mediapart : procédure abusive et ingérence de Macron ?

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La rédaction de France-Soir
Publié le 04 février 2019 - 18:14
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Alexandre Benalla (g) et Emmanuel Macron le 12 avril 2018 à Berd'huis
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© CHARLY TRIBALLEAU / AFP/Archives
La perquisition de Mediapart fait suite à une enquête préliminaire visant le journal.
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Pour la première fois de son histoire, Mediapart a dû faire face à des magistrats tentant de perquisitionner le journal ce lundi 4. Une enquête préliminaire a été ouverte pour "atteinte à l'intimité de la vie privée" suite à la révélation de la conversation enregistrée de Benalla et Crase. On ignore pour le moment si l'enquête fait suite à une plainte ou si le procureur de la République de Paris, nommé par Emmanuel Macron, a pris la liberté d'initier une procédure.

Ingérence. C'est en filigrane la notion qui est ressortie de la conférence de presse qui s'est tenue lundi dans l'après-midi au siège de Mediapart, où des magistrats ont tenté dans la matinée de mener une perquisition suite à la révélation le 31 janvier de l'échange dévoilé entre Alexandre Benalla et Vincent Crase. Une enquête préliminaire a été ouverte pour "atteinte à l'intimité de la vie privée". Les journalistes de Mediapart ont refusé que soit menée cette perquisition, comme la loi le leur permet en l'état de l'enquête.

Lors de la conférence de presse, Edwy Plenel, directeur de la publication de Mediapart, et Fabrice Arfi, journaliste ayant enquêté sur l'affaire, ont fait part de leur perplexité face à la situation. Estimant que le motif de l'enquête préliminaire est abusif –les journalistes n'estiment pas avoir porté atteinte à l'intimité de Benalla et Crase qui n'avaient pas le droit de se rencontrer, étant mis en examen– ils ont posé en filigrane la question de l'indépendance du procureur de la République de Paris. Pour rappel, le nouveau titulaire du poste, Rémy Heitz, a été nommé en novembre 2018 par un décret signé par Emmanuel Macron… dont Alexandre Benalla était le conseiller avant son licenciement suite à l'éclatement du scandale.

Les journalistes s'interrogent: y a-t-il eu une plainte d'Alexandre Benalla ou de Vincent Crase entraînant l'ouverture de l'enquête? La question est effectivement majeure: si aucun des deux hommes, pour qui les révélations de Mediapart sont particulièrement embarrassantes, n'a porté plainte, le procureur a-t-il alors pris la responsabilité d'ouvrir une enquête et d'être comptable de facto de l'intimité des deux suspects par qui le scandale est arrivé?

Lire aussi - Affaire Benalla: perquisition chez Mediapart, est-ce légal?

Le contexte a de quoi laisser perplexe en effet: si la démarche n'est pas inédite en France, la perquisition d'un média est un événement particulièrement rare. Si la procédure n'est pas illégale en soi, elle peut être considérée comme abusive par la jurisprudence de l'article 10 de la Convention européenne des droits de l'homme. Celle-ci considère qu'une perquisition dans un organe de presse n'est valide que si la balance entre la protection des sources et la prévention ou répression d'infractions est respectée. Est-ce rvaiment le cas dans la révélation du 31 janvier qui a surtout pour effet de jeter un peu plus le trouble encore sur les soutiens dont aurait bénéficié Alexandre Benalla?

En plus de dix ans d'existence et de nombreux scandales dévoilés, Mediapart, souvent poursuivi en justice, n'avait pourtant jamais été la cible d'une perquisition.

Voir aussi:

Macron à Benalla: "Tu vas les bouffer. T’es plus fort qu’eux" (Mediapart)

Benalla, Crase et le contrat russe: les révélations de Mediapart

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