Présidentielle - Hamon : son ennemi est Le Pen, son principal adversaire Macron
À la peine dans les sondages, il sort l'artillerie lourde. Benoit Hamon était l'invité de L'Emission politique de France 2, jeudi 9. Quatrième à ce stade des études d'opinion, loin, à une dizaine de points, des deux places qualificatives, le candidat du PS désigné fin janvier vit un début de campagne difficile. Empêtré dans l'exercice du rassemblement, fructueux pour EELV mais ayant tourné au tragi-comique avec Mélenchon, l'ancien frondeur est aussi malmené par les légitimistes de son camp, qui lui réclament des preuves d'amour. Et menacent de rejoindre Macron, pour ceux qui ne l'ont déjà fait.
C'est pour arrêter l'hémorragie et enfin s'adresser aux Français plutôt qu'à son camp que Benoît Hamon a décidé de lancer cette semaine une nouvelle séquence. Dans son viseur: Emmanuel Macron (et Marine Le Pen). L'objectif est de faire imprimer à l'opinion sa mue "social-démocrate", tel qu'il s'est revendiqué jeudi soir pour faire ressortir ses différences avec le désormais favori qui séduit de plus en plus dans les rangs du PS. Mais qui, selon Hamon, menace un certain nombre des acquis du quinquennat Hollande "que ce soit la réforme des rythmes scolaires ou le compte pénibilité", a-t-il attaqué jeudi soir. Quant aux assauts réservés à la leader frontiste, ils ont pour but de ressouder un camp en plein délitement face à un ennemi séculaire commun.
Ce second point est un grand classique et la nouveauté est plutôt à chercher du côté du premier. Alors qu'il servait régulièrement du "Emmanuel" à propos de Macron en meeting par exemple, Hamon préfère désormais interpeller son rival par son patronyme, preuve qu'il ne s'agit plus de conserver l'apparence de la camaraderie entre eux mais bien de le désigner comme appartenant au "camp d'en face". Surtout après avoir quitté le gouvernement et participé à mener la fronde ces trois dernières années puis remporté la primaire sur un créneau résolument hostile au bilan de François Hollande, Hamon fini par rentrer dans le rang.
Le frondeur désormais frondé comme l'a astucieusement présenté David Pujadas jeudi soir s'est donc fait tordre le bras par les ténors légitimistes. Appels sévères à la défense du quinquennat par Cazeneuve, Bartolone ou Le Guen, départs de Delanoë ou de Rugy chez En Marche, Le Drian qui serait en passe de franchir le Rubicon... Benoît Hamon se devait de donner des gages. Et s'il a souligné que la "nouvelle génération de ministres" le soutien (de Najat Vallaud-Belkacem à Thierry Mandon) et qu'il a été adoubé par des figures comptant à gauche (Christiane Taubira et Martine Aubry), le pourfendeur de la loi Travail a défendu le bilan Hollande jeudi soir, allant jusqu'à se réclamer de la sociale-démocratie donc.
Un virage encore discret, bien que franc, qui se fait pas à pas pour éviter d'être perçu comme tel, mais qui n'en est pas moins réel. Car après avoir dénoncé une supposée inversion de la hiérarchie des normes par la loi El-Khomri, mesure de nature à favoriser le dialogue social s'il en est, pour lui préférer une loi centrale et toute-puissante, Benoît Hamon passait pour un héraut de la gauche du PS. Une figure de proue aujourd'hui contrainte de se recentrer pour réunir son parti, donc.
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