Prêtre égorgé : les responsables religieux demandent plus de sécurité devant les lieux de culte

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La rédaction de FranceSoir.fr avec AFP
Publié le 27 juillet 2016 - 14:10
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Les responsables religieux à l'Elysée.
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Les responsables religieux ont affiché leur unité ce mercredi face au risque de tensions.
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Au lendemain de l'assassinat du père Jacques Hamel dans son église de Saint-Etienne-du-Rouvray, François Hollande a reçu ce mercredi les représentants des cultes avant de réunir un cinquième Conseil de Défense en moins de 15 jours à l'Elysée. Ils auraient demandé "une plus grande attention" à la sécurité des lieux de culte, une des cibles du groupe djihadiste.

Les responsables religieux ont affiché leur unité ce mercredi 27 face au risque de tensions, au lendemain de l'assassinat d'un prêtre dans son église revendiqué par l'Etat islamique (EI), dont les enquêteurs cherchent toujours à établir l'identité d'un des deux auteurs. L'égorgement du père Jacques Hamel, 86 ans, dans son église de Saint-Etienne-du-Rouvray, près de Rouen, a traumatisé les Français et en particulier la communauté catholique, alors que débutaient en Pologne les Journées mondiales de la jeunesse (JMJ). Un paroissien de 86 ans a aussi été gravement blessé.

Quelques heures après le drame, survenu moins de deux semaines après le carnage de Nice (84 morts), Manuel Valls avait lancé une mise en garde mardi soir, estimant que "l'objectif" de l'attaque de Saint-Etienne-du-Rouvray était de "jeter les Français les uns contre les autres, s'attaquer à une religion pour provoquer une guerre de religions". Mercredi matin, François Hollande a reçu les représentants des cultes avant de réunir un cinquième Conseil de Défense en moins de 15 jours à l'Elysée.

"Nous ne pouvons pas nous laisser entraîner dans le jeu politique de Daech (acronyme de l'organisation Etat islamique, NDLR) qui veut dresser les uns contre les autres les enfants d'une même famille", a déclaré à la sortie de l'Elysée le cardinal André Vingt-Trois, qui célébrera une messe pour les victimes à 18h15 en la cathédrale Notre-Dame de Paris. Aux côtés de Mgr Vingt-Trois, le recteur de la Grande Mosquée de Paris, Dalil Boubakeur, a exprimé mercredi le "deuil profond" et la "sidération" des musulmans et suggéré "une certaine réforme dans les institutions" de l'islam. Selon lui, les représentants religieux ont demandé "une plus grande attention" à la sécurité des lieux de culte, une des cibles du groupe djihadiste.

Les quelque 700 écoles et synagogues juives et plus de 1.000 des 2.500 mosquées sont protégées dans le cadre de l'opération Sentinelle, mais il paraît illusoire d'appliquer un même niveau de sécurité à la totalité des 45.000 églises catholiques, auxquelles s'ajoutent 4.000 temples protestants, dont 2.600 évangéliques, et 150 lieux de culte orthodoxes. L'attentat, revendiqué par l'EI, a été perpétré par deux djihadistes qui ont été abattus. L'un des deux, Adel Kermiche, Français de 19 ans, avait tenté de rallier la Syrie par deux fois en 2015.

Mis en examen dès mars 2015 pour association de malfaiteurs en lien avec une entreprise terroriste, il avait été placé en détention provisoire à l'issue de sa deuxième tentative, puis libéré en mars 2016 et assigné à résidence sous bracelet électronique. Le parquet de Paris avait fait appel de cette libération, sans obtenir gain de cause. L'identification du second assaillant est toujours en cours. Un mineur, algérien, a par ailleurs été placé en garde à vue mais "les premiers éléments qui apparaissent montrent qu'il n'y a pas de liens entre cet individu et ce qui s'est passé", a déclaré mercredi le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve.

Dans un climat politique déjà électrisé par l'attentat de Nice, l'attentat a relancé les critiques de l'opposition contre la politique antiterroriste du gouvernement. Pour l'ex-président Nicolas Sarkozy, la gauche est aujourd'hui "tétanisée" et "se refuse à vraiment faire bouger les lignes de droit pour l'adapter à l'ampleur de la menace", affirme-t-il dans un entretien publié mercredi sur le site du Monde, dans lequel il plaide à nouveau pour "un autre degré de riposte". Le respect de la Constitution n'est pas une "argutie juridique", a répliqué Bernard Cazeneuve sur Europe 1. Dès mardi soir, le président Hollande avait affirmé que "restreindre nos libertés (...) n'apporterait pas d'efficacité à notre lutte contre le terrorisme".

Mardi vers 9h25, les deux assaillants étaient entrés dans l'église en pleine messe et avaient pris six personnes en otages: le prêtre, trois religieuses et un couple de paroissiens. Les djihadistes, qui se sont "enregistrés", ont crié "+Vous, les chrétiens, vous nous supprimez+", et l'un a fait "un peu comme un sermon autour de l'autel en arabe" avant l'assassinat du prêtre, a témoigné sur RMC et France 2 l'une des religieuses, Sœur Danielle, parvenue à s'enfuir et à prévenir la police. Les deux religieuses et la paroissienne sont ensuite sorties, "suivies des deux terroristes, l'un d'eux portant une arme de poing, s'élançant sur les forces de police aux cris d'Allah Akbar", selon le procureur François Molins.

Les policiers de la Brigade de recherche et d'intervention (BRI) de Rouen les ont abattus. A l'unisson de la communauté catholique, sous le choc, le pape François a fustigé "un meurtre barbare" commis dans "un lieu sacré".

 

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