Quatre ans après l'opération Serval, le Mali est toujours dans la tourmente sécuritaire

Auteur(s)
La rédaction de FranceSoir.fr avec AFP
Publié le 11 janvier 2017 - 15:47
Image
Au Mali.
Crédits
©Joe Penney/Reuters
Malgré les opérations Serval et Barkhane, le Mali peine à retrouver une politique sécuritaire efficace.
©Joe Penney/Reuters
Quatre ans après sa visite au Mali tout juste soustrait à la menace djihadiste, le président français François Hollande va pouvoir mesurer, le temps d'un sommet à Bamako, les défis sécuritaires auxquels ce pays reste confronté malgré l'appui militaire de la France et de l'ONU.

Chef des armées et chef de guerre assumé, François Hollande a engagé en quelques heures l'armée française au Mali, le 11 janvier 2013, pour contrer l'offensive djihadiste partie du nord du pays. En trois mois, l'opération Serval, menée tambour battant, a mis en déroute les groupes armés qui avaient pris le contrôle des grandes villes du nord, de Tombouctou à Gao, les traquant jusque dans leurs repaires de l'Adrar des Ifoghas à la frontière algérienne.

Dès le 2 février 2013, François Hollande, accueilli en libérateur à Tombouctou, lançait, comme pour prendre rendez-vous avec l'histoire: "Je vis la journée la plus importante de ma vie politique".

A Paris, diplomates et militaires soulignant le succès de Serval, relèvent que l'armée française a alors fait montre d'une fulgurance et d'une force de frappe dont peu d'armées au monde peuvent se targuer. "Par rapport à décembre 2012, la situation a énormément évolué: le projet d'Aqmi de constituer un califat au Mali a été totalement écarté et les groupes terroristes ne contrôlent plus aucune ville", met ainsi en avant une source diplomatique française à la veille du sommet Afrique-France qui se tiendra vendredi et samedi dans la capitale malienne.

Mais en l'absence de solution politique à la crise malienne et de réponses concrètes à la pauvreté dans la région, la force contreterroriste Barkhane - qui a pris le relais de Serval en août 2014 sur cinq pays du Sahel (Mauritanie, Mali, Tchad, Niger, Burkina Faso)- peine à enrayer les violences.

La Mission de l'ONU au Mali (Minusma), forte de 11.000 hommes, est régulièrement attaquée, tout comme les forces maliennes, au point d'avoir subi en 2016 les pertes les plus lourdes des forces onusiennes en activité. Les soldats de Barkhane ne sont pas non plus épargnés, leurs convois sautant régulièrement sur des mines et engins explosifs improvisés. Quatre soldats français sont morts au Mali en 2016 et 16 depuis le début de Serval.

Une humanitaire française, Sophie Pétronin, a en outre été enlevée le 24 décembre à Gao, à deux pas de la plus grande base de Barkhane au Mali. Les attaques contre les forces armées s'étendent aussi vers le centre du pays et débordent dans les pays voisins, au Niger et Burkina Faso. "Selon moi, l'islamisme n'est pas l'élément fondamental de la crise sahélienne. C'est la +surinfection de la plaie+, qui est une plaie ethno-politique", estime l'historien Bernard Lugan, auteur de l'ouvrage Les Guerres d'Afrique, en citant le conflit non réglé entre Touareg et pouvoir central dans le nord du Mali et les trafics en tous genres du Sahara, qui alimentent l'économie locale mais sont perturbés par Barkhane.

"Nous avons traité la +surinfection+ mais la plaie est toujours là. Si nous ne faisons rien, les islamistes vont reprendre le dessus (…). Si nous intervenons sur les trafics de drogue et autres, nous nous mettons à dos l'économie de survie des populations", renchérit Bernard Lugan.

Les accords de paix de 2015, censés mettre fin aux violences au Mali, tardent aussi à se concrétiser. Le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, s'impatiente régulièrement de la lenteur du président Ibrahim Boubacar Keïta, élu en août 2013, à encourager une meilleure intégration des Touareg, en rébellion permanente contre Bamako.

Sur le terrain, "on constate aussi une forte collusion entre les groupes armés terroristes et certains groupes armés signataires", note une source militaire française au QG de Barkhane à N'djamena. Pour Matthieu Fau-Nougaret, spécialiste de l'Afrique à l'université de Bordeaux, "tant qu'il n'y aura pas de véritable projet de développement, à la fois routier, d'électrification, scolaire, sanitaire au nord du Mali(...), les problèmes demeureront".

Un bilan unanimement partagé et qui laisse présager une présence militaire française durable. "C'est clair qu'on est au Mali pour 10/15 ans", prédit un diplomate français.

 

 

À LIRE AUSSI

Image
Des soldats français.
Mali : les recherches se poursuivent pour retrouver Sophie Pétronin, l'humanitaire française enlevée
Les forces de sécurité maliennes et l'armée française sont mobilisés au Mali pour retrouver Sophie Pétronin, une humanitaire sexagénaire enlevée samedi à Gao. De nombr...
26 décembre 2016 - 09:37
Politique
Image
Au Mali.
Mali : une humanitaire franco-suisse enlevée par des hommes armés à Gao, le Quai d'Orsay confirme
Une ressortissante franco-suisse, Sophie Pétronin, a été enlevée samedi à Gao, dans le nord du Mali, par des hommes armés. L'enlèvement n'a toujours pas été revendiqué...
25 décembre 2016 - 13:07
Politique
Image
Un militaire français de l'opération Barkhane au Mali
Mali : un soldat français tué par une mine
Le militaire du 515e régiment du train de la Braconne, blessé vendredi au Mali dans l'explosion d'une mine, a succombé dans la nuit, a fait savoir l'Elysée ce samedi. ...
05 novembre 2016 - 12:21
Société

L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.

Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement  car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.

Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.

Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.

Je fais un don à France-Soir

Dessin de la semaine

Portrait craché

Image
Castex
Jean Castex, espèce de “couteau suisse” déconfiné, dont l'accent a pu prêter à la bonhomie
PORTRAIT CRACHE - Longtemps dans l’ombre, à l’Elysée et à Matignon, Jean Castex est apparu comme tout droit venu de son Gers natal, à la façon d’un diable sorti de sa ...
13 avril 2024 - 15:36
Politique
Soutenez l'indépendance de FS

Faites un don

Nous n'avons pas pu confirmer votre inscription.
Votre inscription à la Newsletter hebdomadaire de France-Soir est confirmée.

La newsletter France-Soir

En vous inscrivant, vous autorisez France-Soir à vous contacter par e-mail.