Racisme : Taubira attaquée, Hollande et Valls "indignés" et "en colère" la défendent

Après qu'une élue sans étiquette, mais première adjointe du maire UMP, de Juvisy-sur-Orge (Essonne) a invité, sur Facebook, Christiane Taubira à "repartir là-bas" (en Guyane), François Hollande et Manuel Valls ont pris la défense de la ministre de la Justice. Le couple exécutif s'est dit "indigné" par ces "attaques inqualifiables".

Quand le débat politique tourne aux attaques racistes. Lors d'une discussion sur un statut Facebook public et portant sur le bilan de Christiane Taubira, Isabelle Guinot, une élue de Juvisy-sur-Orge, a invité la garde des Sceaux à "retourner là-bas" (en Guyane, dont la ministre est originaire). Le tout au milieu d'échanges aux relents clairement racistes, dénonce Le Parisien qui dévoile les faits.

Le "débat" se déroule samedi 7, sous un lien intitulé "13.000 vols, 2.000 agressions et 200 viols par jour et le vidage des prisons va commencer…" posté sur le réseau social par une habitante de Juvisy. Très vite, les commentaires affluent. Parmi ceux-ci, un premier dérapage incontrôlé juge que Christiane Taubira "partira quand elle tombera de son arbre".

Isabelle Guinot, première adjointe sans étiquette de Juvisy, renchérit ensuite: "c’est pitoyable d’avoir une telle ministre de la Justice. Elle vient de Cayenne, là où il y avait le bagne, qu’elle reparte là-bas vu qu’elle a toujours détesté la France", écrit l'élue. "Elle ne peut pas, elle est coincée dans son perchoir. Il va falloir le secouer très fort le c…!",lui répond un autre internaute.

Inadmissible, pour François Hollande et Manuel Valls. "Propos indignes, scandaleux et désespérants d'une élue de Juvisy", dénonce dès ce mercredi matin (les faits ont été publiés par Le Parisien mardi 10) le Premier ministre sur Twitter, tout en assurant la ministre de la Justice de son soutien. A la sortie du Conseil des ministres ensuite: "je veux dire (mon) indignation, (ma) colère face aux propos racistes, antisémites, homophobes, sexistes qu'on voit se répandre avec une très grande facilité; (mon) indignation et (ma) colère à l'égard des propos vis-à-vis de Christiane Taubira".

Dans la foulée, le président de la République a lui aussi réagi, par la voix de Stéphane Le Foll, le porte-parole du gouvernement. "(Ces) attaques sont inqualifiables (…) à un moment il faut aussi rappeler que dans le débat politique on n'est pas obligé de tomber dans l'irrespect, l'indignité".

Isabelle Guinot n'a pas réagi à ces attaques. Robin Reda, le maire dont elle est la première adjointe, a quant à lui assuré que "sur le fond, le commentaire en lui-même n'est pas raciste", avant de reconnaître que les propos de son élue étaient "agressifs" et "ne devraient pas se trouver dans cette conversation".

"(Je ne réagis) pas à ça, parce que c'est juste lamentable. Ça n'a pas d'importance. C'est surtout fréquent... L'important n'est pas ma personne", a pour sa part répondu Christiane Taubira ce mercredi matin sur RTL, régulièrement ciblée par des attaques racistes. "Le racisme est insupportable et à combattre, d'où qu'il vienne", a-t-elle ajouté, pointant une "UMP qui est en train de retrouver ses vieux démons", selon elle.