Radicalisation : les maires veulent être associés à la prévention

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La rédaction de FranceSoir.fr avec AFP
Publié le 01 juin 2016 - 18:47
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Le site internet Stop Djihadisme.
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©Joël Saget / AFP
Trente-six départements français comptent aujourd'hui des communes impliquées dans les processus publics de prévention de la radicalisation.
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Réunis en congrès à Paris, les maires de France se sont notamment penchés sur le problème de la radicalisation. En première ligne face à ce phénomène, ils demandent à être plus écoutés et mieux informés.

Confrontés aux phénomènes de radicalisation islamiste dans leur commune, les maires veulent être pleinement associés aux dispositifs de prévention et réclament une meilleure coordination avec les services de l'Etat, à l'occasion de leur congrès à Paris.

"Vous êtes l’œil le plus exercé pour détecter ces cas de radicalisation, parce qu'il n'y a pas de meilleurs connaisseurs que vous de votre territoire", a déclaré  Loïc Garnier, chef de l'Unité de coordination de lutte anti-terrorisme (UCLAT), ce mercredi 1er devant plusieurs centaines de maires.

Si les villes sont les plus concernées, le phénomène de radicalisation des jeunes touche l'ensemble du territoire, y compris les zones rurales et les petites communes. Au contact direct de la population, les maires entendent donc être pleinement "acteurs" de la prévention.

Le 19 mai, une convention en ce sens a été signée entre le gouvernement et l'Association des maires de France (AMF) pour renforcer le partenariat entre l'Etat et les communes. Avec une priorité, la formation des élus et leur information. Il s'agit, selon le texte, "d'une part, de diffuser un socle pertinent de connaissance en la matière et, d'autre part, de préciser localement le rôle attendu de chacun pour prévenir la radicalisation et accroître les capacités de détection et de signalement".

Porte de Versailles, les maires ont participé à la mise en œuvre de cette convention et échangé leur expérience avec des représentants de l'Etat.

Premier constat : l'information circule mal. "L'Etat n'a toujours pas compris que ce problème, nous le règlerons ensemble ou nous ne le règlerons pas", tranche François Pupponi, maire (PS) de Sarcelles (Val d'Oise). Il faut, dit-il, "organiser de manière quotidienne la circulation de l'information" entre les élus, les préfets de département, les services de police ou de justice...

Le rôle des maires consiste à signaler les cas de jeunes - pour la plupart - dont le comportement en famille ou en milieu scolaire, les pratiques religieuses, montrent qu'ils sont "en train de basculer". Des informations qui leur remontent le plus souvent par les famille elles-mêmes, par les services de l'Education nationales ou les "capteurs" au sein des services municipaux.

"On semble être un peu plus écoutés qu'auparavant", constate Jacqueline Eustache-Brinio (LR), maire de Saint-Gratien (Val-d'Oise). Avant les attentats meurtriers de 2015, les élus "passaient un peu pour des excités, des extrémistes" quand ils avertissaient sur les risques qu'ils avaient constatés, regrette-t-elle.

Selon le Comité interministériel de prévention de la délinquance et de la radicalisation, 36 départements français comptent aujourd'hui des communes impliquées dans les processus publics de prévention de la radicalisation.

Et les élus attendent des réponses : "qu'est-ce qu'on fait quand on apprend qu'il y a des gens radicalisés sur notre territoire?", "vers qui doit-on se tourner?".

"Nous n'avons pas de retour sur les informations que nous donnons", déplore le maire de Saint-Etienne, Gaël Perdriau (LR). Autre problème: les maires ne sont pas informés des individus "fiché S", surveillés par les services de renseignement, présents sur leur territoire. Il est indispensable qu'ils sachent au moins "le nombre de fiche S dans la commune" pour adapter leur dispositif, fait valoir M. Perdriau.

Face au volontarisme des maires, Patrick Kanner, ministre de la Ville, a salué leur ambition "d'être reconnus à part entière dans les dispositifs existants" et souligné l'augmentation des crédits consacrés à la prévention. "Nous donnerons des consignes aux préfets pour que cette ouverture d'esprit et de pratique soit efficace sur le terrain", a-t-il affirmé.

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