Réforme constitutionnelle : Hollande renonce et accuse la droite

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Pierre Plottu
Publié le 30 mars 2016 - 15:19
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François Hollande lors de sa conférence de presse du 5 février 2015.
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©Philippe Wojazer/Reuters
"L’opposition est hostile à toute révision constitutionnelle", a dénoncé François Hollande, disant "déplore(r) profondément cette attitude".
©Philippe Wojazer/Reuters
Face l'impossibilité de trouver un compromis sur la déchéance de nationalité, François Hollande a annoncé ce mercredi renoncer à la révision de la Constitution annoncée après les attentats. La faute à l'opposition, a-t-il attaqué, disant "déplore(r) cette attitude". Tout en oubliant que sa majorité était également divisée sur le sujet, jusque dans les rangs du PS.

Il a voulu "clore le débat constitutionnel", mais fera certainement couler beaucoup d'encre. Comme pressenti, François Hollande vient d'annoncer, ce mercredi 30 à la mi-journée, qu'il abandonnait la révision de la Constitution qu'il avait annoncée devant le Parlement réuni en Congrès, à Versailles, trois jours après les attentats du 13 novembre.

"Je constate aujourd’hui, quatre mois après, que l’Assemblée et le Sénat ne sont pas parvenus à se mettre d'accord et qu’un compromis parait même hors d’atteinte sur la définition de la déchéance de nationalité pour les terroristes", a entamé le président de la République lors d'une allocution télévisé, soulignant le blocage né de la réécriture du texte par la droite sénatoriale alors qu'il avait été voté par une large partie des députés LR et UDI. "Je constate aussi que l’opposition est hostile à toute révision constitutionnelle, qu’elle porte sur l’état d’urgence ou même l’indépendance de la magistrature".

En conséquence, François Hollande a dit renoncer à la réforme de la Constitution annoncée après les attentats du 13 novembre et fait porter le chapeau à l'opposition. "Je déplore profondément cette attitude, car nous devons tout faire dans les circonstances que nous connaissons pour limiter les divisions et écarter les surenchères", a-t-il dénoncé. Une attaque légitime mais à pondérer puisque de nombreux parlementaires de gauche, et même du PS, étaient également opposés à voter la déchéance de nationalité.

Cette proposition suggérée par la droite et visant à "rassembler les Français", a-t-il souligné, mais réservée aux terroristes binationaux pour respecter les traités internationaux, aura fait naître une longue polémique avant d'être enterrée ce mercredi. Une dernière tentative de conciliation avec les présidents des deux chambres, Claude Bartolone (Assemblée nationale, PS) et Gérard Larcher (Sénat, LR), avait pourtant été tentée encore dans la matinée. Sans succès.

Le chef de l'Etat dit donc adieu à l'ensemble du projet de révision. L'inscription du régime de l'état d'urgence dans la loi ordinaire en modifiant la Constitution, pourtant plutôt consensuel, passe donc également à la trappe. La droite avait ainsi refusé de réunir un Congrès uniquement pour ce motif arguant qu'une "demi-réforme ne fait pas une réforme" (Bruno Retailleau, président du groupe LR au Sénat) ou encore qu'un "Congrès à minima (ne) présente aucune intérêt" (Christian Jacob, patron des députés LR).

François Hollande a pourtant assuré qu'il ne "dévierait" pas de ses engagements pris devant le Parlement et les Français au lendemain des attaques contre Paris et Saint-Denis. Face au "terrorisme islamiste (qui) nous a déclaré la guerre" et qui "exige une réponse nationale", le président a ainsi promis de tout faire "pour assurer la sécurité de notre pays et protéger les Français du terrorisme".

 

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