Régionales : personne ne veut de la fusion droite-gauche prônée par Valls

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Pierre Plottu
Publié le 12 novembre 2015 - 18:27
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Manuel Valls.
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©Lilian Auffret/Sipa
Jean-Christophe Cambadélis rejette toute fusion et a récemment dénoncé les "déclarations extrémistes" des candidats LR en PACA et dans le Nord Christian Estrosi et Xavier Bertrand.
©Lilian Auffret/Sipa
Si Marine Le Pen se frotte les mains, personne d'autre, à droite comme à gauche, ne semble emballé par l'idée de Manuel Valls de fusionner les listes des deux camps entre les deux tours des élections régionales pour faire barrage au FN.

Le Premier ministre met les mains dans le cambouis. La fusion entre la droite et la gauche entre les deux tours des élections régionales pour faire barrage au Front national qu'aurait évoquée en privé Manuel Valls selon plusieurs médias semble faire l'unanimité... contre elle. Au sein de la majorité comme de l'opposition de nombreuses voix se sont ainsi élevées contre cette idée, accusée de faire le jeu de Marine Le Pen. Qui pour sa part se frotte les mains.

C'est dans le Nord-Pas-de-Calais-Picardie, où la chef de file frontiste est donnée gagnante, que le Premier ministre envisage le plus fortement de mettre en place cette fusion, mais pas seulement. "Il faut envisager toutes les possibilités, y compris celle d'une coalition en cas de score très élevé du FN. La question d'un retrait pour la droite comme pour la gauche peut ne pas être suffisante (...) face au FN il faut assumer", voilà le message distillé par l'entourage de Manuel Valls. La crainte du chef du gouvernement: l'hypothèse d'un "FN tellement haut qu’un simple retrait d’une ou l’autre des listes ne suffirait pas", poursuit-on de même source.

Pour limiter le risque d'une démobilisation du camp qui se désisterait, la solution serait ainsi, selon Manuel Valls, de fusionner les listes. "Impossible", lui répondent en substance les membres de son propre camp à qui certaines têtes de listes LR donnent des boutons. "Quand vous entendez quelqu’un comme Estrosi (candidat en PACA, NDLR), vous vous demandez s’il n’est pas au Front national", a récemment déclaré sur France info Jean-Christophe Cambadélis. "Les positions développées par ce dernier sont pires que celles de Marion Maréchal-Le Pen (tête de liste FN en PACA) qui n’a même pas besoin d’être extrémiste sur la question des réfugiés et des migrants".

"Les déclarations extrémistes de Christian Estrosi et de Xavier Bertrand (tête de liste dans la grande région Nord) sur les réfugiés empêchent désormais le front républicain", a depuis tranché le patron du PS. Alors de là à lui faire accepter une fusion... D'autant que les principaux intéressés n'en veulent "même pas en rêve", a répondu ce jeudi matin sur RTL Gérald Darmanin, porte-parole de Xavier Bertrand.

Plutôt que de faire accepter une fusion à des partis qui ne veulent même pas s'entendre, Manuel Valls voudrait en fait de rejeter la faute de la victoire du FN sur LR. Le Canard enchaîné rapportait récemment que Nicolas Sarkozy, qui a été embarrassé par son rejet du front républicain lors de la législative partielle dans le Doubs, début 2015, se réjouissait ainsi d'avoir refilé le "mistigri" à la gauche. Le Premier ministre chercherait donc que ce soit la droite qui refuse son idée de grande coalition. Et donc apparaisse comme responsable.

Le Front national, lui, se frotte les mains. "C'est l'UMPS décomplexé. Les électeurs de droite et de gauche vont s'apercevoir que leur bataille n'était qu'une vaste comédie", martelait ainsi dès ce jeudi matin Marine Le Pen sur le marché de Somain, dans le Nord, selon Libération. Le rêve de la patronne du FN? La fin du (jeune) tripartisme et l'avènement d'une opposition entre "mondialistes" et "patriotes". Deux camps que Manuel Valls évoque depuis des mois lui aussi, mais en parlant de "blocs": les "progressistes" contre les "réactionnaires".

 

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