Régionales : Sarkozy repart en campagne et veut prendre de la hauteur
Nicolas Sarkozy est reparti en campagne pour les régionales mercredi 25 au soir en Alsace, où il s'est efforcé de prendre de la hauteur, affirmant qu'après les attentats du 13 novembre, le temps n'était "pas aux arrière-pensées et aux manœuvres" politiciennes.
Le président LR, qui avait très vivement critiqué l'exécutif juste après les attentats, animait son premier meeting depuis les sanglants événements, à Schiltigheim (Bas-Rhin), en soutien à Philippe Richert, actuel président d'Alsace, la seule région dirigée par la droite, et candidat à la présidence du Grand-Est (Alsace-Lorraine-Champagne-Ardenne).
Au début de son discours, où l'on reconnaissait la patte d'Henri Guaino, son ancien "conseiller spécial" à l'Elysée qui était dans l'assistance, l'ex-chef de l'Etat a fait respecter par les quelque 2.000 personnes présentes, selon les organisateurs, une minute de silence pour les victimes des attentats de Paris et du Stade de France (130 morts, plus de 350 blessés).
"Nous ne servirons pas la France en mettant la démocratie entre parenthèses, chacun doit s'imposer un effort, sur lui-même", a affirmé M. Sarkozy. "Le temps n’est pas aux arrière-pensées, aux calculs, aux manœuvres. Il y a trop de douleurs pour penser aux manœuvres. Restons au-dessus".
Partisan de la "solidarité" avec le gouvernement après les attentats -terme qu'il préfère à "l'unité nationale" prônée par Alain Juppé, son concurrent à la primaire pour 2017- Nicolas Sarkozy a rappelé qu'il approuvait l'état d'urgence décrétée par le président François Hollande. "J’approuve la déchéance de nationalité pour les binationaux (...) j’approuve les pouvoirs exceptionnels (...) pour débusquer les assassins, ceux qui les manipulent, ceux qui les arment", a-t-il lancé, tout en disant vouloir conserver son rôle d'"opposant".
"Je veux dire avec gravité que nous avons déjà trop attendu pour mettre en place l’état d’urgence, trop attendu pour donner à la police et à la gendarmerie les moyens de démanteler les trafics d’armes de guerre, pour entraver la libre-circulation des terroristes (...) Trop attendu pour tirer dans tant de domaines les leçons des attentats du mois de janvier", a affirmé M. Sarkozy. "Ces attentats auraient dû nous conduire à agir plus tôt", a-t-il martelé.
Cependant, si "la réponse au terrorisme est d’abord sécuritaire -et le gouvernement de ce point de vue s’est engagé dans la bonne direction- s’en contenter serait une grave erreur car dans ce combat nos faiblesses ne sont pas que sécuritaires. Il y a tant de domaines où la République a trop reculé", a-t-il regretté. "Elle ne peut plus à l’avenir se le permettre. Ceux qui nous frappent, savent que nous sommes vulnérables. Ils savent que la société française, que les sociétés européennes, occidentales sont fragiles parce qu’un profond malaise les étreint", a-t-il également mis en garde, puis de lister: "ce malaise est dans l’école, dans la culture, dans la justice, dans l’économie, dans la politique…".
"La politique de la table rase a fini par mettre en danger la démocratie elle-même et par détruire chaque jour un peu plus notre modèle républicain", a-t-il souligné, mettant notamment en cause "le communautarisme".
Le président LR avait demandé à ses troupes de se montrer offensives et critiques contre François Hollande et le gouvernement dès le lendemain des attentats, comme par exemple lors de la très houleuse séance de questions au gouvernement à l'Assemblée nationale le 17 novembre. Une ligne critiquée jusque dans ses propres rangs et qui l'a donc mené au revirement illustré par le discours de mercredi soir.
"C'est un moment très difficile pour l'opposition. Nous ne sommes pas audibles. Ça s'annonce d'autant plus difficile que Hollande a repris 80% de nos propositions sur la sécurité", aurait-il ainsi confié à son entourage le week-end dernier, selon Le Canard enchaîné. Nicolas Sarkozy anticiperait ainsi un "très mauvais résultat" de son camp aux élections régionales: "nous sommes pris en sandwich entre un FN dopé par les attentats et une gauche remobilisée par l'union nationale et l'attitude guerrière de son chef".
A en croire Le Canard enchaîné, le patron LR redouterait ainsi un scénario avec trois régions remportées par le FN (PACA, le Nord et l'Alsace), quatre à cinq par la gauche (Bretagne, Ile-de-France, Rhône-Alpes, Midi-Pyrénées et Aquitaine) et seulement cinq à six pour son camp, parmi celles restantes (Normandie, Bourgogne, Centre, Pays de la Loire, Auvergne et Corse). Soit tout sauf la vague bleue annoncée il y a encore quelques semaines.
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