Remaniement : qui pour remplacer Hulot ?

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Pierre Plottu
Publié le 28 août 2018 - 18:07
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Emmanuel Macron le 17 août 2018 à Bormes-les-Mimosas
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© Yann COATSALIOU / AFP
La nomination du remplaçant de Nicolas Hulot promet d'être un casse-tête pour Emmanuel Macron.
© Yann COATSALIOU / AFP
Le départ de Nicolas Hulot fragilise Emmanuel Macron et Edouard Philippe, d'autant que le désormais ex-ministre de la Transition écologique n'a pas mâché ses mots en annonçant son départ. Mais il provoque aussi une certaine incertitude car le couple exécutif va désormais devoir lui trouver un remplaçant capable de porter le combat écologique, d'un poids politique suffisant et, enfin, qui soit partant...

C'était la tête de gondole du gouvernement, sa caution grand public et son membre le plus populaire. Le départ de Nicolas Hulot, outre le fracas de la manière, entraîne un séisme politique: qui pour le remplacer et prendre la tête du super ministère de l'écologie que lui avaient taillé sur mesure Emmanuel Macron et Edouard Philippe, le tout en conservant l'équilibre politique du gouvernement?

A ce stade, l'Elysée et Matignon n'ont pris la parole que pour saluer le "travail accompli" par le démissionnaire et réaffirmer que "la détermination reste totale pour poursuivre dans la même direction et avec le même niveau d'ambition". Une réponse nette aux attaques de Hulot, qui a dénoncé son manque de moyens et l'insuffisance des "petits pas" accomplis.

Une manière aussi de tenter de circonscrire l'incendie en minimisant la portée de ce départ, que le président et le Premier ministre ont découvert en direct à la radio comme tout le monde. Pour résumer: Nicolas Hulot a été un bon ministre mais il n'avait peut-être pas les épaules pour supporter le gouffre qui sépare la position d'un militant qui appelle à faire de celle du responsable qui doit mettre en œuvre. Gageons qu'à l'avenir Hulot prendra la parole pour en dire un peu plus sur sa vérité.

Lire: Hulot démissionne et dénonce "la présence des lobbies dans les cercles du pouvoir"

En attendant, le couple exécutif doit d'urgence trouver un remplaçant. Et si les rumeurs de démission de Hulot s'enchaînent depuis son entrée en fonction en mai dernier, il semble que Macron et Philippe n'ait pourtant pas préparé sa succession.

Une certaine logique voudrait ainsi que Brune Poirson et Sébastien Lecornu, les deux "Secrétaires d'Etat auprès du ministre de la Transition écologique et solidaire" soient en pole position pour prendre la relève de leur ancien ministre de tutelle. Voire même la ministre des Transports, Elisabeth Borne qui, officiellement, "assistait" Nicolas Hulot.

Sauf que le manque de poids politique et médiatique des trois précités semble un frein de nature à empêcher leur nomination au poste de numéro trois du gouvernement. A moins de déconstruire le "super ministère" de l'écologie, ce qui serait un signal pour le moins négatif envoyé par Emmanuel Macron, qui dit vouloir faire de la lutte contre le changement climatique une des priorités de son quinquennat.

Le président est ainsi à la recherche d'un poids lourd politique, expérimenté dans le domaine et "Macron-compatible". Une gageure, car peu d'écolos de premier plan ont finalement rallié En Marche. Certes, Barbara Pompili (présidente de la commission Développement durable à l'Assemblée) ou François de Rugy correspondent plus ou moins. La première est toutefois pénalisée par le double handicap d'être elle aussi plutôt discrète médiatiquement et d'avoir été ministre de François Hollande. Le recyclage a ses limites. Le second est pour sa part solidement accroché au perchoir de la même Assemblée, poste prestigieux s'il en est et infiniment plus stable et confortable qu'un maroquin aussi sensible... Son transfert aurait toutefois l'avantage de permettre la promotion de Richard Ferrand, macroniste du premier cercle auquel le poste de "simple" patron des députés de la majorité ne semble pas suffire. Mais Ferrand est aussi à l'origine d'un des premiers scandales du quinquennat et avait dû démissionner 1 mois et 2 jours seulement après sa nomination.

Reste la possibilité de propulser un technocrate issu de la société civile, la marque de fabrique d'Emmanuel Macron (Blanquer, Pénicaud...). L'avantage: choisir un "bon petit soldat" qui fera moins de vagues que Nicolas Hulot et digèrera plus discrètement les arbitrages défavorables. L'inconvénient: cela acterait le manque d'ambition de l'exécutif dénoncé ce mardi matin par Nicolas Hulot quand il a dénoncé le manque de volonté des autres ministères à l'aider dans son combat. Une question de rapport de force hautement politique, donc.

Enfin certains évoquent des pistes moins probables, comme la nomination de Ségolène Royal, Pascal Canfin ou même de Daniel Cohn-Bendit. Des vrais poids lourds politiques, mais qui ne font pas tout à fait nouveau monde. Et qu'il faudra de toute façon convaincre de d'embarquer à bord du "HMS président des riches".

Et l'hypothèse d'un remaniement plus large? Elle est elle aussi sur la table, d'autant que Macron n'a pas encore utilisé ce "fusil à un coup" de nature à relancer son quinquennat. Est-ce le moment? Cela pourrait permettre par exemple d'exfiltrer Françoise Nyssen -fragilisée notamment par le scandale des travaux au siège de sa maison d'édition, Actes Sud-, de redonner un profil plus politique au gouvernement et voire même de répondre à la demande d'un coup de barre à gauche qui se fait entendre jusque dans les rangs de la majorité.

Voir: Vers un remaniement? Des députés LREM veulent des ministres "plus à gauche"

Quoi qu'il en soit, il faudra patienter un peu puisque l'Elysée a confirmé qu'il y aura bien un remaniement, mais "pas dans l'immédiat". Des proches du président ont même fait savoir qu'il n'est pas nécessaire que Hulot soit remplacé avant le conseil des ministres de vendredi. L'exécutif veut semble-t-il se laisser du temps pour envisager toutes les possibilités.

Lire aussi:

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