Sanabil, l'association d'aide aux détenus musulmans, conteste sa dissolution

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La rédaction de FranceSoir.fr avec AFP
Publié le 23 décembre 2016 - 09:33
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Le Conseil d'Etat
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Le Conseil d'Etat se prononcera ce vendredi.
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L'association Sanabil, qui oeuvre officiellement au soutien de détenus musulmans, a été dissoute en novembre pour ses liens présumés avec l'islam radical. Elle conteste cette interprétation devant le Conseil d'Etat. Réponse ce vendredi.

Une "dissolution salutaire" pour les autorités, une "erreur politique" pour son avocat: Sanabil, une association d'aide aux détenus musulmans dissoute en novembre pour ses liens présumés avec l'islamisme radical, a plaidé sa cause jeudi 22 devant le Conseil d'Etat.

Saisie en urgence par l'association pour réclamer la suspension du décret présidentiel du 24 novembre sur sa dissolution, la plus haute juridiction administrative rendra sa décision vendredi après-midi.

Pour les autorités, Sanabil, "les épis" en arabe, est au coeur de la nébuleuse jihadiste. Cette association, créée en 2010 et basée en Seine-et-Marne, est apparue dans plusieurs dossiers terroristes, dont l'enquête sur les attentats du 13 novembre 2015, qui ont fait 130 morts à Paris et aux abords du Stade de France.

La représentante du ministère de l'Intérieur, Pascale Léglise, égrène la liste "interminable" des jihadistes qui ont eu "directement ou indirectement" des liens avec l'association: Amédy Coulibaly, le tueur de l'hyper Cacher, qui a "participé à un pique-nique organisé par Sanabil", Larossi Abballa, le tueur du couple de policiers de Magnanville, a "écrit des lettres" pour les détenus, ou encore les frères Clain, identifiés dans le message du groupe Etat islamique revendiquant les attentats de novembre.

"Des listes destinées à faire peur mais qui ne font en rien la démonstration que Sanabil a créé une sorte de réseau de communication entre détenus jihadistes, ni qu'elle cherchait à radicaliser les plus faibles", a réagi son avocat Bruno Vinay.

L'association, dont le président Antho Bolamba-Digbo est assigné à résidence depuis un an, a donc attaqué la dissolution, fondée sur un article du code de la sécurité intérieure sur les associations incitant "à la haine ou à la violence", ou dont les agissements sont susceptibles de "provoquer des actes terroristes".

A l'audience, Antho Bolamba dénonce une "décision injuste", affirme que son association ne fait qu'apporter un soutien aux détenus musulmans, "s'occupe des courriers", donne des corans ou "un peu d'argent aux plus indigents".

Me Vinay s'étonne qu'une association "dans le viseur des services de renseignement depuis de années" comme l'a rappelé le ministère, n'ait été fermée qu'en novembre 2016. "C'est qu'il n'y avait rien à lui reprocher", a-t-il affirmé, s'attachant par ailleurs à relever des "erreurs factuelles" dans les 53 pages de "notes blanches" des renseignements sur l'organigramme de l'association ou les trajectoires de ses membres.

Pour le ministère de l'Intérieur, ce sont les derniers renseignements, datant de novembre, qui ont été décisifs, démontrant "un soutien actif aux détenus en lien avec le terrorisme".

"Quand vous organisez un pique-nique qui va permettre la starification de quelqu'un comme Sabri Essid (proche de Mohamed Merah et qui a rejoint l'EI en zone irako-syrienne), quand vous ne condamnez jamais rien, c'est que vous adhérez", dit Mme Léglise.

A l'époque, rétorque Antho Bolamba, "Essid n'était pas connu comme jihadiste, il est venu me voir pour témoigner de sa vie en prison, c'est tout".

- "Et le pique-nique où il y avait Coulibaly?"

- "Mais, il y avait aussi ma mère, on était 200..."

- "Les personnes qui participent à ces piques-niques, ce n'est pas parce que les chips sont meilleures qu'ailleurs, c'est parce qu'elles savent que Sanabil soutient leur action, qu'on y met en relation des gens, au sein de la mouvance jihadiste".

"Si on se limite à dire qu'il y a un soutien au terrorisme parce qu'on a mis en relation des personnes, j'encourage (le gouvernement) à interdire facebook et twitter", a réagi Me Vinay.

Pour l'avocat, "la dissolution de Sanabil n'est pas seulement une erreur juridique, c'est une erreur politique": "c'est abandonner plus de 700 détenus soutenus depuis des années par l'association et qui vont être renforcés dans leur isolement et peut-être leur radicalisation".

 

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