SNCF : "un avenir sacrifié" par l'immobilisme selon une cadre de l'entreprise

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Damien Durand
Publié le 03 juin 2016 - 19:37
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Des grévistes de la CGT Cheminots le 1er juin 2016
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©Jeff Pachoud/AFP
Les cheminots grévistes sont fermement opposés à une flexibilisation de leurs horaires de travail.
©Jeff Pachoud/AFP
Les grévistes de la SNCF s'opposent notamment aux changements dans l'organisation du travail des cheminots. Un immobilisme dangereux pour l'avenir selon une partie de l'encadrement.

Un sentiment de gâchis. C’est le ressenti d’une partie des cadres de la SNCF après la prise de position du gouvernement qui se montre conciliant avec les revendications des cheminots en grève sur l’organisation du temps de travail. Matignon a en effet accepté d'enterrer la réforme du rail pour le retour à l’ensemble des acquis des cheminots de l’ancien cadre social, appelé le "RH077".

En clair, il n’y aura pas plus de flexibilité dans les horaires de travail des agents "sous statut", court-circuitant ainsi le travail fait par une partie des partenaires sociaux pour préparer l’ouverture du marché à la concurrence. Les premiers appels d’offres seront en effet lancés dans les régions fin 2017.

Une cadre de direction parisienne de la compagnie de transport, qui souhaite rester anonyme, explique à France Soir que "le gouvernement a brusquement décidé de reprendre en main la négociation sur l’organisation du travail dans l’entreprise, dans un contexte de risque de blocages à quelques mois de l’Euro". "Nous avons travaillé depuis des mois pour une meilleure harmonisation avec le code du travail. Résultat, c’est l’avenir de la SNCF qui est sacrifié à l’horizon de cinq ou dix ans pour satisfaire le court terme", déplore-t-elle.

Car les cadres l’assurent, c’est bien la pérennité de l’entreprise qui est menacée. En cause, une absence de flexibilité du travail qui creuse l’écart concurrentiel entre le transporteur et ses futurs concurrents qui pourraient bien lui tailler des croupières sur le marché du transport ferroviaire régional. "La SNCF est très bonne sur le plan technique, mais le code des marchés publics inclut évidemment une dimension financière très importante dans les appels d’offre. Et nous ne sommes pas compétitifs, loin de là. Le risque est donc de voir la SNCF perdre les marchés des régions (pour l’exploitation des TER, NDLR). C’est une perspective qui nous désole, nous les cadres. Nous sommes très attachés à la qualité du service et à une exploitation qui ne soit pas mercantile. Or, les concurrents, eux, sont dans une approche mercantile. Les voyageurs vont beaucoup y perdre en qualité et en sécurité". Et cette cadre l’assure, cette vision "service public" ne trouve aucun écho, d’après elle, auprès des syndicats les plus contestataires lors des négociations: "Ces organisations syndicales ont dans la tête un calendrier électoral. Il n’y a pas d’enjeux propres à l’entreprise pour elles".

Pour essayer d’alerter l’opinion publique et interpeler le gouvernement, des cadres de la SNCF ont lancé sur le site Change.org une pétition en ligne, rappelant les risques pour l’entreprise de garder, selon eux, des coûts salariaux 20% supérieurs à la concurrence. Mise en ligne le 1er juin, elle n’a que péniblement dépassé les 2.000 signatures le 3 juin au soir. Difficile pour les cadres de se faire entendre d’un grand public apparemment plus inquiet des grèves que de l’arrivée prochaine de nouveaux opérateurs ferroviaires. 

 

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