Sur TF1, Macron a-t-il convaincu ?
Oui, mais non. Emmanuel Macron a dit entendre la grogne, mais ne cèdera rien aux mécontents de sa politique: voilà en substance le message qu'il a fait passer jeudi 12 au 13H de TF1. Cet exercice au cours duquel il a tenté d'allier à la "pédagogie" de son action la "fermeté" de son positionnement, a-t-il convaincu?
Du côté de la presse, les éditoriaux soulignent le "côté maître d'école" (le titre du Parisien) qu'avait Emmanuel Macron face à Jean-Pierre Pernaut, ainsi que sa fermeté affichée. "Calé sur ses rails, le chef de l’État ne cédera rien aux cheminots en grève pas plus qu’aux retraités ponctionnés par la CSG", analyse ainsi Denis Daumin dans La Nouvelle République du Centre ouest.
Un "président qui fait non, non, non, non, non...", ose Libération, à l'image de la majorité des journaux classés à gauche qui pointent l'absence de main tendue face à la grogne sociale.
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Comme une illustration du récent sondage dont il ressort que le parti d'Emmanuel Macron, LREM, est désormais considéré "de droite" par une majorité de Français, les éditorialistes classés de ce côté de l'échiquier politique affichent pour leur part leur satisfaction, même mesurée, après l'intervention du président. Le Figaro a vu ainsi jeudi un "professeur Macron, pédagogue, méthodique et précis, (qui) avait à cœur de montrer aux Français la justesse et la pertinence des réformes entreprises depuis le début de son quinquennat". Et louent la "fermeté" d'un chef de l'Etat qui "a tenu bon" (L'Opinion) et "ne veut pas céder un pouce sur les réformes" (Les Echos).
L'opposition, de gauche comme droite, a quasi-unanimement dénoncé un "exercice d'autosatisfaction" du "président des riches". Le nouveau patron du PS Olivier Faure a déploré un chef de l'Etat qui "parle beaucoup, n'entend pas beaucoup et, en réalité, fait ce qu'il veut seul". Exception dans ce concert de piques: la droite "En Marche-compatible" d'Agir, qui a salué sur Twitter une "très bonne interview sans concessions" et loué la "détermination" d'Emmanuel Macron. Et en même temps, "on reste sur sa faim sur beaucoup de sujets", tempère dans le même temps Frédéric Lefebvre, délégué national du parti.
Les Français étaient 6,4 millions devant leur poste ou sur Internet devant TF1 jeudi midi -un record-, preuve de l'intérêt pour la parole présidentielle. Ont-ils été convaincus? Difficile à dire car sondage n'a été publié à ce stade, ce vendredi matin, mais La Dépêche, par exemple, a interrogé des auditeurs de l'émission.
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Des Français qui paraissent désabusé ("Il n'arrête pas de répéter qu'il fait ce qu'il dit. Mais ce n'est pas ça le problème!", dit l'un d'eux), et ont surtout le sentiment d'avoir vu "un pro de la communication" à l'œuvre. "Il fait ça très bien et sait convaincre les gens. Mais au niveau des actes, en tant qu'habitant d'une commune rurale, on se sent lésé. Il n'a pas été plus en profondeur sur les déserts médicaux, les agences de poste qui ferment, les écoles. Il y a des communes où le facteur ne passe plus car ce n'est pas rentable, c'est honteux. Pour renouveler ses papiers d'identité on sera bientôt obligés d'aller dans de grandes villes", déplore Jérémy, 30 ans.
Olivier, 46 ans, qui a "voté Mélenchon au premier tour de la présidentielle et Macron au second" était impatient d'entendre le président, notamment sur la SNCF. Il a pour sa part été satisfait. Emmanuel Macron a été, selon lui, "ultra-pédagogue, motivé et motivant" et, surtout, "a une vision à 50 ans" pour le pays. Pour autant, Olivier reste lui aussi légèrement sur sa faim sur la partie sociale du discours du président: "s'il y a un jour redistribution, j'espère qu'il n'oubliera pas les personnes les moins aisées, je pense aux retraités, aux chômeurs, aux jeunes…".
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