Amnesty International dénonce les tactiques militaires ukrainiennes qui menacent les civils

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FranceSoir
Publié le 08 août 2022 - 14:30
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Amnesty International dénonce les tactiques militaires ukrainiennes envers les civils
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BULENT KILIC / AFP
"Je ne comprends pas pourquoi notre armée tire depuis les villes et non depuis la campagne", a confié Mykola, un habitant du Donbass, à Amnesty International.
BULENT KILIC / AFP

Le 4 août, l'ONG Amnesty International a publié un rapport dans lequel sont dénoncées les tactiques de combat utilisées par l’Ukraine qui violent le droit humanitaire et mettent en danger les civils. Sans surprise, ce rapport a suscité la fureur de Zelensky, qui a accusé l'ONG de "tenter d’amnistier l’État terroriste" de Russie. De son côté, dimanche, Amnesty International a déclaré assumer pleinement ses conclusions, indiquant toutefois "regretter le désarroi et la colère" causés par ces informations.

Des bases militaires installées dans les zones civiles

Le 4 août, dans un rapport publié au terme d'une enquête de quatre mois, l'ONG Amnesty International a rapporté que "les forces ukrainiennes mettent en danger la population civile en établissant des bases et en utilisant des systèmes d’armement dans des zones résidentielles habitées, notamment des écoles et des hôpitaux". L’ONG souligne que ces tactiques de combat "transforment des biens de caractère civil en cibles militaires".

Le rapport va encore plus loin. L’enquête établie par l’ONG indique que l’armée ukrainienne "s’est installée dans des structures civiles dans des zones résidentielles" mais "n’a ni demandé aux civils d’évacuer les bâtiments environnants, ni aidé les civils à les évacuer". Les militaires ukrainiens n’ont pris aucune mesure nécessaire qui permettrait de protéger la population civile.

D’autre part, plusieurs témoignages viennent attester des activités militaires depuis les zones d’habitations civiles. "Je ne comprends pas pourquoi notre armée tire depuis les villes et non depuis la campagne", a confié Mykola, un habitant du Donbass, aux enquêteurs. Le rapport précise également que les militaires ukrainiens utilisent des immeubles situés à quelques pas des civils pour "procéder à des tirs d’artillerie".

Mais, les habitations civiles ne sont pas les seules à notifier la présence de soldats ukrainiens.

Des hôpitaux et des écoles utilisés à des fins militaires

Selon les enquêteurs d’Amnesty International, les hôpitaux sont aussi utilisés comme bases militaires par les forces ukrainiennes. Pour l’ONG, "l’utilisation d’hôpitaux à des fins militaires constitue une violation évidente du droit international humanitaire".

Si la plupart des écoles ont été temporairement fermées depuis le début du conflit, le rapport affirme que "l’armée ukrainienne installe régulièrement des bases dans des écoles dans les villes et les villages du Donbass et de la région de Mykolaïv".

Si le droit international humanitaire n’interdit pas aux parties belligérantes de se baser dans des écoles en dehors des périodes scolaires, celui-ci précise que les forces armées "ont l’obligation d’éviter d’utiliser les écoles situées à proximité de maisons ou d’immeubles d’habitation remplis de civils". En cas de nécessité militaire absolue, les militaires doivent être tenus d’avertir et d’évacuer les civils des lieux à risque.

Pour rappel, l’article 52 des deux traités de 1977 relatifs à la protection des victimes des conflits armés, complémentaires à la Convention de Genève, précise : "En cas de doute, un bien qui est normalement affecté à un usage civil, tel qu’un lieu de culte, une maison, un autre type d’habitation ou une école, est présumé ne pas être utilisé en vue d’apporter une contribution effective à l’action militaire".

Si le respect du droit international humanitaire est remis en cause par Amnesty International, Kiev a immédiatement réagi.

Un rapport qui sert "la propagande russe" ?

Ces déclarations ont provoqué la colère de Kiev. Le président Volodymyr Zelensky a accusé l’ONG de "tenter d'amnistier l'État terroriste" en mettant "la victime et l'agresseur d'une certaine manière sur un pied d'égalité". L’enquête a également provoqué la démission de la responsable d’Amnesty International en Ukraine, Oksana Pokaltchouk, qui a reproché au rapport d’avoir sans le vouloir servi à "la propagande russe".

Face au retour de flammes suscité par son enquête, l'organisation a réaffirmé dimanche 7 août assumer pleinement les conclusions de son rapport, déplorant toutefois "la douleur causée": "Amnesty international regrette profondément le désarroi et la colère que notre communiqué de presse sur les tactiques de combat dans l'armée ukrainienne a provoqué", a déclaré l’ONG. Et de poursuivre : "Si nous maintenons pleinement nos conclusions, nous regrettons la douleur causée".

Bien que, "rien de ce qui a été documenté sur les agissements des forces ukrainiennes ne justifie en aucune façon les violations commises par les Russes", Amnesty International maintient tout de même que "la Russie est seule responsable des violations qu'elle a commises contre les civils ukrainiens".

Des propos qui avaient été une première fois tenus par l'ONG le vendredi 5 août : "Nous maintenons pleinement nos conclusions", avait déclaré la secrétaire générale de l'ONG, Agnès Callamard, à l'AFP par courrier électronique, mettant l'accent sur le fait qu'elles étaient "fondées sur des preuves obtenues lors d'investigations de grande ampleur" et déplorant la colère de Kiev "qui risque de paralyser une discussion légitime et importante de ces questions" de protection des civils. Elle ajoutait que les demandes de commentaires adressées au gouvernement ukrainien avant la publication de ce rapport étaient restées lettre morte.

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