Arabie saoudite : déficit budgétaire, austérité et hausse des prix en 2016

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La rédaction de FranceSoir.fr avec AFP
Publié le 29 décembre 2015 - 08:13
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Salmane Al Saoud le 21 mai 2014.
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©Hadj/Meigneux/Niviere/Villard/Al
Les mesures d'austérité entreront en vigueur dès 2016 en Arabie saoudite, a décidé le roi Salmane.
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Très dépendante du pétrole, l'Arabie saoudite a subi de plein fouet la baisse du cours du brut, divisé par trois en à peine un an. Le pays habitué à l'opulence grâce à l'or noir affiche désormais un déficit de son budget et prévoit des mesures d'austérité dès 2016.

Confrontée à la chute des cours du pétrole, l'Arabie saoudite a adopté lundi 28 son budget 2016 avec un déficit prévu de près de 80 milliards d'euros et des mesures d'austérité incluant des augmentations de plus de 50% du prix de l'essence.

Première économie arabe et premier exportateur mondial de pétrole, le royaume saoudien a aussi annoncé avoir enregistré en 2015 un déficit budgétaire record de 89,2 milliards d'euros, sous l'effet d'une baisse de plus de 60% des prix du brut depuis l'été 2014. Des analystes estiment que Ryad, chef de file de l'Organisation des pays producteurs de pétrole (Opep), est en partie responsable de cette dégringolade des cours en raison de son insistance à défendre ses parts de marché plutôt que les prix.

En présentant le budget 2016, le ministère des Finances a précisé que le gouvernement allait "reconsidérer" les prix de l'électricité, de l'eau et des produits pétroliers, largement subventionnés, dans le cadre de mesures d'austérité pour faire face à la chute des revenus pétroliers. Peu après, à l'issue d'un Conseil des ministres présidé par le roi Salmane, les premières annonces sont tombées: 50% d'augmentation du prix de l'essence sans plomb 95, à 0,90 riyal (0,21 euro) le litre, et 67% pour l'essence 91, à 0,75 riyal (0,18 euro) le litre. Des hausses qui entrent en vigueur dès mardi.

L’Arabie saoudite emboîte le pas aux Emirats arabes unis, devenus cette année la première des pétromonarchies du Golfe à libéraliser les prix du carburant. Parmi les autres monarchies du Conseil de coopération du Golfe (CCG), le Koweït aussi a levé les subventions sur le diesel et le kérosène et envisage maintenant d'autres réductions pour l'électricité et l'essence. Et Bahreïn a suivi l'exemple lundi en annonçant une réduction des subventions sur le diesel et le kérosène à partir de janvier 2016.

Le marché de l'or noir est récemment tombé à ses plus bas niveaux depuis 2004 à Londres et 2009 à New York, avec les préoccupations sur la surabondance qui ont déprimé le marché pétrolier toute l'année. Lundi, les cours du pétrole se repliaient à l'ouverture à New York, le cours du baril de "light sweet crude" pour livraison en février perdait 89 cents à 37,21 dollars sur le New York Mercantile Exchange.

Malgré la chute des cours du brut, le gouvernement saoudien a maintenu en 2015 un niveau élevé de dépenses, ce qui l'a amené à puiser dans ses réserves en devises, accumulées durant les années où le prix du pétrole était élevé. Cette année, les revenus ont atteint 608 milliards de riyals (147,5 milliards d'euros), bien en-dessous des projections et des revenus de 2014, et les dépenses 975 milliards de riyals (236,6 milliards d'euros). Ce déficit de près de 90 milliards d'euros marque un record dans l'histoire du royaume mais est moins élevé que prévu. Le Fonds monétaire international (FMI) tablait sur un déficit de plus de 110 milliards d'euros.

Sous l'effet des cours bas, la part des revenus pétroliers dans le budget a chuté à 73% en 2015, alors que les revenus non-pétroliers ont bondi de près de 30%. En 2016, les revenus de l'Arabie saoudite devraient être de 513,8 milliards de riyals (124,8 milliards d'euros), au plus bas depuis 2009, a indiqué le ministère des Finances qui prévoit un taux de croissance de 3,35%.

Selon le ministère, les dépenses publiques devraient s'élever à 840 milliards de riyals (204,1 milliards d'euros) et incluent pour la première fois une enveloppe spéciale de 44,7 milliards d'euros afin de soutenir le budget en cas de nouvelle baisse des revenus. Plus de 25% du budget 2016 sont par ailleurs consacrés aux dépenses militaires et de sécurité du royaume, de plus en plus engagé dans des conflits au Moyen-Orient, en premier lieu au Yémen voisin.

Ryad entend par ailleurs augmenter les taxes sur les services, imposer de nouvelles taxes et finaliser les "dispositions nécessaires pour l'introduction d'une TVA", en coordination avec les autres monarchies du CCG. Parmi les autres réformes prévues, le ministère a annoncé un programme pour contenir l'augmentation des dépenses courantes, notamment les salaires et autres avantages et allocations qui ont avalé jusqu'à 109 milliards d'euros en 2015.

Ces dernières années, le FMI a demandé avec insistance aux pétromonarchies du Golfe de réduire les subventions et de diversifier leurs économies. Faute de quoi, a-t-il averti, elles risquent d'épuiser leurs réserves en cinq ans. Le roi Salmane, qui a accédé au trône en janvier, a annoncé la semaine dernière avoir ordonné des réformes économiques pour diversifier les sources de revenus et réduire la dépendance vis-à-vis du pétrole.

 

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