Assassinat de Litvinenko : la justice britannique accuse Vladimir Poutine
La justice britannique a présenté jeudi 21 janvier les conclusions d'une enquête publique, dirigée par le magistrat Robert Owens, impliquant l'État russe dans le meurtre de l'opposant, en 2006, à Londres. Alexandre Litvinenko serait mort en buvant une tasse de thé empoisonnée au polonium-210, une substance radioactive extrêmement toxique et quasiment indétectable. La Russie est par ailleurs le seul pays producteur au monde de cet isotope hautement toxique.
Robert Owen a pointé le rôle d’exécutant des deux principaux suspects, Andreï Lougovoï, un ancien du KGB aujourd’hui député d’un parti nationaliste, et l’homme d’affaires Dmitri Kovtoun. "Je suis sûr que MM. Lougovoï et Kovtoun ont mis le polonium-210 dans la théière le 1er novembre 2006. Je suis sûr qu’ils l’ont fait dans l’intention d’empoisonner M. Litvinenko", écrit le juge Owen. Selon lui, une première dose plus faible de polonium lui aurait été administrée plus tôt, le 16 octobre, avant la dose fatale du 1er novembre. Alexandre Litvinenko est mort le 23 novembre 2006 à l’âge de 43 ans. La photo prise sur son lit de mort, sur laquelle il apparaît chauve et décharné, a fait le tour du monde.
Le corps de Litvinenko, qui avait obtenu la citoyenneté britannique, a été enterré dans un cercueil en plomb pour contenir les radiations.
Le juge a ajouté que "l'opération du FSB (services secrets russes, ex- KGB) a probablement été approuvée par M. Patrouchev (Nikolaï Patrouchev, ex-chef du FSB) et aussi par le président Poutine".
Une accusation qui a immédiatement été commentée par le Kremlin, qui ne semble pas inquiété de la mise en accusation du président russe. "Cela s'apparente (...) peut être à une blague. Visiblement, on peut relier ça à l'élégant humour britannique", a déclaré aux journalistes le porte-parole de la présidence.
Opposant à Vladimir Poutine depuis 2000, date à laquelle Alexandre Litvinenko accuse publiquement le président russe de négliger la lutte contre la corruption, il quitte son pays pour s'établir à Londres où il se lie d'amitié avec le représentant des séparatistes tchétchènes Akhmed Zakaïev ainsi qu'avec Boris Berezovsky. Cet ancien oligarque russe, après avoir favorisé l'ascension de Vladimir Poutine dans la vie politique russe et l'avoir financé pour qu'il accède au poste de président de la fédération de Russie, était tombé en disgrâce.
Litvinenko avait publié en 2012 un livre dans lequel il accuse les services secrets russes d'avoir organisé eux-mêmes la vague d'attentats en Russie en 1999 attribuée aux Tchétchènes, précédant le déclenchement de la Seconde guerre de Tchétchénie.
A noter que le milliardaire Boris Berezovski est décédé dans des circonstances non élucidées en mars 2013 dans sa résidence britannique.
Selon le quotidien The Guardian, des diplomates britanniques ont demandé au Premier ministre David Cameron, qui a eu connaissance du rapport dès mardi 19, de ne pas décréter d’éventuelles sanctions en représailles, afin de ne pas compromettre les négociations sur le conflit en Syrie.
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