Brexit : les partisans du maintien jettent leurs dernières forces dans la bataille

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La rédaction de FranceSoir.fr avec AFP
Publié le 22 juin 2016 - 17:54
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Le drapeau des partisans du "Brexit"
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©Chris J. Ratciffe/AFP
Le maintien est donné vainqueur d'un cheveu dans les derniers sondages.
©Chris J. Ratciffe/AFP
Alors que se tient jeudi le référendum pour le maintien ou non du Royaume-Uni dans l'Union européenne, les partisans du "Remain" lancent leur dernier appel pour que le pays ne prennent pas le chemin sans retour d'une sortie.

Près de 1.300 chefs d'entreprise ont appelé mercredi à un maintien du Royaume-Uni dans l'Union européenne, à la veille d'un référendum extraordinairement indécis mais déterminant pour l'avenir du pays et du reste de l'Europe.

Dans une tentative de dernière minute pour faire pencher la balance, ces dirigeants économiques-dont la moitié des poids lourds cotés à la Bourse de Londres et qui emploient 1,75 million de personnes-, ont assuré que "l'UE est favorable à l'activité et favorable à l'emploi".

A la veille du Jour J, les sondages continuaient à prévoir un résultat extrêmement serré, ouvrant la possibilité d'un Brexit ("British Exit") qui plonge dans l'angoisse Bruxelles, les milieux économiques et la quasi-totalité des dirigeants de la planète.

Selon la moyenne des six derniers sondages calculée par le site WhatUKThinks, le maintien dans l'UE l'emporte à 51% contre 49% dans les intentions de vote.

La Bourse de Londres était en légère hausse mercredi en milieu de journée, dans un marché prudent, et la livre était globalement stable.

Souvent galvaudé, le mot "historique" prend cette fois tout son sens. "Un Brexit serait l'événement le plus lourd de conséquences en Europe depuis la chute du mur de Berlin", a estimé l'ancien ministre suédois des Affaires étrangères Carl Bildt.

Le Premier ministre britannique David Cameron, qui joue son avenir, martèle que ses concitoyens sont devant la décision la plus importante de leur existence. "Pour vous, votre famille et l'avenir de notre pays, votez pour rester", a-t-il encore plaidé mardi avec solennité.

Il a reçu le soutien de nombreux dirigeants mondiaux, à commencer par le président américain Barack Obama.

Les principales institutions internationales comme le FMI ou l'OCDE ont également mis en garde contre des conséquences graves, et la Banque d'Angleterre a évoqué une possible récession.

L'UE, qui observe avec inquiétude la montée de l’euroscepticisme, risque de perdre l'un de ses membres les plus puissants, cinquième économie mondiale, avec un siège permanent au Conseil de sécurité.

Le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, a mis en garde mardi contre un "acte d'auto-mutilation", et le président du Conseil européen Donald Tusk a même redouté "la fin de la civilisation occidentale".

La reine Elizabeth II, tenue à son devoir de réserve, s'est abstenue de tout commentaire, malgré les appels du pied insistants de la presse eurosceptique menée par le Daily Telegraph et les tabloïds Sun et Daily Mail.

Le Parti national écossais (SNP), au pouvoir à Édimbourg, a annoncé qu'un Brexit entraînerait "inévitablement" un deuxième référendum sur l'indépendance de l’Écosse.

Quant à l'Irlande du Nord, elle redoute de voir ressurgir les fantômes du passé s'il faut rétablir une frontière avec le voisin du sud.

Dans le camp du "Out", emmené par l'ex-maire de Londres Boris Johnson, on assure que tous ces cris d'alarme sont seulement destinés à "faire peur" inutilement.

Boris Johnson dit attendre avec impatience de pouvoir décréter le 23 juin 2016 comme un "Independence Day" à la britannique. Une expression également martelée mercredi par le chef du parti europhobe Ukip, Nigel Farage.

Les pro-Brexit ont placé l'immigration au centre de leur campagne. Ils appellent à "reprendre le contrôle" des frontières du pays pour arrêter l'afflux de migrants et mettent en garde contre une éventuelle adhésion de la Turquie. Celle-ci a d'ailleurs fait savoir mercredi qu'elle souhaitait "à tout prix" que le Royaume-Uni reste dans l'UE.

Au fil des jours, la campagne a gagné en intensité, jusqu'à devenir haineuse. La tension a culminé jeudi dernier avec le meurtre de la députée pro-UE Jo Cox, tuée par un homme de 52 ans qui, lors de sa première comparution devant la justice, a déclaré: "mort aux traîtres, liberté pour le Royaume-Uni".

Personne n'en a déduit qu'il s'agissait d'un tournant déterminant dans la campagne même si les pro-Brexit, après trois jours de deuil et d'union nationale, ont accusé le camp d'en face de vouloir exploiter le drame.

Mercredi en fin de journée, un ultime débat télévisé devait opposer le député du SNP Alex Salmond, pro-UE, à Nigel Farage.

Le maire de Londres Sadiq Khan devait lui se joindre au chef du Labour Jeremy Corbyn pour un rassemblement en faveur d'un maintien dans l'UE.

La campagne a également mis en évidence une fracture générationnelle, les plus jeunes étant majoritairement pro-UE alors que les plus âgés veulent en sortir. Londres, les grandes villes, l’Écosse et l'Irlande du nord sont pour le maintien, tandis que la province anglaise penche vers un Brexit.

Le taux de participation sera déterminant, estiment tous les spécialistes.

David Cameron s'était engagé à organiser ce référendum en 2013 pour mettre fin aux divisions incessantes dans son Parti conservateur sur l'Europe.

En février, il avait obtenu de Bruxelles des concessions, notamment pour restreindre les allocations sociales aux travailleurs de l'UE.

État membre depuis 1973, le Royaume-Uni, qui ne fait pas partie de l'espace Schengen et n'a pas adopté l'euro, profite déjà d'un statut particulier dans l'Union européenne. Il pourrait bientôt devenir le premier pays à la quitter.

 

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