Conflit syrien : le point sur les forces en présence

Auteur(s)
Maxime Macé
Publié le 03 décembre 2015 - 13:01
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Un membre du groupe Etat islamique à Raqqa, le 29 juin 2014.
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©Stringer/Reuters
Le conflit en Syrie se développe autour de multiples factions.
©Stringer/Reuters
La guerre en Syrie, qui opposait à son début en 2011 le régime de Bachar al-Assad à des opposants armés s'est complexifiée en quatre ans, avec surtout la montée en puissance du groupe djihadiste ultra-radical État islamique.

Le conflit syrien a débuté en 2011 avec les premières contestations pacifiques contre le régime de Bachar al-Assad. Face à la violence de la répression, les manifestations ont dégénéré en conflit armé sur le territoire syrien. Dans le chaos syrien, de nombreux groupes ont émergé. Le pays voisin, l'Irak, est devenu lui aussi un sanctuaire des mouvances djihadistes. Point sur les forces en présence.

Les forces du régime de Bachar al-Assad et ses alliés

L'armée régulière du régime de Damas, forte de plus de 300.000 hommes au début du conflit, a vu ses effectifs fondre en raison des désertions, des défections et des victimes. On estime actuellement que ses forces se situent aux alentours de 110.000 hommes dont les plus efficaces sont les Forces spéciales, la Garde républicaine et deux divisions d'élite (3e et 4e divisions) soit 50.000 soldats d'élite. Une force somme toute réduite pour tenir le territoire contrôlé par le régime qui se concentre autour de Damas, la capitale du pays et sa région, de la bande côtière du Nord-ouest et des grandes villes de Hama et Homs. L'armée régulière est également la seule faction à bénéficier d'une aviation.

Néanmoins, les forces du régime peuvent compter sur des alliés, au premier rang desquels les troupes du parti chiite libanais, le Hezbollah. Ces vétérans, entre 5.000 et 7.000 forgés au feu des conflits intra-libanais et contre Tsahal, forment des troupes de choc, rompues à la guérilla qui apportent un soutien non-négligeable à l'armée du régime de Bachar al-Assad. Les forces du Hezbollah combattent essentiellement les rebelles.

Parmi les autres alliés de Damas on trouve également des milices de la minorité alaouite (branche du chiisme), à laquelle est affilié le clan Assad. Ces groupes, nommés Shabiha, ont tout à perdre en cas de chute du régime.

Enfin, la Russie et l'Iran sont les deux principaux soutiens étatiques du régime. L'Iran a déployé plusieurs milliers de soldats en Syrie, les Gardiens de la révolution, qui participent aux combat et apportent également un soutien logistique, des conseillers militaires et une aide économique. La Russie n'est pas en reste et a commencé une campagne de frappes aériennes en septembre dernier contre les rebelles dans le but d'éviter l'effondrement du régime d'Assad. Ces frappes aériennes ont permis à l'armée régulière de se maintenir dans certaines zones et d'avancer, petitement, dans d'autres. La présence russe en Syrie se trouve principalement autour du port stratégique de Tartous et de l'aéroport de Lattaquié dont 1.700 soldats russes protègent l'accès.

La rébellion dite "modérée"

La coalition la plus efficace de la rébellion dite "modérée" regroupe un large groupe de factions sous le nom "d'Armée de la conquête". Celle-ci est largement dominée par le groupe islamiste Ahrar al-Sham et la branche syrienne d'al-Qaïda, Jabhat al-Nosra. Le premier est une organisation salafiste, qui revendique un retour à l'islam des origines et est entièrement composé de combattants syriens. Présent surtout dans le Nord et dans la région de Damas, il bénéficie d'un appui financier des Etats du Golfe et la Turquie. Tout comme leurs rivaux de l'État islamique, les djihadistes d'Al-Nosra sont spécialisés dans les missions kamikazes et se sont rendus coupables d'exactions, contre des combattants pro-Assad mais aussi des minorités religieuses. Leurs relations avec les autres groupes rebelles sont fluctuantes et ils sont ouvertement hostiles à Daech.

Les autres groupes de "l'Armée de la conquête" sont une myriade d'organisations plus ou moins islamistes dont les effectifs varient d'une centaine à quelques milliers de combattants.

Créée en juillet 2011, cinq mois après le début du conflit, l'Armée syrienne libre (ASL) est composée de déserteurs et dirigée par des officiers de l'armée syrienne. Elle n'a cessé de perdre en effectifs, ses combattants rejoignant au fil des mois les djihadistes. Elle bénéficie d'un soutien logistique de l'Arabie saoudite et de livraisons d'armes des pays occidentaux. Armes qui tombent parfois aux mains des groupes plus radicaux. L'ASL est particulièrement présente à Alep, aux côtés de brigades islamistes "modérées" et du Front Al-Nosra, pris en étau entre l'armée syrienne et les djihadistes de l'EI.

L'Etat islamique

Après avoir proclamé, en juin 2014, son "califat" à cheval sur la Syrie et l'Irak, l'organisation djihadiste sunnite, qui compterait aujourd'hui selon l'ONU de 25.000 à 50.000 combattants, œuvre à étendre son territoire d'Irak jusqu'aux frontières du Liban. Dirigé par le "calife" autoproclamé Abou Bakr al-Baghdadi, l'EI contrôle la grande ville du nord de l'Irak Mossoul et a fait de la ville syrienne de Raqqa sa capitale. Plus de 10 millions de personnes vivraient sous le joug de l'organisation terroriste. Son territoire s'étend d'Alep en Syrie à Hawija en Irak et englobe une grande partie du désert syrien et de la plaine de Ninive irakienne où Daech règne en maître et multiplie les exactions contre les minorités religieuses (yézidis, chrétiens assyriens et chiites) en s'appuyant sur les tribus sunnites.

Les combattants syriens et irakiens de l'organisation terroriste bénéficient du renfort de djihadistes étrangers venus du Maghreb, d'Europe occidentale et du Caucase. Si les derniers sont des combattants aguerris des deux guerres de Tchétchénie contre la Russie, les autres forment une masse de soldats de second ordre, souvent cantonnés à des combats d'arrière-garde ou utilisés comme kamikazes dans des opérations-suicides.

Les forces de l'Etat islamique combattent l'ensemble des factions présentent en Syrie et en Irak.

Les Kurdes

Les populations kurdes de Syrie occupent, le long de la frontière turque, trois enclaves séparées qui constituent le prolongement naturel des territoires kurdes de Turquie et d’Irak. Bénéficiant d'une trêve avec les forces de Bachar al-Assad, les troupes du PYD (Parti de l'union démocratique) forment l'une des meilleures forces militaires dans la lutte contre Daech. Les combattants kurdes des YPG (milices d'autodéfense du PYD) ont été rendu célèbres par leur défense héroïque de la ville de Kobané. Ils peuvent s'appuyer, à la différence des rebelles, sur les frappes aériennes de la coalition internationale anti-EI, dirigée par les États-Unis. Ils sont également appuyés par le Parti des travailleurs kurdes (PKK) turc dont les combattants ont participé à la défense de Kobané. Les Kurdes syriens entretiennent également de bonnes relations avec Moscou. Les troupes des YDG ont annoncé à de multiples reprises vouloir marcher sur Raqqa, la capitale de Daech, sans que l'on sache actuellement si cette volonté est manifeste et si elles en ont les moyens militaires.

La coalition internationale contre Daech

Face aux exactions commises par Daech, les États-Unis et plusieurs pays arabes ont lancé en septembre 2014 une coalition contre les djihadistes de l'Etat islamique. Ils ont été rejoints par plusieurs pays occidentaux, dont le Royaume-Uni, l'Allemagne et la France ainsi que l'Australie et le Canada. L'essentiel de l'action de la coalition se compose de frappes aériennes et de livraisons d'armes à divers groupes opposés à Daech et au régime de Bachar al-Assad. L'essentiel des frappes est effectué par les Etats-Unis. En septembre 2015, François Hollande a pris la décision de frapper les djihadistes de l'organisation en Syrie et non plus seulement en Irak. Des frappes qui se sont intensifiées après les attentats de Paris le 13 novembre.

 

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