Crise migratoire : Angela Merkel est arrivée à l'Elysée
La chancelière allemande Angela Merkel rencontre ce vendredi 4 mars à l'Elysée François Hollande pour tenter de s'accorder avec le président français trois jours avant un sommet UE-Turquie crucial face à la crise des migrants qui enflamme l'Europe et fait tanguer le couple franco-allemand. Trois semaines après les vives critiques lancées à Munich par son Premier ministre Manuel Valls contre la politique migratoire allemande, le président français veut tout faire avec Angela Merkel pour pousser les Etats européens à coordonner leur action face à cette crise sans précédent qui déchire l'unité européenne.
Angela Merkel a été accueillie peu avant 10h30 par François Hollande au bas du perron du Palais présidentiel. La rencontre a débuté par un entretien en tête à tête, qui doit être suivi d'un entretien élargi puis d'une déclaration à la presse, avant un déjeuner de travail. Les deux dirigeants doivent par ailleurs appeler le président russe Vladimir Poutine à propos du conflit syrien. Les chefs de gouvernement britannique et italien David Cameron et Matteo Renzi participeront à cet échange qui vise à rappeler à Moscou l'unité de l'Europe face à la crise syrienne, a indiqué l'entourage de François Hollande. Ce conflit meurtrier a provoqué l'exode de centaines de milliers de civils cherchant refuge en Europe.
"La visite de la chancelière vise à préciser les sujets, faire le point sur là où on en est, et engager la dernière phase durant le week-end pour obtenir le maximum lundi", a indiqué un diplomate français soulignant que l'Europe est désormais "engagée dans une course de vitesse pour rattraper le temps perdu". Paris et Berlin veulent notamment pousser la Turquie à tenir ses engagements pour le contrôle de l'accès à son territoire, voie de passage vers la Grèce, la réadmission des migrants irréguliers et la surveillance de ses frontières. La Turquie doit également, selon la France, améliorer ses structures d'accueil en échange des 3 milliards d'euros qui lui ont été alloués par l'UE.
La rencontre intervient deux jours après l'annonce d'une aide européenne inédite de 700 millions d'euros pour soutenir les Etats membres en première ligne sur la route des migrants qui veulent rejoindre l'Europe du Nord, en particulier la Grèce. Plus de 130.000 migrants ont afflué en Europe depuis début janvier selon le Haut-commissariat aux réfugiés (HCR), après un million l'an dernier.
Pour Paris, "l'idée c'est de montrer que l'engagement de la France et de l'Allemagne permet de donner toutes ses chances" au sommet de lundi 7. A Berlin, on estime également que l'Allemagne et la France doivent "donner un signal et persuader les autres Etats membres". Mais la crise des migrants a provoqué de fortes turbulences dans le couple franco-allemand.
Les critiques de Manuel Valls le 13 février à Munich contre la politique d'ouverture aux réfugiés de la chancelière et sa proposition d'un mécanisme permanent de répartition dans l'UE n'ont guère été appréciées outre-Rhin. Le gouvernement allemand n'a pas manqué de souligner que "Manuel Valls n'est pas l'interlocuteur d'Angela Merkel".
En dépit des déclarations réitérées de solidarité de François Hollande à la chancelière, le grand écart persiste toutefois dans les faits entre Paris et Berlin face à la crise migratoire. A front renversé de la crise financière grecque où François Hollande faisait figure de meilleur allié du Premier ministre Alexis Tsipras en contraste avec l'intransigeance d'Angela Merkel, la chancelière allemande se montre aujourd'hui plus pugnace que son partenaire français pour appeler les Européens à ne pas laisser la Grèce "plonger dans le chaos". A demi-mots, Paris reconnaît d'ailleurs que la dirigeante allemande était fondée à trouver la France "un peu longue à mettre en place" des dispositifs d'accueil pour les relocalisations, afin de soulager la Grèce porte d'entrée des migrants en Europe, qui est aujourd'hui au bord de la crise humanitaire. "Mais aujourd'hui, ça marche", assure un diplomate à Paris soulignant que le cap de 300 personnes accueillies sur le territoire français était sur le point d'être franchi avec un rythme prévisible de plusieurs centaines d'admissions par mois. Mais la France qui s'est engagé à en accueillir 30.000 est encore bien loin du compte.
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