Erdogan rencontre Poutine en Russie pour tenter de réchauffer les relations entre les deux pays

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Maxime Macé
Publié le 09 août 2016 - 16:53
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Vladimir Poutine Recep tayyip Erdogan rencontre russie
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©Alexander Nemenov/AFP
Le président russe Vladimir Poutine a souligné la volonté russo-turque de "rétablir le dialogue et les relations" bilatérales.
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En accueillant mardi à Saint-Pétersbourg le président turc Recep Tayyip Erdogan, le président russe Vladimir Poutine a souligné la volonté russo-turque de "rétablir le dialogue et les relations" bilatérales, après neuf mois de crise diplomatique.

Afficher un front uni contre l'Occident. C'est en substance ce que va proposer le président turc Recep Tayyip Erdogan à Vladimir Poutine qui le reçoit ce mardi 9 à Saint-Pétersbourg. Il faut dire que les deux dirigeants présentent des points communs assez évidents dans leur exercice du pouvoir. Tous deux sont des nationalistes autoritaires qui font peu cas de la démocratie, de la liberté de la presse, de l'indépendance de la justice ainsi que des libertés individuelles. Sans parler des Droits de l'Homme, régulièrement bafoués sur les deux rives de la Mer noire. Le Tsar et le Sultan ont, sur le papier, tous pour s'entendre.

Les deux dirigeants partagent également le même problème de politique internationale: un profonde défiance de l'Occident. La Russie de Vladimir Poutine est toujours sous le coup de sanctions économiques et d'un embargo américano-européen pour son rôle dans la crise ukrainienne, au cours de laquelle la Russie a annexé la péninsule de Crimée à la suite d'un référendum plus que contesté. Son soutien sans faille au régime de Bachar al-Assad en Syrie est également beaucoup critiqué par de nombreuses chancelleries européennes.

Du côté de Recep Tayyip Erdogan, les critiques fusent depuis l'échec du coup d'Etat militaire du 15 juillet menée contre son régime et les vastes purges, d'une ampleur ahurissante, qui s'en sont suivies. A l'heure actuelle, près de 60.000 personnes ont été limogées ou placées en détention, dont de nombreux militaires et membres de la police, mais aussi des magistrats, des journalistes, des hommes d'affaires ou encore des arbitres de football. Erdogan a par ailleurs assez peu goûté les timides réactions européennes condamnant un putsch tenté contre un pouvoir élu démocratiquement. Ce que Vladimir Poutine s'est, pour sa part, empressé de faire.

"J'aurais souhaité, dit-il, que les leaders du monde occidental réagissent à ce qui s'est passé en Turquie et qu'ils ne se contentent pas de quelques clichés pour condamner - la tentative de putsch - ou alors, j'aurais voulu qu'ils viennent ici en Turquie" a fait savoir le président turc.

Ce déplacement intervient à peine un mois après la réconciliation fin juin permise par les "regrets" exprimés par le chef de l’État turc pour la destruction, en novembre, d'un avion de combat russe au-dessus de la frontière turco-syrienne qui avait particulièrement tendu les relations entre les deux pays.

Ce processus de normalisation des relations s'inscrit également dans une volonté de renforcement de la coopération économique entre la Russie et la Turquie, notamment en matière énergétique. En effet, la Turquie est particulièrement dépendante des importations gazière venu de l'autre côté de la Mer noire. Le projet de gazoduc TurkStream qui devait acheminer 31,5 milliards de m3 par an en Turquie via la mer Noire et la centrale nucléaire de Akkuyu devrait ainsi redevenir d'actualité. Recep Tayyip Erdogan a d'ores et déjà assuré être prêt à "prendre des mesures immédiates" pour la relance de ce projet.

Reste un point de divergence entre les deux hommes: le conflit syrien. Si Poutine soutient ouvertement le régime de Damas dans sa lutte contre les rebelles modérés et les djihadistes, la Turquie entretient des rapports extrêmement froids avec Bachar al-Assad, ce dernier accusant le régime d'Ankara d'entretenir des liens flous avec les insurgés mais également avec l'organisation Etat islamique.

Toutefois, là encore les relations semblent se réchauffer Erdogan ayant reconnu le rôle crucial des Russes dans le règlement du conflit. "La Russie est un acteur clé très important pour l’instauration de la paix en Syrie", a-t-il dit dans une interview à des médias publics russes, en soulignant que "ce problème doit être réglé avec des mesures prises en commun par la Russie et la Turquie".

 

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