Guerre tiède et guerre froide
Deux des derniers régimes communistes existant encore sur la planète ont fait la Une de l'actualité cette semaine. La guerre tiède entre les Etats-Unis et Cuba est en voie de prendre fin. La guerre très froide entre les Etats-Unis et la Corée du Nord, elle, continue.
Guerre tiède
C'est mercredi 17 que Barack Obama et Raul Castro ont annoncé le rétablissement des relations diplomatiques entre leurs deux pays, après 53 ans de rupture. Le président américain et son homologue cubain s'étaient parlé au téléphone la veille.
"Todos somos Americanos" ("nous sommes tous Américains"), a lancé Barack Obama dans un discours historique à la Maison Blanche, reprenant d'une certaine façon le "Ich bin ein Berliner" ("je suis un Berlinois") de John F. Kennedy à Berlin-Ouest en 1963 pour les 15 ans du blocus de Berlin.
Les Etats-Unis, qui maintiennent Cuba sous embargo économique depuis la prise de pouvoir de Fidel Castro en 1961, vont alléger ces sanctions, rétablir leurs relations diplomatiques et rouvrir une ambassade à La Havanne.
De son côté Raul Castro, qui a pris en 2008 la succession de son frère Fidel (celui-ci, âgé de 88 ans, n'a pas participé aux discussions), a confirmé l'information. "Nous devons apprendre à cohabiter tout en respectant nos différences", a-t-il dit dans un discours de 10 minutes salué par des cloches au cœur de la ville de La Havane.
Le pape François, qui a joué un rôle crucial dans le rapprochement entre les deux pays, a exprimé sa "grande satisfaction" pour cette "décision historique".
Bientôt des MacDo, du Coca et des distributeurs de billets American Express à Cuba? On n'en est pas encore là, dans ce pays où les libertés politique, économique, syndicale et d'expression restent restreintes. Mais certains comparent déjà cette décision, en Amérique latine, à la chute du Mur de Berlin en 1989. Et la présidence Obama sera marquée par ce discours historique.
Guerre froide
Pas de réchauffement des relations entre les Etats-Unis et la Corée du Nord, en revanche. Cela ne concerne pas directement le gouvernement de Washington mais la firme privée américaine Sony Pictures, filiale du géant japonais Sony.
Mercredi, le studio hollywoodien a annoncé l'annulation de la sortie –dans les salles de cinéma mais aussi en DVD et en vidéo à la demande sur Internet– de son film The Interview. Réalisée par Seth Rogen et Evan Goldberg et interprétée notamment par James Franco, cette comédie est une parodie de complot fictif de la CIA pour assassiner le leader nord-coréen Kim Jong-Un.
Sony a été victime de pirates informatiques, qui se sont pompeusement baptisés "Guardians of Peace" (GOP) et ont revendiqué l'attaque informatique sans précédent perpétrée fin novembre contre les ordinateurs du studio américain. Mardi 16 décembre, le groupe de hackers est passé de l'attaque informatique aux menaces physiques contre les spectateurs qui, dans le monde, iraient voir le film: "Rappelez-vous le 11 septembre 2001", ont-ils avancé dans un message sur le site Pastebin.com.
Devant ces menaces, Sony a décidé de céder. La Maison Blanche a qualifié jeudi le piratage de "grave affaire de sécurité nationale", sans aller jusqu'à l'attribuer directement à la Corée du Nord, fortement soupçonnée pourtant de téléguider les hackers du GOP (selon certains médias américains, le FBI aurait des preuves de son implication).
Pyongyang, de son côté, a affirmé ne pas être la responsable de cet acte. Mais les autorités nord-coréennes se sont félicitées de l'annulation de la diffusion de ce film qui tourne en dérision leur leader, Kim Jong-un, dont on imagine que l'humour n'est pas la qualité principale. Mais sait-on jamais, cet homme est si secret: peut-être le GOP lui a-t-il fourni une copie du film...
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