Importations d'énergie : l'Union européenne, l'éternelle tributaire ?

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La Maison de l'Europe à Paris, édité par la rédaction
Publié le 16 avril 2019 - 14:42
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La centrale thermique de Niederaussem (Allemagne), le 16 janvier 2019
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© Federico Gambarini / dpa/AFP/Archives
L'Europe reste très dépendante à ses importations d'énergie.
© Federico Gambarini / dpa/AFP/Archives

L'Union européenne est très dépendante aux importations d'énergie et la consommation ne fait qu'aller croissante. Pourtant, cette thématique n'intéresse guère les électeurs qui ont pourtant l'occasion de s'exprimer sur cette question stratégique lors des prochaines élections européennes.

L'Union européenne (UE) est tributaire pour plus de la moitié de sa consommation en énergie d'importations issues de pays tiers. Les conséquences négatives d'une telle dépendance sont aujourd'hui autant de mobiles qui justifieraient que l'UE tende effectivement vers une indépendance énergétique. A la veille des élections européennes du 26 mai, les citoyens européens ont désormais les cartes en main afin de décider vers quel modèle énergétique faire progresser l'Europe.

Qu'y a-t-il de plus machinal de nos jours que d'allumer son ordinateur, de mettre en marche son chauffage à gaz ou encore de démarrer sa voiture à essence? Alors que ces actions peuvent sembler simples pour le citoyen lambda, en réalité, se procurer de l’énergie résulte de processus complexes, souvent semés d'embûches techniques, économiques et même diplomatiques.

> L'énergie, un secteur stratégique majeur mais qui désintéresse l'opinion publique européenne.

Dans nos sociétés industrialisées, l'énergie représente un secteur stratégique majeur dont on ne peut se passer. Malheureusement, les pays membres de l'Union européenne ne disposent que de très peu de ressources énergétiques sur leur territoire et ont ainsi toujours été fortement dépendants des importations extérieures pour leur consommation.

"Dans les années à venir, l'Union européenne devrait faire exploser les compteurs en matière d'importations d'énergie", nous confiait Michel Derdevet, directeur d'ENEDIS.

Lire aussi: L’Union européenne, acteur majeur sur la scène diplomatique internationale?

En 1990, la dépendance de l'UE aux importations d'énergie représentait 44,2 % de sa consommation brute. Aujourd'hui, cette dépendance a dépassé la barre des 50% et selon les prévisions, ces chiffres déjà bien alarmants ne devraient pas évoluer dans le bon sens.

Paradoxalement, lorsque l'institut de sondage Kantar questionne les citoyens européens sur les priorités qui doivent être mises sur la table en matière de politique publique, les questions liées à la politique énergétique arrivent en dernière position... Une réponse qui doit laisser béat les spécialistes éclairés sur les défis auxquels doit faire face l'Europe dans ce domaine.

> L'UE, une puissance économique mondiale extrêmement vulnérable énergétiquement

Malgré son statut de deuxième puissance économique mondiale, l'UE est toujours plus tributaire de ses partenaires externes et du marché international de l'énergie pour sa consommation, qui ne cesse de croître.

Chaque jour, les citoyens européens dépensent ainsi en moyenne un milliard de dollars pour s'approvisionner en énergies fossiles. Pourtant, selon Anne Houtman, ancienne conseillère principale à la DG Energie de la Commission européenne, si ces chiffres sont rocambolesques, de petites actions pourraient porter leurs fruits. Réduire de 1% notre consommation en énergie entraînerait une diminution de 2% de nos importations, et ainsi une réduction non négligeable de l'exorbitante facture énergétique de l'UE. Malheureusement, les chiffres présentés par Kantar ne poussent pas à être optimiste en la matière puisque, même en matière environnementale, seul 28% des Européens estiment qu'une réduction de leur consommation d'énergie serait la solution, contre 42% pour une meilleure préservation des ressources naturelles et 31% pour un développement des énergies renouvelables.

Avec une telle dépendance, souvent à une petite poignée de partenaires, les risques de rupture d'approvisionnement guettent les pays européens. En 2015, en pleine crise ukrainienne, la Russie avait à plusieurs reprises interrompu ses livraisons de gaz à l'Ukraine, menaçant par la même occasion le transit de celui-ci vers l'Union européenne. Plus récemment, en janvier dernier, les pays membres avaient échappé de peu à un nouveau black-out électrique, à la fois à cause d'un différend diplomatique entre le Kosovo et la Serbie et d'un problème technique entre l'Allemagne et l'Autriche.

> Unis dans la diversité, la solution?

D'après Anne Houtman, l'UE ne pourra espérer tendre vers une indépendance énergétique que si chaque Etat membre, conscient de sa situation géographique, météorologique ou encore diplomatique propre, créé des partenariats et des bouquets énergétiques différents. La diversité des acteurs et des sources d'approvisionnement sur le continent européen permettrait ainsi de réduire les risques de rupture d'approvisionnement, mais aussi en cas de crise dans un ou plusieurs Etats membres, de faire jouer le principe de solidarité. Afin de garder tout de même une certaine cohérence et transparence entre les pays membres, depuis deux ans et après d'âpres négociations, ceux-ci ne peuvent plus signer de nouvel accord énergétique sans tenir compte de l'avis préalable de la Commission européenne.

La diversification des bouquets énergétiques vers des sources renouvelables viendrait également réduire les risques avec un glissement et une meilleure répartition des pouvoirs entre les pays du monde. Les matières spécifiques tel que le cobalt, nécessaire au fonctionnement des éoliennes et des panneaux solaires, proviennent par exemple de la Chine, qui jusque-là n'était pas un grand acteur. La transition écologique au sein de l'UE devrait donc avoir des effets positifs pour diversifier les sources et les acteurs. Elle devra cependant se faire sans peser sur le porte-monnaie des consommateurs, rappelle Kantar en s'appuyant sur l'un de ses sondages réalisé auprès de la population française.

Et comme si les défis en matière d'indépendance énergétique n'étaient pas assez conséquents sur le continent européen, aujourd'hui, la numérisation de nos réseaux électriques a introduit un nouveau risque en matière énergétique: ceux liés à la cybersécurité.

La Maison de l’Europe de Paris organise en partenariat avec Kantar Public un cycle de conférences sur le Parlement européen en vue des élections européennes de 2019, d’où ont été récoltées les citations de cet article.

(Centre d’Information Europe Direct de la Maison de l’Europe de Paris)

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