La Guyane veut lutter contre l'orpaillage illégal

Auteur(s)
La rédaction de FranceSoir.fr avec AFP
Publié le 22 février 2016 - 17:05
Image
Orpaillage
Crédits
©David Le Faucheur/Flickr
Déforestation, pillage des ressources et pollution des cours d'eau sont autant de conséquences néfastes engendrées par l'orpaillage illégal.
©David Le Faucheur/Flickr
A l'initiative de la députée de Guyane Chantal Berthelot, une table ronde a eu lieu la semaine dernière pour réfléchir à comment lutter contre l'orpaillage illégal sur le territoire. A l'issue de quoi, les députés ont souhaité la création d'une mission d'information parlementaire.

Améliorer la coopération avec le Brésil et le Surinam voisin, renforcer les mesures judiciaires ou développer la traçabilité de l'or, sont quelques unes des pistes évoquées pour lutter contre l'orpaillage illégal en Guyane, lors d'une table-ronde de la commission du Développement durable de l'Assemblée nationale. A l'initiative de la députée de Guyane, Chantal Berthelot (DVG), la table ronde a réunis mercredi 17 février différents intervenant guyanais venus faire le point sur l'impact social, environnemental et sécuritaire de l'exploitation aurifère clandestine dans le Parc amazonien de Guyane.

A l'issue de cet état des lieux, les députés ont souhaité la création d'une mission d'information parlementaire. Le président de la commission, Jean-Paul Chanteguet (PS), va en faire la demande auprès de la Conférence des présidents, afin d'intégrer à cette demande la commission de la Défense et la commission des Affaires sociales, a-t-il dit à l'AFP.

"La Guyane, c'est un territoire grand comme le Portugal", et dont certains bourgs ne sont accessibles qu'après "plusieurs jours de pirogue", a rappelé Bérengère Blin, directrice adjointe du Parc amazonien de Guyane. Sur ce territoire, 15.000 mineurs clandestins, les "garimpeiros", venant du Brésil ou du Surinam voisin, extraient chaque année environ 9 tonnes d'or, en retournant les sédiments (avec l'aide de barges), détruisant les berges des fleuves, ou en creusant des puits dans le sous-sol.

Déforestation, pillage des ressources, destruction des biotopes, pollution des cours d'eau, accumulation du mercure (utilisé pour extraire l'or), Anne Saunier, représentante du collectif citoyen Les Hurleurs de Guyane a décrit un phénomène "extrêmement perturbant" pour l'environnement, et des problèmes d'insécurité. "Violence, viol, prostitution, vol. La légende de l'or qui rend fou n'en est plus une chez nous", a-t-elle expliqué.

Sans compter les inquiétudes sur la santé, le mercure étant un neurotoxique puissant, que l'on retrouve dans les poissons dont se nourrit la population locale, a-t-elle dit, réclamant une étude épidémiologique. "La lutte contre l'orpaillage illégal est continue", a insisté le colonel Patrick Valentini, commandant en second de la gendarmerie outremer, rappelant que l'opération Harpie mobilisait sur place plusieurs centaines d'effectifs, dont 120 gendarmes au quotidien. En 2015, 412 puits d'orpaillage et 91 concasseurs ont été détruits par les militaires, qui ont saisi 80 kg de mercure, 736 moto-pompes, 116 tonnes de vivres, mais seulement 4,3 kg d'or, car "quand ils s'enfuient ils sauvent d'abord l'or".

Selon lui, il faudrait pouvoir assurer une traçabilité de l'or pour distinguer celui produit illégalement. Des solutions existent, mais "compliquées et coûteuses", a estimé Anne Saunier, et "il faut que les orpailleurs légaux le souhaitent". Elle insiste plutôt sur la nécessité de mettre la pression sur les fournisseurs, venus du Brésil et du Surinam, qui ravitaillent les garimpeiros en matériel, mercure et vivres.

Le colonel Valentini préconise de créer une incrimination spécifique pour les fournisseurs, car la complicité d'orpaillage illégal, fréquemment utilisée, "tombe quand on n'arrive pas à démontrer l'infraction principale. Il faut une infraction déconnectée sur la détention de matériel".

S'il a souligné une réduction du nombre de sites d'orpaillage actifs (500 en décembre 2013, 204 en décembre 2015), il reconnait que beaucoup "sont réinvestis après la destruction. L'adversaire est adaptable et résilient".

Les intervenants ont également réclamé l'élargissement des compétences de police judiciaire (obligatoires pour les saisies et destructions de matériels) à d'autres personnels, et insisté sur la nécessité d'une meilleure coopération policière et judiciaire avec le Brésil et le Surinam, actuellement peu efficace. "Nous ne pouvons plus nous promener dans les forêts, emmener des touristes", a déploré Chimili Boussoussa, capitaine Aluku de Papaïchton-Pompidou, représentant des autorités coutumières. "Les gens ont peur des orpailleurs, il y a des pillages", a-t-il raconté. Mais les garimpeiros n'ont pas peur de l'Etat français, "trop gentil", a-t-il dit, se proposant d'appliquer "pendant un an la +loi traditionnelle+. On peut montrer à l'Etat français comment régler le problème".

 

L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.

Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement  car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.

Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.

Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.

Je fais un don à France-Soir

Dessin de la semaine

Portrait craché

Image
Castex
Jean Castex, espèce de “couteau suisse” déconfiné, dont l'accent a pu prêter à la bonhomie
PORTRAIT CRACHE - Longtemps dans l’ombre, à l’Elysée et à Matignon, Jean Castex est apparu comme tout droit venu de son Gers natal, à la façon d’un diable sorti de sa ...
13 avril 2024 - 15:36
Politique
Soutenez l'indépendance de FS

Faites un don

Nous n'avons pas pu confirmer votre inscription.
Votre inscription à la Newsletter hebdomadaire de France-Soir est confirmée.

La newsletter France-Soir

En vous inscrivant, vous autorisez France-Soir à vous contacter par e-mail.