L'Allemagne ouvre le débat sur la déchéance de nationalité pour les djihadistes
Le débat sur la déchéance de nationalité est rouvert, mais de l'autre côté du Rhin. Le ministre de l'Intérieur conservateur (CDU) Thomas de Maizière a proposé que la déchéance de nationalité soit rendue possible pour les djihadistes binationaux. Il a intégré son idée à un catalogue de plusieurs mesures de lutte contre le terrorisme, élaboré après qu'une série d'attaques ait frappé l'Allemagne en juillet. Lors d'une conférence de presse donnée jeudi 11, le ministre a déclaré que "Les Allemands qui participent aux combats à l'étranger pour une milice terroriste et qui possèdent une autre nationalité doivent à l'avenir perdre leur nationalité allemande".
Cette mesure est similaire à celle proposée au lendemain des attentats du 13 novembre 2015 à Paris par François Hollande, qui souhaitait son inscription dans la Constitution. Le président de la République avait été obligé d'y renoncer faute d'un soutien suffisant de la gauche et de la droite. Thomas de Maizière sait qu'il devra batailler pour imposer cette mesure, notamment aux élus sociaux-démocrates du SPD, qui sont des partenaires importants dans le gouvernement de coalition de la chancelière Angela Merkel. Se fixant comme objectif de faire adopter la mesure à l'automne 2017, avant les législatives, le ministre a déclaré: "Ce sera un point difficile avec le SPD mais je pense que ça deviendra acceptable". Mais sa proposition, a peine évoquée, provoque déjà la colère de ses opposants politiques: un responsable du parti des Verts, Volker Beck l'a qualifiée de "gesticulation".
Outre la déchéance de nationalité, Thomas de Maizière a fait d'autres propositions dans la lutte contre le terrorisme en Allemagne. Il aimerait accélérer les procédures d'expulsion par la création d'un motif d'arrestation pour "mise en danger de la sécurité publique", qui permettrait aussi de pouvoir placer plus rapidement en détention des étrangers suspectés de préparer des attaques. Il souhaite également unifier le commandement des forces spéciales en les plaçant sous une unique direction afin qu'une seule "main puisse [les] mettre à disposition" en cas d'attaque. Enfin, il a proposé de renforcer les effectifs de la police "dans les prochaines années de plusieurs de milliers de personnes" et aimerait qu'il soit possible de punir pénalement "l'expression de sympathie pour le terrorisme".
Toutes ces mesures visent à rassurer les Allemands qui, le mois dernier, ont vu leur pays touché par deux attentats revendiqués par Daech: une attaque à la hache commise le 18 juillet dans un train par un Afghan de 17 ans et un attentat-suicide le 24 juillet à l'entrée d'un festival de musique à Ansbach. Selon des chiffres donnés au mois de mai et récoltés par les services secrets allemands, 820 djihadistes ont quitté l'Allemagne pour la Syrie ou l'Irak: un tiers d'entre eux est déjà rentré en Allemagne, 140 autres ont été tués et 420 seraient encore sur les territoires syriens et irakiens.
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