Le Parti républicain va-t-il faire un carton aux prochaines élections du Congrès ?

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Anthony Lacoudre, pour FranceSoir
Publié le 21 octobre 2022 - 16:50
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Nicholas Kamm / AFP / Getty
Kevin McCarthy pourrait devenir le chef de la majorité à la Chambre si les républicains la récupèrent lors des élections de mi-mandat début novembre.
Nicholas Kamm / AFP / Getty

CHRONIQUE - L'analyse des dernières tendances sondagières permet de prédire une victoire facile du Parti républicain à la Chambre des représentants et une victoire probable au Sénat lors des élections de mi-mandat qui se tiendront le 8 novembre prochain.

Une victoire certaine à la Chambre des représentants

Les récents sondages des intentions de vote pour l'élection de mi-mandat des membres de la Chambre des représentants donnent un avantage de 2 % à 6 % au Parti républicain selon les instituts de sondage (par exemple, Harvard/Harris donne 53 % pour les républicains contre 47 % pour les démocrates).

Ce score est remarquable puisque jamais dans l'histoire récente politique du pays le Parti républicain n'a connu une telle avance dans les intentions de vote à trois semaines d'un scrutin.

On rappellera, par exemple, que le Parti démocrate disposait d'une avance de 3 % d'intentions de vote avant les élections de novembre 2020, ce qui s'est finalement traduit par une majorité de seulement huit sièges, la plus étroite jamais connue dans l'histoire de la Chambre basse américaine (pour être précis, les Républicains ont obtenu 14 élus de plus en 2020 par rapport à 2018).

Autrement dit, il semble bien que les sondages surestiment — intentionnellement ou non — les votes en faveur du Parti démocrate. Quand ils prédisent une avance de 3 % pour les démocrates, cela correspond en réalité à une égalité 50 % / 50 %.

Une avance des républicains de 2 % à 6 % dans les intentions de votes — ce qui représente un transfert de voix de la gauche vers la droite de 5 % à 9 % de 2020 à 2022 -  présage donc une victoire de grande ampleur pour les candidats républicains à la Chambre des représentants. La majorité de 218 sièges sera donc atteinte sans aucun doute par le Parti républicain au soir des élections du 8 novembre prochain. La plupart des 215 candidats sortants républicains seront réélus alors que de nombreux sortants démocrates seront battus. La question est plutôt de savoir de quelle ampleur sera cette nouvelle majorité, certains observateurs s'aventurant à citer le chiffre élevé de 250 Représentants Républicains.

Un sondage foudroyant

Qui plus est, ABC News et le Washington Post viennent de conduire un sondage complémentaire concernant la Chambre des représentants dont le résultat est tout simplement foudroyant. L'institut de sondage s'est, en effet, focalisé sur les seules circonscriptions neutres ou indécises, désignées « — purple districts - "par référence au mélange entre la couleur bleue des démocrates et le rouge des républicains, circonscriptions également appelées « — toss up districts —  » car susceptibles de basculer aussi bien d'un côté ou de l'autre.

Il s'agit donc de circonscriptions où les électeurs sont en majorité centristes ("indépendants"), votant tantôt à droite, tantôt à gauche au gré des tendances du moment. Concrètement, l'institut de sondage s'est donc intéressé aux seules circonscriptions susceptibles de changer de camp lors des prochaines élections (des "— flips — " en jargon américain de la politique).

Ces circonscriptions se distinguent bien évidemment des circonscriptions franchement marquées à gauche comme celles de la côte ouest (Californie, Oregon, Washington...) ou de la côte est (Nouvelle-Angleterre, New Jersey, New York...) ou celles depuis toujours marquées à droite (principalement situées dans les États du centre du pays).

Il est certain, par exemple, que les neuf membres démocrates de la Chambre des représentants élus dans l'État du Massachusetts (certains, comme Richard Neal, en poste depuis 1989 !) seront réélus le mois prochain, quoi qu'il advienne.

Un avantage de 21 % pour les républicains

Interrogés sur le fait de savoir s'ils voteront pour un candidat démocrate ou républicain, 55 % des électeurs de ces circonscriptions "violettes" ont répondu qu'ils voteraient en faveur d'un candidat républicain alors que seulement 34 % d'entre eux ont mentionné leur intention de voter pour un candidat démocrate (et 11 % d'indécis), ce qui représente un écart de 21 points.

La différence avec un avantage de seulement 2 % à 6 % d'intentions de vote en faveur des républicains recensé à l'échelle de la nation s'explique par le fait que les circonscriptions traditionnellement acquises à la gauche sont composées de beaucoup plus d'électeurs démocrates que les circonscriptions acquises à la droite ne sont composées d'électeurs Républicains.

Avec un avantage de 21 % d'intentions de vote dans les circonscriptions centristes, les Républicains sont garantis d'emporter une victoire spectaculaire à la Chambre des représentants.

Une victoire probable au Sénat

On rappellera qu'avec aujourd'hui 50 sénateurs démocrates et 50 sénateurs républicains (plus la voix de la vice-présidente Kamala Harris pour départager un éventuel blocage), le Parti républicain a besoin d'un gain net d'un seul siège pour devenir majoritaire dans la chambre haute du Congrès.

Nous renverrons à notre analyse précédente concernant les élections sénatoriales "52 % des Américains souhaitent la destitution de Joe Biden". Les derniers sondages concernant les élections sénatoriales confirment, en effet, que les candidats républicains devraient l'emporter en Caroline du Nord, en Floride, dans le Nevada, dans l'Ohio et dans le Wisconsin. Et les résultats seront serrés en Arizona, en Géorgie, dans le New Hampshire et en Pennsylvanie.

Cela devrait donc suffire au - Grand Old Party — pour obtenir une majorité d'au moins 51 sénateurs au lendemain des élections du 8 novembre.

Un Congrès divisé

En tout état de cause, même si les républicains n'emportent pas la majorité au Sénat, le fait de contrôler la Chambre des représentants permettra de bloquer l'adoption de toute nouvelle législation promue par le pouvoir exécutif, c'est-à-dire la Maison-Blanche et son gouvernement, puisque, selon la Constitution américaine, un projet de loi doit obtenir l'assentiment des deux chambres du Congrès pour être adopté.

Si la chambre basse passe dans les mains des républicains alors que la chambre haute reste contrôlée par les démocrates, Joe Biden se retrouvera alors dans la même situation que Donald Trump au lendemain des élections de mi-mandat de novembre 2018, c'est-à-dire qu'il sera confronté à un Sénat de son camp, mais à une Chambre des représentants tombée dans les mains de l'opposition, lui retirant de facto ses moyens d'action.

 

Anthony Lacoudre est avocat fiscaliste basé à New York et également professeur de droit fiscal international.

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