Libye : pas d'intervention militaire au sol en vue pour contrer Daech
L'organisation Etat islamique (EI) étend son emprise sur la Libye, mais la coalition internationale formée pour la combattre, réunie ce mardi 2 février à Rome, n'est pas encore prête à intervenir militairement sur le terrain. "En Libye, nous sommes sur le point d'avoir un gouvernement d'unité nationale et cela empêchera Daech (acronyme de l'EI en arabe, NDLR) de prendre le contrôle de l'avenir du pays", a assuré le secrétaire d'Etat américain, John Kerry, à l'ouverture de cette réunion.
Les ministres des Affaires étrangères - ou leurs représentants - des 23 pays membres de la coalition formée il y a un peu plus d'un an pour combattre l'EI se retrouvaient mardi à Rome, après une dernière réunion à Paris en juin.
Depuis, les djihadistes ont accentué leur emprise sur la Libye, inquiétant les pays européens, dont la France ou l'Italie, deux pays se trouvant en première ligne concernant ce pays. "La menace est lourde pour les pays du Sahel mais aussi pour les pays européens", a averti le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, devant la presse. "La dernière chose que nous voulons dans le monde, c'est un faux califat ayant accès à des milliards de dollars de revenus en pétrole", a ajouté John Kerry.
Pour autant, les pays de cette coalition rechignent à s'engager sur le terrain, portant tous leurs espoirs sur la formation d'un gouvernement d'union nationale en Libye, qui peine pourtant à se matérialiser. "Le temps est compté pour stabiliser la Libye, mais nous n'avons aucune urgence à intervenir, ni nous, ni la communauté internationale", a ainsi assuré mardi dans la presse le chef de la diplomatie italienne, Paolo Gentiloni.
Idem pour son homologue français, pour lequel il est hors de question de se lancer dans une intervention militaire. "Il n'est absolument pas question que nous intervenions militairement en Libye", a affirmé Laurent Fabius devant la presse. Le quotidien français Le Figaro a annoncé mardi que la France préparait des "plans pour intervenir contre Daech".
"Je ne sais pas de quelle source cela provient", a assuré Laurent Fabius. Un petit groupe "fait pression, mais ce n'est pas la position du gouvernement". "Ce qui est vrai, c'est que nous sommes préoccupés" par la montée de l'EI en Libye, et c'est pourquoi "il faut pousser à la formation d'un gouvernement d'union nationale", a insisté le ministre français.
La coalition contre les djihadistes semble d'accord sur ce point: il faut un gouvernement nommé, accepté par le Parlement, et qui sera ensuite soutenu par la communauté internationale dans ses efforts pour en finir avec le chaos libyen. Le Premier ministre désigné, Fayez el-Sarraj, doit proposer cette semaine une nouvelle composition de son gouvernement d'union nationale, plus restreinte que celle rejetée le 25 janvier par le Parlement reconnu, parce qu'il comptait 32 ministres.
Une fois ce gouvernement en place, la nature de l'intervention occidentale en Libye est en revanche encore à préciser.
Laurent Fabius a évoqué la nécessité que le gouvernement d'union siège à Tripoli, où la communauté internationale pourrait l'aider à s'imposer. Mais au-delà des limites de la capitale libyenne, les choses sont un peu plus floues. John Kerry a évoqué ce mardi la nécessité d'aller de l'avant dans la formation des forces de sécurité, et de créer "un environnement sûr afin de permettre à un gouvernement d'exister et d'agir".
Dans son communiqué final mardi, la coalition internationale, prudente, s'est contentée de faire part de sa préoccupation devant "l'influence croissante" de l'EI en Libye, et de réaffirmer sa disponibilité pour "soutenir le gouvernement d'union nationale dans ses efforts pour établir la paix et la sécurité pour le peuple libyen".
Et s'il n'y parvient pas? "On ne peut pas non plus éternellement reculer l'objectif" et si "des personnalités se mettent en travers du chemin, on demandera des sanctions à leur encontre", a affirmé Laurent Fabius.
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