L'UE décerne le prix Sakharov au saoudien Raïf Badawi, condamné à 1.000 coups de fouet

Le prix Sakharov récompensant le combat pour la liberté d'expression a été décerné jeudi 29 au blogueur saoudien Raïf Badawi. Pour avoir critiqué les autorités religieuses d'Arabie Saoudite, il a été condamné à 10 ans de prison et 1.000 coups de fouet.

Le Parlement européen a décerné jeudi 29 le Prix Sakharov pour la liberté de l'esprit, distinguant le combat pour la liberté d'expression, au blogueur saoudien Raïf Badawi. Il est le créateur de Free Saudi Liberals, un site internet consacré au débat politique et religieux.

L'homme de 31 ans s'était à plusieurs reprises montré critique envers les autorités religieuses saoudiennes et notamment la "mutawa", la police religieuse chargée "de la promotion de la vertu et de la prévention du vice".

En juin 2012, Raïf Badawi a été arrêté officiellement pour insulte envers l'Islam et pour avoir désobéi à son père. Il a été condamné en 2014 à une amende d’un million de riyals (environ 226.000 euros), 10 ans de prison et 1.000 coups de fouet répartis sur 20 semaines. Les 50 premiers lui avaient été administrés le 9 janvier 2015, provoquant de nombreuses réactions indignées à travers le monde. Le reste de la sentence avait alors été reportée, officiellement en raison de l'état de santé de Raïf Badawi.

"Cet homme, qui est un homme extrêmement bon et exemplaire, s'est vu imposer l'une des sentences les plus horribles de ce pays, qui ne peut être décrite que comme une torture brutale", a déclaré dans un communiqué le président du Parlement européen, Martin Schulz. Il a appelé "le roi d'Arabie Saoudite à mettre fin à l'exécution de cette peine, à libérer Monsieur Badawi, à lui permettre de retrouver sa femme et d'assister à la session plénière de décembre pour recevoir son prix", qui doit être remis le 16 décembre prochain.

Réfugiée au Canada suite à des menaces de morts, l'épouse de Raïf Badawi s'était dite inquiète ces derniers jours d'une possible nouvelle séance de flagellation. Elle a déclaré être"très heureuse" du "message d'espoir et de courage" que représente ce prix pour son époux.

Le Prix Sakharov, du nom d'un physicien russe qui lutta contre la prolifération nucléaire, est attribué depuis 1988 à "des personnes qui ont apporté une contribution exceptionnelle à la lutte pour les droits de l'homme dans le monde" et les récompenses en outre d'une somme de 50.000 euros. Son premier lauréat fut Nelson Mandela. Cette année, les autres nommés étaient une coalition d'opposants politiques au Venezuela et, à titre posthume, l'opposant russe assassiné Boris Nemtsov.