"Panama Papers" : le ministre espagnol de l'Industrie contraint de démissionner

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La rédaction de FranceSoir.fr avec AFP
Publié le 15 avril 2016 - 17:30
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L'ancien ministre espagnol de l'Industrie Jose Manuel Soria
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©Pierre-Philippe Marcou/AFP
Le nom de Jose Manuel Soria a été cité comme administrateur d'au moins une société offshore aux Bahamas.
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Le scandale des "Panama Papers" a une nouvelle fois éclaboussé le monde politique européen. Le ministre espagnol de l'Industrie Jose Manuel Soria a annoncé vendredi sa démission après que son nom a été cité dans ces documents.

Le ministre espagnol de l'Industrie est devenu vendredi la dernière victime en date du scandale planétaire des "Panama Papers", annonçant sa démission du gouvernement conservateur, un motif d'embarras à moins de trois mois de probables législatives.

Le 6 avril, le Premier ministre islandais Sigmundur David Gunnlaugsson avait déjà dû démissionner, sous la pression de la rue outrée par les révélations sur ses placements dans des paradis fiscaux.

Ministre de l'Industrie, de l'Energie et du Tourisme depuis 2011, Jose Manuel Soria, 58 ans, dont le nom a été cité comme administrateur d'au moins une société offshore aux Bahamas, a annoncé vendredi matin sa démission et son retrait de la vie politique, après avoir passé la semaine à nier tout lien avec des paradis fiscaux.

"J'ai transmis ma décision irrévocable de présenter ma démission", a annoncé le ministre dans un communiqué, "compte tenu du tort évident que cette situation cause au gouvernement et au Parti populaire" conservateur du chef du gouvernement Mariano Rajoy.

"A partir d'aujourd'hui, j'abandonne tout type d'activité politique", a ajouté M. Soria, qui était également député au Congrès (chambre basse) et président du Parti populaire (PP) des Canaries.

Le dirigeant socialiste Pedro Sanchez - qui réclamait depuis plusieurs jours cette démission - a aussitôt demandé que Mariano Rajoy, "comparaisse" en personne devant les députés pour expliquer l'"affaire Soria".

En début de semaine, deux médias avaient révélé que le nom du ministre était associé au vaste scandale des "Panama Papers". Ils affirmaient que M. Soria avait été brièvement administrateur d'une société offshore inscrite au registre des Bahamas il y a plus de 20 ans, ce que le ministre avait nié catégoriquement, même si des documents portaient sa signature ou celle de son frère.

Au fil de la semaine, le ministre avait semblé s'empêtrer dans ses dénégations, la presse publiant quotidiennement de nouvelles informations le contredisant. M. Soria a dit avoir démissionné après une "succession d'erreurs commises ces derniers jours" mais n'a reconnu qu'un "manque d'information précise sur les faits qui ont eu lieu il y a plus de vingt ans".

Vendredi, avant même qu'il annonce son retrait, plusieurs journaux - y compris de droite - avaient semblé lui donner le coup de grâce: ils l'accusaient d'avoir été aussi administrateur d'une autre société offshore basée sur l'île britannique de Jersey jusqu'en 2002 alors qu'il était maire de Las Palmas, dans l'archipel des Canaries. Le quotidien de centre droit El Mundo a publié un éditorial estimant qu'il ne pouvait rester "un jour de plus au gouvernement". Le ministre a lui-même rappelé, dans son communiqué, que le tort causé à son parti était "particulièrement grave dans le moment politique actuel".

Ayant perdu la majorité absolue au Parlement à l'issue des législatives du 20 décembre, le PP est depuis incapable d'obtenir l'investiture de son candidat à la présidence, Mariano Rajoy, faute d'alliés. Le PP est submergé par les affaires de corruption, ce qui rend difficile son maintien au pouvoir.

Le Congrès (chambre basse) est en effet morcelé entre quatre grandes forces politiques dont deux ont prospéré en dénonçant la corruption: Podemos (gauche radicale) et Ciudadanos (centre droit).

Au commencement du scandale, le quotidien en ligne El Confidencial avait expliqué que M. Soria avait été administrateur pendant deux mois, en 1992, d'une société offshore des Bahamas apparaissant dans des documents issus du cabinet d'avocats panaméen Mossack Fonseca, ce qu'il a nié.

Aucune évasion fiscale n'était démontrée mais, comme l'a noté El Pais vendredi "il a démenti un fait qui s'est avéré (...) remettant en question sa capacité de rester ministre".

Il s'agit aussi de la deuxième démission sur fond de scandale, au sein du gouvernement conservateur de Mariano Rajoy. Fin 2014, la ministre de la Santé Ana Mato avait dû abandonner ses fonctions, soupçonnée d'avoir profité de fonds issus de malversations attribuées à son ex-mari.

 

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