Russie : la pilote d'hélicoptère ukrainienne Savtchenko dans l'attente d'un verdict

La pilote d'hélicoptère de 34 ans, militaire ukrainienne est accusée par la justice russe du meurtre de deux journalistes russes dans l'est séparatiste de l'Ukraine. Elle risque plus de 20 ans de prison pour ces accusations qu'elle nie en bloc.

La justice russe a commencé ce lundi 21 à rendre son verdict dans le procès, éminemment politique, de la pilote d'hélicoptère ukrainienne Nadia Savtchenko accusée du meurtre en juin 2014 de deux journalistes russes dans le Donbass, l'est séparatiste de l'Ukraine. 

Elle risque plus de 20 ans de prison pour ces accusations qu'elle nie en bloc. Kiev et les Occidentaux dénoncent un procès politique orchestré par le Kremlin. Le juge a confirmé ce lundi les accusations contre la pilote ukrainienne: "motivée par la haine, Nadia Savtchenko et un groupe de personnes ont perpétré le meurtre des deux journalistes Igor Korneliouk et Anton Volochine". 

Nadia Savtchenko est pilote d’hélicoptère dans l’armée ukrainienne, où elle a le grade de capitaine. Après l’annexion de la Crimée et les débuts de la guerre dans l’est du pays, elle quitte les rangs de l’armée régulière et rejoint le bataillon Aïdar, une unité paramilitaire de volontaires armés, régulièrement accusé d'exactions contre les civils. Pour le procureur, elle a fourni à l'armée ukrainienne, le 17 juin 2014, la position d'Anton Volochine et Igor Korneliouk, tués par un tir de mortier dans l'est séparatiste de l'Ukraine. 

Bravache tout au long de son procès la jeune femme a lancé un spectaculaire bras d’honneur à ses juges en entonnant l’hymne national ukrainien, Chtche ne vmerla Ukraïna ("L’Ukraine n’est pas encore morte"), lors de sa dernière déclaration, le 10 mars. Et d'ajouter: "tout ce que je peux faire est de montrer par l'exemple que la Russie, avec son régime totalitaire, peut être vaincue si vous n'avez pas peur et n'êtes pas brisé".

Les relations entre Moscou et Kiev sont déjà quasiment gelées depuis l'annexion de la Crimée par Moscou en mars 2014, puis de l'insurrection armée dans l'Est, où les combats ont fait plus de 9.000 morts. Les accords de Minsk signés sous l'égide de Berlin et Paris et censés mettre fin au conflit entre Kiev et les rebelles n'ont pas permis aux deux pays de se rapprocher. Les officiels russes expliquent que la pilote n’était pas concernée par les accords de paix de Minsk, qui prévoient un échange des prisonniers, puisqu’elle est accusée dans un dossier criminel.

Le président ukrainien, Petro Porochenko, a fait savoir qu’il était prêt à envisager un échange pour libérer la pilote ukrainienne. Kiev détient notamment deux officiers du GRU, la Direction générale des renseignements de l’état-major des forces armées, capturés en mai 2015 dans la région de Louhansk.