Soudan du Sud : poursuite de violents combats à Juba, craintes d'une nouvelle guerre civile

De très violents combats ont déjà fait plusieurs centaines de morts, dont des civils, au Soudan du Sud et se poursuivaient ce lundi. Les soldats du président Salva Kiir et du vice-président, et ancien rebelle, Riek Machar s'affrontent notamment à coups d'armes lourdes dans les rues de la capitale Juba.

Le plus jeune pays du monde est au bord d'une nouvelle guerre civile. Après de premiers accrochages, déjà très violents, vendredi 8 et une accalmie trompeuse samedi 9, les combats ont repris dimanche 10 et ce lundi 11 à Juba, la capitale du Soudan du Sud. Les affrontements ont opposé les troupes fidèles au président Salva Kiir aux anciens rebelles du vice-président Riek Machar et auraient fait plus de 270 morts, dont une trentaine de civils, lors de la seule journée de dimanche.

Ce lundi matin, les rues de Juba résonnaient encore des tirs d'armes lourdes ainsi que des explosions dues à l'artillerie et aux bombardements par des hélicoptères de combat. La présence de chars a également été rapportée par des témoins, tandis que la population fuyait en masse les combats ou se barricadait chez elle.

Les affrontements se concentraient dans l'ouest de la capitale, où est situé le siège politique et militaire de Riek Machar, ancien putschiste revenu à Juba à la faveur d'un accord de paix signé en août 2015 avec son rival au pouvoir Salva Kiir. Le texte avait permis de mettre un terme, fragile et incomplet compte tenu des divisions au sein de chaque camp rappelle Le Monde, à un conflit ouvert en 2013 et ayant fait des dizaines de milliers de morts et trois millions de déplacés.

Des combats sporadiques étaient ainsi toujours rapportés dans certaines régions du plus jeune pays du monde, né le 9 juillet 2011 d'une scission d'avec le Soudan (cela faisait cinq ans samedi). Juba était une poudrière partagée entre rebelles et loyalistes qui s'est donc enflammée très vite malgré les appels au calme de l'ONU et de l'influent Conseil des Eglises du Soudan du Sud, dès dimanche. Ce lundi matin les combats faisaient rage notamment autour de l'aéroport de la ville et du camp onusien situé à l'ouest, tout près du camp de Machar, où 28.000 personnes étaient réfugiées, rapporte JeuneAfrique.com.

L'enceinte aurait par ailleurs essuyé des tirs en marge des combats. L'ONU a ainsi rappelé que toute exaction contre ses représentants ou installations peut être assimilée à un crime de guerre, alors que sa base de Malakal (nord du pays) avait déjà été attaquée en février dernier, faisant 18 morts. Depuis vendredi, un casque bleu chinois a perdu la vie et douze autres ont été blessés, dont deux grièvement, dans les combats à Juba.

Kiir et Machar semblant impuissants à calmer leurs éléments les plus violents, le conflit meurtrier des années 2013 à 2015 pourrait ainsi se rouvrir. Une guerre qui, sur fond de rivalités ethniques et d'ingérence des puissances voisines, Ouganda et Soudan notamment, avait engendré des massacres terribles et conduit le pays au bord du gouffre.