De la difficulté d'identifier les unités de l'Etat islamique : l'exemple de la division Zubayr ibn al-Awwam

Auteur:
 
Matteo Puxton, édité par la rédaction.
Publié le 22 novembre 2017 - 20:55
Mis à jour le 23 novembre 2017 - 16:23
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division Zubayr ibn al-Awwam
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Malgré la propagande de l'EI, il est difficile d'identifier clairement ses forces militaires.
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Identifier les unités militaires de l'Etat islamique est difficile pour les chercheurs qui travaillent sur le sujet, malgré les traces que laisse la propagande du groupe sur Internet. Matteo Puxton et Mathieu Morant, spécialistes des questions de défense et observateurs de référence de l'Etat islamique, présentent, en partenariat avec "France-Soir", le cas particulier de la division Zubayr ibn al-Awwam.

Il est difficile de dresser un ordre de bataille des unités militaires de l'Etat islamique. Le groupe maintient depuis plusieurs années un secret prononcé autour de son ordre de bataille, qu'il est difficile de percer. Avec le recul militaire en 2017, l'EI livre de moins en moins d'informations sur ses capacités militaires, même dans sa propagande. La façon la plus simple de commencer à dresser un inventaire des unités des djihadistes est de repérer les traces laissées par le groupe derrière lui, lors de ses défaites et de ses reculs. Des informations peuvent ainsi être tirées des documents capturés sur l'organisation (source). Plus intéressant peut-être, à la fois sur les épaves de véhicules perdus ou dans la propagande du groupe, on peut observer des marquages placés par Daech et qui nous donnent parfois le nom de certaines unités militaires.

L'Etat islamique se distingue par le fait d'avoir capturé, depuis 2014 en particulier, de nombreux chars et véhicules blindés sur ses adversaires, principalement le régime syrien. Le groupe, malgré les frappes aériennes de la coalition, ou du régime syrien et de son allié russe, continue d'employer ses blindés dans ses opérations militaires en Syrie. Pour réparer ou modifier ses véhicules, l'Etat islamique avait établi des ateliers dans plusieurs de ses wilayats (provinces) où des capacités industrielles étaient disponibles et où le nombre de blindés capturés justifiait une telle entreprise. En Irak, ces ateliers étaient surtout installés à Mossoul et ont produit une gamme impressionnante de véhicules blindés modifiés ou improvisés. En Syrie, l'atelier principal de réparation et de modification était situé à proximité de Raqqa (lien). Un autre atelier avait été installé à Uqayribat (sud-est de Raqqa), tandis que la wilayat al-Khayr disposerait également (source) de ses infrastructures propres.

Il faut se souvenir que l'Etat islamique, qui a expulsé les autres rebelles et djihadistes syriens de la ville de Deir Ezzor en juillet 2014, a maintenu un siège autour des positions isolées du régime depuis cette date, encerclant complètement la garnison à partir de mai 2015 jusqu'à septembre 2017. Le groupe terroriste s'attache d'abord à progresser dans la ville en question, coupée en deux entre les deux adversaires, et autour de l'aéroport militaire, notamment à l'est et au nord de celui-ci. Dans la ville, le combat se transforme rapidement en bataille urbaine d'usure; l'Etat islamique s'approche certes de l'aéroport, mais sans réussir à l'investir, bien qu'il empêche l'atterrissage des avions de transport lourds du régime syrien. A partir de 2016, l'organisation djihadiste change donc d'approche en attaquant l'ouest et le sud des positions du régime. Cette approche est davantage couronnée de succès et aboutit notamment à couper en deux les positions du régime suite à une offensive lancée en janvier 2017. Dans ces combats au sud et à l'ouest de la poche tenue par le régime, l'Etat islamique engage des chars modifiés, dont le blindage est renforcé pour prévenir la destruction par les tirs d'armes antichars du régime syrien.

Situation à Deir Ezzor au moment de la première grande offensive de l'EI contre les positions du régime (décembre 2014).

Situation en janvier 2017 après l'offensive de l'EI. Carte pro-régime.

Le 15 décembre 2016, une vidéo Amaq de l'EI montre un char T-62 mis en œuvre par le groupe dans les combats à Deir Ezzor, pour pilonner les positions du régime à l'intérieur du quartier al-Rashidiyah. Ce char a été complètement repeint et porte à l'arrière un marquage appliqué dans un carré noir: "Division Zubayr Ibn al-Awwam-Véhicules à chenilles". Ce marquage, qui semble désigner une unité militaire djihadiste, apparaît sur au moins deux autres chars utilisés dans la province en 2017. C'est cette unité qui va nous intéresser ici. Son nom renvoie à Zubayr Ibn al-Awwam, un compagnon du prophète Mahomet qui était aussi son cousin. Zubayr est l'un des premiers à se convertir à l'islam sous l'influence d'Abou Bakr. Il fait partir des musulmans qui s'exilent en Abyssinie en 615, puis de ceux de l'Hégire en 622. Il participe aux batailles de Badr, d'Uhud et de la Tranchée. Il est présent à l'entrée dans La Mecque et prend part aux guerres de Rida. Sous le calife Omar, il a un rôle important dans les expéditions militaires en Egypte et en Syrie. Après la mort d'Outhman, il participe à la révolte contre le nouveau calife, Ali, mais refuse de l'affronter lors de la bataille du chameau (656); il est assassiné par l'un de ses anciens alliés. D'autres marquages d'unités présents sur des chars de l'Etat islamique renvoient également à des noms de compagnons du prophète; c'est donc une tendance longue, assez logique, du groupe.

La première apparition d'un char appartenant à la division Zubayr Ibn al-Awwam date donc du 15 décembre 2016: modèle à cette date rarement documenté au sein de la wilayat al-Khayr, un T-62 est alors filmé par l'agence Amaq, tirant sur des positions du régime syrien situées dans le quartier d'al-Rushidiya. Le char a subi quelques modifications dans les ateliers djihadistes: un cadre composé de tiges métalliques entoure la tourelle, dans le but de maintenir des sacs de sable ajoutés en protection, l'espace supplémentaire ainsi créé servant également à ranger les effets personnels de l'équipage. L'engin est peint d'une livrée couleur sable: deux insignes identiques, l'un sur le glacis, l'autre sur la caisse arrière, permettent d'identifier l'unité: Division al Zubayr Bin Awwam/al Moujanzarat (les véhicules à chenilles).

Le T-62 de la division al Zubayr Ben Awwam s'apprête à ouvrir le feu sur les positions syriennes situées au niveau de l'université al-Furat. Le cadre métallique ajouté en protection des flancs de la tourelle et l'insigne de l'unité sont clairement visibles. (Wilayat al-Khayr, mars 2017).

Le char T-62 aperçu dans une vidéo Amaq est de nouveau montré par l'EI dans deux reportages photos des 9 et 22 février 2017. Il ouvre le feu sur des positions du régime au niveau de l'université al-Furat, dans le corridor creusé par le groupe terroriste en janvier au milieu des positions adverses. Comme souvent, ce char est donc utilisé en soutien de l'infanterie et dans un rôle d'artillerie mobile, pour cibler les positions adverses.

Lire aussi: Etat islamique et chars d'assaut: comment les djihadistes emploient leurs blindés en Irak et en Syrie

Le char est également filmé dans la vidéo longue "Aux portes des batailles épiques" mise en ligne par la wilayat al-Khayr le 24 mars dernier. Le T-62 est utilisé en appui de l'infanterie, probablement durant l'offensive de janvier 2017, au moment où l'EI coupe en deux la poche du régime syrien. Il ouvre le feu en compagnie d'un technical équipé d'un ZPU-2. A la fin de la vidéo, on l'aperçoit en compagnie d'un BMP-1 lui aussi modifié par les djihadistes en train de tirer sur l'université al-Furat -les images correspondent au reportage photo du 22 février. A noter que le T-62 ouvre le feu non seulement avec son canon de 115 mm mais aussi avec mitrailleuse coaxiale. Le T-62 réapparaît encore dans un reportage photo daté du 8 avril, dans la zone des cimetières, au sein du corridor que l'EI a conquis en janvier et qui a coupé la poche en deux. Là encore il semble pilonner les positions du régime syrien. Hypothèse confirmée dans la vidéo "Mais vont-ils donc se repentir" (lien) mise en ligne par la wilayat al-Khayr le 21 juin et qui reprend les mêmes images. Le T-62 tire encore une fois avec son canon de 115 mm et sa mitrailleuse coaxiale. Dans cette même vidéo, on le voit aussi en action dans un autre secteur.

Le deuxième exemplaire clairement identifié de la division concerne un char plus majoritairement utilisé par l'Etat islamique sur les fronts de Deir Ezzor: le T-54/55. On le voit pour la première fois dans un reportage photo daté du 13 mars 2017: il semble être engagé dans le secteur des cimetières, mais peut-être aussi dans la ville. Comme le T-62 de la même unité, il est également montré dans la vidéo longue du 24 mars. Il n'est pas filmé en train de faire feu, simplement de se déplacer dans la ville de Deir Ezzor semble-t-il. On le revoit ensuite dans un reportage photo du 8 mai où il tire cette fois sur les positions du régime syrien. Le char T-55 réapparaît aussi dans la vidéo longue du 21 juin. On peut l'observer sous plusieurs angles différents, portant le drapeau de l'EI une fois, ouvrant le feu, probablement dans la ville de Deir Ezzor, avec son canon de 100 mm. Sur cet exemplaire, les modifications apportées sont bien plus élaborées: des plaques de blindage supplémentaires soudées entre elles entourent les flancs de la tourelle, disposées de façon à créer un espace vide ayant la même utilité que les simples cadres métalliques plus communément employés. Des jupes latérales ont été montées, composées pour chaque côté de cinq plaques additionnelles de blindage.

Equipé de plaques de blindages soudées sur les flancs de la tourelle, le T-55 camouflé deux tons de la division al Zubayr Ben Awwam est ici filmé alors qu'il s'apprête à rejoindre une position de tir à Deir Ezzor. Les jupes latérales disposées sur le côté droit du char ont été perdues (Wilayat al-Khayr, mars 2017).

Le blindé est camouflé cette fois en deux tons, l'insigne de la division est visible sur le glacis avant du char: Division al Zubayr Ben Awwam/al Moujanzarat, tandis qu'au centre, l'inscription renvoi à al-Barakah (nom de la wilayat de l'EI correspondant à la province de Hasakah): à noter que selon les auteurs d'Oryx Blog (source), il pourrait s'agir du même char qui avait été filmé auparavant dans la vidéo de la wilayat al-Barakah (source) diffusée en octobre 2016 (montrant un assaut au sud de Shaddadi le 23 août précédent), repeint et transféré plus tard au sein de la wilayat al-Khayr.

T-55 de l'Etat islamique engagé au combat contre une position du YPG. Le char a été modifié selon la même configuration que le T-55 camouflé deux tons de la division al Zubayr Ben Awwam. (Wilayat al-Barakah, août 2016).

Bien que les chars de l'EI ainsi modifiés perdent le plus souvent leurs jupes latérales, la configuration (tourelle surblindée + jupes latérales) semble avoir été plus ou moins standardisée dans les ateliers de l'organisation terroriste, et ce quelle que soit la famille du char de base, T-54/55, T-62, ou T-72.

Les quatre chars capturés et exposés par le régime syrien après la prise d'al-Mayadin: l'insigne de la division al Zubayr Ben Awwam est ici visible sur le glacis avant du T-55, au centre (Central Military Information, octobre 2017).

Le troisième exemplaire identifié est exposé à la fin du mois d'octobre 2017 parmi les armes et munitions capturées par l'armée syrienne et les diverses troupes alliées au régime syrien quelques jours après la prise du bastion d'al-Mayadin: quatre chars de combat sont exhibés, trois T-55 et un T-62. L'un des T-55, équipé du désignateur laser syrien, porte sur le glacis avant et l'arrière de la caisse les marquages de la division djihadiste, aux côtés des marquages de l'armée syrienne qui n'ont pas été effacés, indiquant l'unité d'origine du char, la 17ème Division. A l'image du T-62 de la division Zubayr ibn al-Awwam filmé précédemment à Deir Ezzor, un cadre métallique entoure la tourelle, destiné au maintien de sacs de sable. Si les éventuelles jupes latérales sont absentes, les grilles et les divers supports servant à leur fixation sont bien présents sur les côtés du char, les grilles assumant également la protection des coffres et réservoirs latéraux.

Vue rapprochée du T-55 de la division al Zubayr Ben Awwam capturé à al-Mayadin: outre l'imposante structure métallique ajoutée sur les flancs de la tourelle et destinéee au maintien des sacs de sable, les grilles servant à la fois de protection et de support aux jupes latérales sont ici clairement visibles (Central Military Information, octobre 2017).

La configuration de ces améliorations est cette fois classique à la région de Deir Ezzor: différents T-55 et au moins un T-55AMV avaient auparavant été documentés ainsi modifiés, le glacis avant du char étant sur certains exemplaires renforcé de supports métalliques pour les sacs de sables. Bien que ne portant visiblement pas les marquages de la division Zubayr ibn al-Awwam, le T-62 exposé après la prise d'al-Mayadin a été amélioré exactement selon la même configuration que certains de ces T-54/55 propres aux fronts de Deir Ezzor: jusqu'ici, un seul T-62 modifié de la sorte avait été documenté, mais pas dans cette ville, puisque aperçu dans la vidéo de l'Etat islamique de la wilayat al-Barakah (à lire ici) du 30 août 2017.

T-55 de l'Etat islamique évoluant à Deir Ezzor, principalement modifié par l'ajout d'une armature métallique entourant la tourelle, et de jupes latérales sur les flancs du char: cette configuration est un classique de la wilayat (Wilayat al-Khayr, mars 2017).

Les deux autres deux autres T-55 capturés et exhibés ont quant a été eux été modifiés dans les ateliers de l'organisation selon la configuration: tourelle surblindée par soudure de plaques de blindage, et ajout de support pour le montage de jupes latérales sur le blindé. L'un de ces deux chars porte les insignes plus communément vus sur certains engins blindés et véhicules de l'organisation terroriste, composés d'un numéro à trois chiffres, et de l'inscription "Etat islamique / Armée du Califat".

T-55 et T-62 exposés après la prise d'al-Mayadin. Le T-62 (à droite) a été modifié selon la configuration la plus commune à Deir Ezzor, c'est à dire l'ajout d'une structure métallique sur les flancs de la tourelle, et de supports pour des jupes latérales sur les côtés du char. Le glacis avant est également en partie protégé par des sacs de sable. (Wilayat al-Khayr, mars 2017).

Le 5 novembre 2017, peu de temps après l'annonce officielle de la reprise de la ville de Deir Ezzor par les forces du régime syrien, six chars capturés à l'EI sont exposés comme trophées de guerre: parmi ces chars figure le T-62 (lien) de la division Zubayr Ibn al-Awwam. Le 6 novembre, un reportage diffusé par la chaîne al-Mayadin montre la récupération dans les rues du centre-ville de Deir Ezzor du T-55 surblindé (source) de la division, visiblement endommagé.

T-62 de l'Etat islamique, modifié selon une configuration identique au T-62 exhibé par le régime comme prise de guerre à al-Mayadin et visible sur la photographie précédente. (Wilayat al-Barakah, juin 2017).

L'études des sources ouvertes révèle donc le déploiement d'au moins deux chars de la division Zubayr ibn al-Awwad sur les fronts de Deir Ezzor, entre décembre 2016 et juin 2017, finalement capturés par le régime syrien en novembre 2017, tandis qu'un troisième sera pris par le régime dans les environs de Mayadin après avoir été sévèrement endommagé durant les combats. Si une certaine standardisation apparaît au sein de la wilayat al-Khayr lorsque l'on se penche sur les modifications apportées dans les ateliers de l'organisation à la protection de ces chars, il reste difficile d'affirmer que la division constituait l'unité blindée à part entière de la wilayat. En septembre 2017, l'EI engage au moins un T-72 dont la tourelle a reçu des armatures métalliques destinées à la renforcer lors des combats pour l'île de Sakr. La division Zubayr ibn al-Awwad est-elle une unité tactique composée uniquement de chars (firqa, division, n'étant pas ici à prendre au sens de division comme dans une armée régulière, mais d'une unité tactique, du niveau compagnie ou bataillon, comme c'est fréquemment le cas dans le conflit syrien)? Ou bien est-ce une unité interarmes? Certaines études laissent penser que l'EI a bien regroupé des chars dans des unités purement blindées. Mais par ailleurs, ces unités étaient utilisées dans une combinaison interarmes lors des opérations: c'est le cas pour la fameuse unité Jaysh al-Khilafa. Dans les vidéos où ces chars apparaissent, ils opèrent bien comme plate-forme d'artillerie mobile, associée à d'autres véhicules armés et à l'infanterie. Il est impossible de trancher. On se rappelle aussi que l'EI n'identifie pas ainsi tous ses blindés par ce type de marquages. Il faut espérer récolter d'autres traces qui nous permettront sans doute à l'avenir de mieux comprendre la composition des unités militaires de l'organisation.

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