Turquie : des dirigeants pro-kurdes arrêtés avant un attentat meurtrier à Diyarbakir
Les autorités turques ont procédé à plusieurs arrestations dans la nuit de jeudi 3 au vendredi 4. Parmi les onze personnes arrêtées à l'aube deux sont les coprésidents du Parti démocratique des peuples (HDP), le principal parti pro-kurde de Turquie et troisième formation politique du pays. Ces arrestations interviennent dans le cadre d'une enquête antiterroriste en lien avec le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK). Quelques heures après ces arrestations, une attaque meurtrière dans la ville de Diyarbakir a fait huit morts et plus de 100 blessés ce vendredi.
Selahattin Demirtas et Figen Yüksekdag font partie des onze personnes interpellées ce vendredi 4. Ces deux personnalités turques qui se partagent la tête du HDP ont été arrêtées puisque leur formation politique est accusée, par le pouvoir, d'être une vitrine du PKK qui en Turquie mais aussi pour les Etats-Unis ou l'Union européenne est considéré comme une organisation terroriste.
"Ces arrestations sont absurdes (...) La Turquie avance comme un véhicule sans frein. Personne ne sait où elle va. Les dirigeants sont en train de la ramener dans les ténèbres moyen-orientales, tout ça pour imposer un régime présidentiel personnifié (...) On ne peut diriger par la vendetta" a alors déclaré, depuis Izmir, le chef du Parti républicain du peuple, deuxième force politique du pays, Kemal Kiliçdaroglu.
Suite à la tentative de putsch raté de l'été 2016 en Turquie, le pays est en état d'urgence. C'est donc dans ce cadre que le pouvoir turc concentre ses efforts sur le PKK et ses alliés que Recep Tayyip Erdogan, président du pays, avait déjà accusé d'être l'auteur de plusieurs attentats. Plusieurs médias kurdes ont été fermés de force et des maires HDP ont été révoqués et placés en garde à vue.
Quelques heures après ses arrestations, une attaque terroriste a eu lieu à proximité du centre de police de la ville de Diyarbakir où sont retenus les membres du HDP. Cet acte violent a provoqué la mort d'au moins huit personnes, six civils et deux policiers, et en a blessé près d'une centaine. Une réaction virulente qui ne va pas faciliter la discussion entre le gouvernement turc et les membres du parti HDP.
Suite à cet attentat un communiqué publié par le gouvernement turc déclare que l'attaque a été perpétré avec: "ce qui semble être un véhicule piégé utilisé par des membres de l'organisation terroriste séparatiste" en d'autres termes, le PKK. Aucune revendication n'a pour l'heure été déposée.
L'Union européenne par la voix de Federica Mogherini s'est dite "extrêmement inquiète" suite à l'arrestation de ces députés pro-kurde. A l'aide d'un tweet, la chef de la diplomatie en Europe, a affirmé avoir contacté Ankara pour discuter de cette question.
Extremely worried for arrest of @hdpdemirtas & other @HDPgenelmerkezi MPs. In contact w/ authorities Called EU ambassadors meeting in Ankara
— Federica Mogherini (@FedericaMog) 4 novembre 2016
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