Réunion de Biden avec Xi Jinping, l’occasion d’un message post-électoral : suspension de nouvelles aventures géopolitiques

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Teresita Dussart, pour FranceSoir
Publié le 14 novembre 2022 - 20:05
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xi et joe
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SAUL LOEB / AFP
Joe Biden et Xi Jinping se sont retrouvés lundi pour leur première rencontre depuis l'élection du président américain.
SAUL LOEB / AFP

CHRONIQUE - Ce lundi a eu lieu en Indonésie la première rencontre entre le président Joe Biden et Xi Jinping, en marge du sommet du G20. La réunion aura duré trois heures. C’est le premier sommet entre les deux leaders depuis l’entrée en fonction du démocrate, mais c’est aussi la première rencontre depuis la visite de Nancy Pelosi à Taïwan le 8 août dernier, qui avait rompu avec 25 ans de politique d'acceptation tacite du concept de "One China". Une visite qui s'était traduite par un accroissement des manœuvres militaires de la République populaire en mer de Chine méridionale. Une détérioration radicale des relations entre la Chine et les Etats-Unis est donc venue s’ajouter au contexte international de guerre par proxy entre l’Alliance atlantique nord et la Russie.  

Malgré la confuse élocution de Joe Biden, de forme et de fond, une déclaration claire au cours de sa conférence de presse aura été : "Notre politique One China n’a pas changé". "En tant que leader de nos deux nations, nous partageons la responsabilité de montrer que la Chine et les États-Unis peuvent gérer leurs différences, éviter de faire en sorte que la compétition devienne un conflit, et trouver des moyens de travailler ensemble sur nos questions globales qui requièrent une coopération mutuelle". Après une série de déclarations, l’une plus humiliante que l’autre, Biden semble vouloir se reconvertir à la diplomatie du soft power. Dans un style plus sibyllin, Xi Jinping avait, quelques heures auparavant, déclaré : "Un homme d’État devrait penser et savoir comment diriger son pays. Il devrait aussi penser et savoir comment se comporter avec d’autres pays dans ce vaste monde". L’image du démocrate diplomate par excellence maintenant des relations cordiales autant que faire se peut en constraste avec l’histrionisme d’un Donald Trump, n’aura pas résisté à l’épreuve des faits. Rarement dans l'histoire occidentale de l'après-guerre, un leader aura si vite mis le monde sens dessus dessous. 

Au cours de sa courte conférence de presse, Biden n'a accepté que cinq questions de journalistes triés sur le volet. Il a commencé par une brève apologie du résultat des élections de mi-mandat, pourtant encore en cours de décompte des midterms, qu’il interprète déjà comme une victoire. Son allocution a d’ailleurs commencé par un message de politique intérieure pour installer dans le paysage politique le nouveau terroriste que serait le "denier", soit celui qui met en doute les résultats des élections. Un concept qui sera certainement récupéré par toutes les républiques bananières gouvernées par des présidents à vie. Dans le dictionnaire démocrate, la contestation des résultats fait partie de la palette négationniste.

Justement, il a été question de la Corée du Nord. Sur ce dossier, où les alliés des États-Unis que sont la Corée du Sud et le Japon attendaient de la fermeté de la part de Biden pour rappeler à la Chine sa responsabilité vis-à-vis de son encombrant allié de l’autre côté des fleuves Yalu et Tumen, l’Américain a estimé qu’il "est difficile d’estimer si oui non la Chine a la capacité de convaincre Kim Jong Un de revenir sur ses tests". Il doit pourtant y avoir quelqu’un dans une des agences d’intelligence américaine informé de la capacité d’influence de la Chine sur la Corée du Nord. Joe Biden ne doit pas avoir accès à ses rapports. "Je veux croire que la Chine ne souhaite pas que la Corée du Nord s’engage dans une escalade de ses moyens à l'avenir". Il est vrai que Joe Biden avait annoncé que cet échange se ferait dans un esprit de candeur.

Compte tenu du peu de questions acceptées au cours de la conférence, il n’aura été question ni du Covid, ni des droits de l’homme, ni de décisions concrètes en matière de changement climatique, malgré la tenue concomitante de la COP27 en Égypte, ni des affaires de corruption de Hunter Biden en Chine.

Le message soudainement extrêmement conciliant à l’égard de la Chine donne à penser que le temps des chimères et des aventures des gouvernements démocrates, est fini. Le message des midterms est passé. Des printemps arabes de Barack Obama qui ont financé l’ultra terrorisme et mis des millions de réfugiés sur les routes (hébergés par la générosité de pays tiers et non pas les États-Unis) à l’autre aventure consistant à jouer avec le feu en Ukraine depuis 2013, conduisant le monde de 2022 aux portes d’un troisième conflit mondial : tout cela ne passe plus auprès de l’électorat américain. Cette fois, ces errements l’affectent, lui, et non plus seulement les citoyens des nations sous expérimentation. Le coût de l’aventure de Biden en Ukraine se traduit en inflation, en coût énergétique et en une cascade de conséquences dont les effets se font aussi sentir aux États-Unis. Un front ouvert avec la Chine, à la sauce Pelosi, ce serait plus que les Américains ne pourraient supporter de leur gérontocratie woke.  

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