Le Relais transforme le textile en or

Auteur(s)
MM
Publié le 23 avril 2015 - 15:26
Mis à jour le 27 avril 2015 - 12:21
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Un tapis de tri de l'entreprise Le Relais.
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©DR/Le Relais
Un tapis de tri de vêtement de l'entreprise Le Relais.
©DR/Le Relais
Au départ simple entreprise d’insertion locale, en moins de trois décennies Le Relais est devenu l’une des plus grosses coopératives. Son but: dégager de la rentabilité et créer des emplois en récupérant de vieux textiles.

Près de 2.386 salariés, 100 millions d’euros de chiffre d’affaires, 16 centres de tri couvrant l’ensemble de l’Hexagone et trois sur le continent africain. Créé en 1984 dans le Pas-de-Calais par Pierre Duponchel et le père Léon, deux hommes très impliqués dans la communauté Emmaüs locale, Le Relais est plus qu’une success story. Cette SCOP (Société coopérative et participative) est ainsi le leader français de la récupération de textiles, linge de maison et chaussures (TLC) avec 55% de parts de marché.

"Créer de l’emploi et combattre le fléau du chômage" est la raison d’être de l’entreprise, affirme Pierre Duponchel à FranceSoir. Et les chiffres parlent pour lui: Le Relais a créé, en moyenne, plus d’un emploi par semaine depuis son lancement et crée actuellement "deux à trois centres de tri par an"Une réussite pour cette société lancée dans le seul but d’aider les populations précaires à s’insérer en leur fournissant un travail rémunéré. Toujours dans cette optique, le choix de la filière textile lui-même a été fait car c’est un secteur demandant une main-d’œuvre nombreuse et peu qualifiée. L’archétype des populations sous-employées. 

Les raisons du succès du Relais? "Le statut de SCOP y est pour beaucoup car les salariés, majoritaires au capital, sont de fait très impliqués et donc motivés pour la réussite de l’entreprise", explique son fondateur. Certes. Mais peut-être que la crise persistante ces dernières années et le développement de l’économie solidaire dans l’Hexagone y sont aussi pour quelque chose. Sans oublier la persévérance de son fondateur, dont les choix stratégiques se sont presque toujours avérés gagnants (choix de diversification, développement de points de vente en Afrique…).

Une industrie du don

Le principe qui a fait le succès du Relais est simple, mais il fallait y penser: collecter les vêtements, le linge de maison et les chaussures donnés par des particuliers qui n’en ont plus l’utilité. Ils sont ensuite soit revendus dans ses friperies Ding Fring (6% de la collecte seulement, mais 25% du chiffre d’affaires total), envoyés à l’export (49%), recyclés (35%) ou encore transformés en combustible de substitution (8%). Le reste, à peine 2%, est jeté car inutilisable ou non recyclable. Quant aux bénéfices, ils sont réemployés à 100% pour sécuriser les emplois, en créer des nouveaux et investir. 

"Nous avons raison de croire en l’Homme", annonce le slogan du Relais. Et là encore les faits parlent pour la SCOP: les dons des particuliers représentent 98% des 150.000 tonnes collectées annuellement, selon son fondateur. Autant dire que sans cette solidarité, purement désintéressée et non rétribuée, Le Relais n’existerait même pas. 

Alors, quand on l’interroge sur les nouveaux acteurs –comme Sita, filiale du groupe Suez Environnement– qui commencent à s’intéresser à ce marché de la collecte de récupération de TLC, Pierre Duponchel est confiant. Bien que regrettant "une concurrence qui ne se bat pas toujours à la loyale", il s’en remet à la bonne volonté des donateurs. "Si le travail d’information est bien fait, ils sauront faire la différence entre nous et les sociétés recherchant uniquement le profit et ne créant pas, ou peu, d’emploi en France", assure-t-il.

Cette certitude se concrétise par une stratégie de développement offensive: d’ici à 2015, l’entreprise compte doubler sa capacité de tri en ouvrant une quinzaine de sites de production sur le territoire. Ce qui permettra la création de 620 nouveaux emplois, dont 60% en CDI et 40% de contrats d’insertion (le ratio actuel au sein de l’entreprise). 

Ambitieux, Le Relais? Oui, mais à juste titre car la France, avec 2 kilos de textiles collectés par an et par habitant, est bien en-deçà de la moyenne européenne (5 kilos). Autant dire que le potentiel de développement est réel, surtout si l’on regarde les chiffres allemands en la matière. Outre-Rhin, ce sont 9 kilos de TLC qui sont récupérés par an et par habitant, soit près de cinq fois plus que chez nous… 

 

 

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