Normandie : l'échec de la plus grande route solaire du monde

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La rédaction de France-Soir
Publié le 23 juillet 2019 - 14:37
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Paneaux photovoltaiques à Cestas (Gironde), le 1er décembre 2015
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© MEHDI FEDOUACH / AFP/Archives
La route solaire installée sur un tronçon de départementale dans l'Orne est un échec.
© MEHDI FEDOUACH / AFP/Archives

Alors qu'en 2016 était lancée la plus grande route solaire du monde en Normandie, l'heure est aux conclusions: ce tronçon de départementale équipée de panneaux solaires est un échec cuisant. Il est en effet aussi inefficace que peu rentable.

C'est un fiasco. En 2016, la ministre de l'Ecologie Ségolène Royal inaugurait dans l'Orne, à Tourouvre-au-Perche, la plus grande route solaire au monde.

Ce tronçon de la départementale 5, long d'un kilomètre était alors présenté comme révolutionnaire. Cette route test devait par ailleurs produire 790 kilowattheure par jour, un exploit.

Mais seulement deux ans et demi plus tard, le constat est sans appel: la route solaire est un échec cuisant. La première année déjà, seulement la moitié de la production a été atteinte, puis un quart l'année suivante et plus qu'un huitième ensuite.

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"Les recettes de vente de l’électricité produite par la route devaient nous rapporter 10.500 euros par an. En 2017, nous avons perçu 4.550 euros. En 2018, 3.100 euros, et pour le premier trimestre 2019, nous en sommes à 1.450 euros", a énuméré Gilles Morvan, directeur général des services du conseil départemental de l'Orne.

"Les ingénieurs de ce projet n’ont sûrement pas pensé aux tracteurs qui allaient rouler dessus", ont ainsi ironisé deux couvreurs locaux interrogés par Le Monde.

En effet, les panneaux photovoltaïques installés sur la route sont en piteux état. A la fin du mois de mai, une centaine de mètres très abîmés ont été retirés pour être réparés. Le reste de la route est clairsemé de joints "en lambeaux", de panneaux se décrochant de la chaussée, et d'éclats sur la résine censée protéger les panneaux.

A l'automne, les feuilles d'arbres tombées là y ont pourri. La route présente aussi un inconvénient de taille: elle est extrêmement bruyante. La vitesse sur le tronçon a donc dû être baissée à 70 km/h. le quotidien national a aussi assuré que certains orages avaient fait disjoncter la route.

Si le contrat qui lie le conseil général de l'Orne avec Wattway, filiale de Colas responsable de cette route, est censé prendre fin dans quelques mois, il pourrait bien être prolongé.

Ainsi le conseil général a voté en juin dernier une subvention de 100.000 euros pour de nouveaux projets gérés par l'entreprise privée. Cette fois pas de route solaire mais des bornes à vélo ou encore des systèmes d'éclairage de passage piéton.

En fait, les élus locaux sont étonnement satisfait de cette route photovoltaïque à 5 millions d'euros. "On se rend compte que, du côté des acteurs locaux, les élus sont souvent ravis de la publicité que leur apportent les routes solaires, sans se soucier de leur efficacité économique et environnementale. Ça fait venir les caméras et ça se voit davantage que des panneaux sur un bâtiment", a ainsi indiqué David Trebosc, fondateur du site BDPV, Base de données d'installations photovoltaïques.

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