Non, les particules fines n'aident pas la propagation du virus dans l'air

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FranceSoir
Publié le 28 mai 2020 - 09:56
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Pollution de l'air et Coronavirus: les particules fines n’y sont pour rien
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Iwona Castiello d'Antonio / Unsplash
Une étude italienne suggère un possible lien de causalité entre la propagation de l’épidémie et le niveau de pollution aux particules fines.
Iwona Castiello d'Antonio / Unsplash

Au début du confinement, une étude italienne affirmait que les particules de pollution pouvaient propager le SARS-CoV-2.
Douze chercheurs des universités de Bari, Milan, Bologne et de la Société italienne de médecine environnementale suggéraient un possible lien de causalité entre la propagation de l’épidémie et le niveau de pollution aux particules fines. En effet, fin février, dans le nord de l’Italie (dans le Piémont, en Lombardie, en Vénétie et en Émilie-Romagne), un haut niveau de pollution dans l’air aurait facilité la circulation du virus dans cette région très touchée par le covid-19. Présent dans l’air, le Coronavirus aurait pu utiliser la pollution comme une “autoroute” en se fixant à des particules fines dans l’air lui permettant de rester en suspension pendant plusieurs heures.
Mais déjà à l’époque, cette théorie n’avait pas fait l'unanimité, et plusieurs organismes comme l’Anses se sont montrés prudents sur ce lien de causalité. D’autant plus qu’alors que le confinement a fait baisser radicalement les niveaux de pollution, cela n’avait pas eu d’effet immédiat sur la vitesse de propagation du virus. Quelques semaines plus tard et avec du recul, le physicien et chimiste Jean-François Doussin explique pour le journal du CNRS  pourquoi cette thèse n'était pas du tout sur la bonne voie.

L'étude italienne, bien que sérieuse, était une “fake news”

Selon Doussin, les auteurs de l'étude italienne n'étaient pas des spécialistes de la pollution atmosphérique. L'étude a été présentée comme validée, mais elle n’avait pas été évaluée par des pairs et cette thèse s’est propagée sur les réseaux sociaux comme étant confirmée, suivant le mécanisme de diffusion classique des informations infondées.
Deux aspects de l'étude n'étaient pas assez solides. D’un côté les données examinées n'étaient pas assez larges: les pics de pollution et les pics d’infection, ainsi que l'intervalle de temps (du 10 au 29 février), la zone géographique et les variables météorologiques étaient beaucoup trop limités “pour espérer parvenir à des conclusions scientifiques solides.”
D’un autre côté, la probabilité pour que deux particules fines (une particule de pollution et une micro gouttelette porteuse du virus, par exemple) se rencontrent et « coagulent » pour n’en former qu’une qui voyagerait sur des kilomètres, est négligeable, en dessous du seuil de 10 000 particules fines par centimètre cube. Or, le nombre de particules fines chargées de virus présentes dans l’air pourrait osciller entre 0,06 et 3 par centimètre cube et pourrait parfois atteindre un maximum de 100 par centimètre cube, ce qui reste très éloigné du seuil fatidique des 10 000!

La pollution est tout de même un facteur à combattre pour lutter contre le virus

Le retour au travail a déjà impacté négativement la pollution de l'air, qui est repartie à la hausse. Malgré les politiques en faveur des alternatives durables (pistes cyclables, aides au secteur des mobilités écologiques ), les personnes soucieuses de se contaminer dans les transports ont repris le chemin du travail en voiture, ce qui a fait exploser le taux de particules fines sur les boulevards périphériques.
Cette pollution ne va pas peut-être pas faciliter la propagation des particules de SARS-CoV-2, mais elle pourrait affaiblir notre système immunologique et rendre les gens plus vulnérables au virus. Selon un article scientifique sur les intoxications respiratoires, l’exposition à des polluants atmosphériques peut modifier « l’immunité de l’hôte aux infections virales respiratoires ».

Une étude épidémiologique, (conduite à l’université de Harvard qui na pas été relue par un comité de lecture ni publiée dans un journal scientifique.), indique que certaines co-morbidités associées au Coronavirus sont aggravées chez les sujets confrontés de longue date à une pollution aux particules fines. Les conclusions du papier indiquent que la pollution de l’air et la mortalité due à Covid-19 pourraient être liées, mais sans lien de causalité prouvé.

La recherche sur le coronavirus a beau progresser à grands pas, elle ne va pas assez vite pour répondre à toutes nos interrogations. On sait, selon deux études récentes, que le coronavirus reste actif, potentiellement contaminant, en phase aérosol entre 3 et 16 heures. Les  gouttelettes de petit calibre (que les masques chirurgicaux ou « faits maison » n'arrêtent pas) restent en suspension dans l’air pendant des heures et peuvent parcourir des dizaines, voire des centaines de kilomètres, mais on ignore si la quantité de pathogènes inhalés par un récepteur est suffisante pour être infectieuse. La prudence et le suivi des mesures d'hygiène (portage de masque, distanciation sociale et lavage fréquent de mains) reste donc essentielles pour vraiment se protéger de ces particules voyageuses et en suspension dans l’air.

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