"Affaire du maillot de bain" : le scénario de l'agression de Reims
Entre polémique et instrumentalisation, l'affaire a fait grand bruit. L'histoire d'une jeune femme rémoise passée à tabac car elle bronzait en maillot de bain dans un parc, sur fond de "morale" et de "bonnes mœurs", dévoilée dimanche 26 par L'Union de Reims, avait soulevé une vague d'émotion.
De nombreux politiques de droite et d'extrême droite, ainsi qu'une foule d'internautes anonyme s'était alors emparé de l'affaire pour dénoncer le "motif moral" (Gilbert Collard, du RBM affilié au FN) d'une agression qui aurait été commise pour "nous imposer un mode de vie qui n'est pas le nôtre" (Eric Ciotti, député Les Républicains). Florian Philippot, vice-président du Front national, avait même dénoncé le passage à tabac d'une jeune femme "lynchée car vivant à la française". Le tout bien que la police, le parquet de Reims et même le maire de la ville Arnaud Robinet (LR) aient très vite assuré qu'il n'y avait aucun "aspect religieux" dans ce fait divers.
Car il semblerait bien que ce ne soit qu'une banale –et stupide– altercation n'ayant rien à voir avec les "discours aux relents de police religieuse" évoqués dans un premier temps par L'Union de Reims, qui a ensuite fait marche arrière. Un témoin, et acteur de l'altercation, contacté par le site Buzzfeed raconte sa version des faits: "nous sommes passées devant trois filles en maillot de bain et j’ai juste dit à ma copine que si c’était moi, je n’oserais pas me mettre dans cette tenue. Mais j’ai dit ça car je suis complexée, absolument pas pour des questions religieuses ou morales. Je suis musulmane oui, mais tolérante".
La jeune femme qui bronzait ayant entendu la remarque, sans doute peu discrète, l'aurait alors alpaguée sur le thème: "avec ton physique, je comprends que tu n’oses pas te mettre en maillot", mais, toujours selon ce témoin, d'une manière un peu moins urbaine. De son côté, a détaillé le parquet de Reims, la jeune femme agressée a assuré que c'est le groupe de jeunes femmes qui a mis le feu aux poudres en criant "rhabillez-vous, ce n'est pas l'été".
Quoi qu'il en soit, il s'en est suivi un échange de mots, puis une gifle et la fameuse bagarre. Un échange de coups qui a par ailleurs vite tourné à l'avantage de la jeune femme en maillot de bain, toujours selon le parquet qui se base sur le témoignage d'un policier en civil présent au moment de la rixe: "c’est lorsque la fille en maillot de bain a pris le dessus sur l’autre fille que le groupe entier est intervenu", avant d'être rapidement séparé. A l'arrivée, les deux protagonistes n'ont été que légèrement blessées, écopant de quatre jours d’incapacité totale de travail (ITT) pour la victime et de trois pour l'une de ses agresseurs.
C'est à la justice que reviendra de trancher l'affaire puisque trois des cinq agresseurs, celles qui sont majeures, seront jugées fin septembre pour ces faits, sous le chef d'accusation de "violences en réunion".
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