Aix-en-Provence : 26 ans après, un parrain du Var jugé pour un braquage mortel

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La rédaction de FranceSoir.fr avec AFP
Publié le 22 avril 2016 - 10:08
Dans cette affaire, des scellés et pièces à conviction avaient été malencontreusement détruits en 2004.
Le procès de Frank Perletto, l'un des parrains du Var, s'est ouvert jeudi aux assises d'Aix-en-Provence. Vingt-six ans après les faits, il comparaissait pour le braquage d'un fourgon qui avait provoqué la mort de deux convoyeurs de fonds.

 "Triste record judiciaire" pour sa défense, c'est 26 ans après le braquage d'un fourgon, qui avait coûté la vie à deux convoyeurs de fonds, que Franck Perletto, considéré comme l'un des parrains du Var, comparaît depuis jeudi 21 devant les assises d'Aix-en-Provence. Des témoins introuvables, grabataires, voire décédés, un enquêteur à la retraite.... "Il est impossible de concevoir un procès 26 après les faits", a estimé Me Philippe Dehapiot, l’un des trois avocats de Franck Perletto, 27 ans à l'époque des faits, 53 ans aujourd'hui. La défense a, en vain, sollicité la nullité de la procédure et sa prescription en raison d’un "délai d’instruction déraisonnable". Un délai d'un quart de siècle qui n'est pas du fait de l'accusé, ont fait observer ses avocats.

"Inculpé" en 1992 (terme employé à l'époque et correspondant à une mise en examen) et remis en liberté deux ans plus tard, "Franck Perletto n’a pas bloqué le cours de l’instruction", a expliqué Me Dehapiot. "C’est l’institution judiciaire qui a mal fonctionné avec 10 juges d’instruction qui se sont succédé et des temps morts extraordinaires de deux ans et demi entre deux actes d’instruction", a-t-il fait valoir. Dans cette affaire, des scellés et pièces à conviction avaient été malencontreusement détruits en 2004, au palais de justice de Marseille. Franck Perletto avait déposé une plainte pour cette destruction.

"Vingt-six ans plus tard, on ne va cesser de supporter les difficultés de ce délai", a regretté le président de la cour d’assises, Pascal Guichard. Sur les 33 témoins appelés à déposer, plusieurs sont introuvables, d’autres ont fourni un certificat médical attestant d’une impotence ou d’une incapacité à déposer à la barre de la cour d’assises. Quelques-uns sont aujourd'hui décédés et notamment Louis Bonnefond, seul survivant à l’époque des trois convoyeurs dont le véhicule blindé avait, le 13 mars 1990, été pris sous un feu nourri avant d’être détruit par une forte charge explosive. Il est mort le 3 février dernier, a indiqué son épouse Chantal Bonnefond, 71 ans, qui a pris place sur le banc des parties civiles quasi désert, avec sa fille et son gendre.

Aujourd’hui retraité, le directeur d’enquête a qualifié cette attaque de "véritable opération de guerre", une affaire qui malgré le temps écoulé, l’a marqué, convient-il à la barre des témoins. "Lorsque nous sommes arrivés, c’était une scène de désolation, tout était brûlé, le corps calciné du convoyeur tué dans le fourgon par l'explosion n’était plus identifiable". Un second convoyeur blessé ayant réussi à quitter le fourgon avait été abattu par un malfaiteur. Ce matin-là, le fourgon transportait cinq millions de francs –environ 750 000 euros. Sur place, les enquêteurs avaient prélevé des traces de sang, soumises à l’époque à des expertises génétiques encore balbutiantes.

Des témoins avaient indiqué qu’un ou des malfaiteurs avaient été blessés. Devant les jurés, deux experts ont confirmé que le sang trouvé sur un papier et des tampons d'ouate n’était pas celui de l’accusé ni d’aucun des suspects cités dans la procédure. A l’époque des faits, Franck Perletto n’était pas encore considéré comme l'un des parrains du Var, titre qu'il partagera ensuite avec son frère Pascal, tué le 1er juin 2011 à Toulon.

Interpellé en mai 1998, quatre ans après sa remise en liberté dans ce dossier, Franck Perletto a depuis été condamné à 14 ans et 8 ans de prison en 2004 et 2006 pour sa participation à de vastes trafics de cannabis avec le Maroc et de cocaïne avec l’Amérique Latine. Il purge toujours ces peines.

 

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