Assaut de Saint-Denis : des habitants saisissent le fonds de garantie

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La rédaction de FranceSoir.fr avec AFP
Publié le 11 novembre 2016 - 16:07
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L'immeuble où s'est déroulé l'assaut.
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©Eric Feferberg/AFP
Les riverains "ne sont pas traités sur un pied d'égalité avec les autres victimes des attentats", selon un de leurs avocats.
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Des riverains de l'immeuble pris d'assaut le 18 novembre dernier par la police suite aux attentats qui avaient ensanglanté la région parisienne, et où se terraient des terroristes, n'ont toujours pas pu regagner leur logement. Certains ont même été blessés pendant l'opération. Pourtant, ils ne sont pas considérés comme des victimes et leur situation reste précaire, près d'un an après.

Estimant être "les grands oubliés des attentats", d'anciens habitants de l'immeuble de Saint-Denis où a été mené l'assaut contre deux des auteurs des attaques du 13 novembre vont saisir le fonds de garantie des victimes d'actes de terrorisme pour être indemnisés, ont indiqué ce vendredi 11 leurs avocats.

Le 18 novembre, à 4h20, le Raid avait lancé l'assaut contre cet immeuble où se cachaient depuis quelques heures Abdelhamid Abaaoud, considéré comme l'un des coordinateurs des attentats du 13 novembre (130 morts à Saint-Denis et Paris), et son complice Chakib Akrouh, tous deux membres du "commando des terrasses", en compagnie de la cousine d'Abaaoud, Hasna Aïtboulahcen.

L'opération, menée dans l'urgence, conduit à un siège de plusieurs heures d'une extrême violence. Les trois occupants mourront dans l'assaut. Les autorités ont recensé 44 ménages, soit 94 personnes, qui n'ont pu regagner leur logement depuis l'opération du Raid. La plupart ont été hébergés en urgence dans des résidences hôtelières aux frais de l'Etat.

"Certains ont été internés en hôpital psychiatrique, d'autres ont perdu leur travail, les enfants sont traumatisés: ils ne sont pas traités sur un pied d'égalité avec les autres victimes des attentats", a dénoncé ce vendredi maître Méhana Mouhou, qui représente une dizaine de sinistrés, à la veille des commémorations.

L'avocat a indiqué qu'il allait se constituer partie civile devant un juge d'instruction pour faire reconnaître ses clients comme victimes des attentats. Et saisir le fonds de garantie (FGTI) pour "qu'ils soient indemnisés de tous leurs préjudices".

"Ces victimes sont totalement oubliées, occultées, négligées, cachées, peut-être par mauvaise conscience des pouvoirs publics", a affirmé de son côté maître Claudette Eleini, qui a elle aussi annoncé à l'AFP son intention de saisir le fonds d'indemnisation. Selon elle, "des indemnisations forfaitaires non négociables seraient proposées sans commune mesure avec les indemnisations accordées avec le droit et la jurisprudence actuelle".

"Comble du cynisme, ces victimes sont harcelées par l'envoi de factures" qu'elles continuent de recevoir comme si elles vivaient toujours dans leurs anciens logements, pointe aussi l'avocate.

Ce vendredi, une ex-habitante, Hélène Somedo-Mendes, a raconté à l'AFP "sa vie foutue, les médicaments, les cauchemars, l'impossibilité à sortir et rester au milieu des gens". Avec son mari et ses trois enfants, elle a passé sept heures couchée par terre à entendre les balles et les détonations.

Son mari, Leandro, a raconté avoir perdu son emploi de maçon, car il n'a pas "réussi à retourner travailler les jours après l'assaut". Il est aussi devenu sourd d'une oreille. La famille est également "poursuivie par les huissiers", a ajouté leur avocat.

 

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