Attentat à Magnanville : en plein Euro, la France à nouveau frappée par un acte djihadiste

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La rédaction de FranceSoir.fr avec AFP
Publié le 14 juin 2016 - 18:53
Mis à jour le 15 juin 2016 - 09:35
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Larossi Abballa Capture écran vidéo
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©Capture d'écran Twitter
Un homme se réclamant de Daech a tué au couteau deux policiers, lundi soir à Magnanville (Yvelines). Cette homme, âgé de 25 ans avait déjà été condamné pour des faits de terrorisme en 2013, était fiché et également sur écoute judiciaire.
©Capture d'écran Twitter
La France a été à nouveau frappée par une attaque djihadiste avec l'assassinat lundi 13 au soir d'un policier et de sa compagne près de Paris, revendiqué par un homme qui a prêté allégeance au groupe Etat islamique (EI) et appelé à faire de l'Euro "un cimetière".

Ce double meurtre a été mené sept mois jour pour jour après les attentats les plus meurtriers jamais commis en France, qui ont fait 130 morts le 13 novembre, et au moment où l'Europe a les yeux braqués sur la France qui accueille jusqu'au 10 juillet l'Euro de football.

"C'est un acte incontestablement terroriste", a affirmé ce mardi 14 matin François Hollande après une réunion d'urgence à l'Elysée. " Un cap dans l'horreur a été franchi", a insisté Manuel Valls.

Le meurtrier, Larossi Abballa, 25 ans, abattu sur place dans un assaut du Raid, a choisi pour cible Jean-Baptiste Salvaing, 42 ans, commandant de police adjoint du commissariat des Mureaux, dans les Yvelines. "Il connaissait la qualité de policier de la victime", a déclaré le procureur de Paris François Molins, précisant qu'Abballa a affirmé avoir prêté allégeance à l'EI et à son chef il y a trois semaines.

Aux négociateurs du Raid, il a affirmé "avoir répondu à un communiqué" du chef du groupe jihadiste Abou Bakr al-Baghdadi qui demandait de "tuer des mécréants, chez eux avec leur famille", a précisé François Molins. Le parquet antiterroriste a ouvert une enquête préliminaire, notamment pour assassinats terroristes sur personnes dépositaires de l'autorité publique.

Lundi peu après 20h, Abballa a tué à coups de couteau le policier devant son pavillon de Magnanville, dans les Yvelines. Il a ensuite séquestré sa compagne Jessica Schneider, 36 ans, agent administratif du commissariat voisin de Mantes-la-Jolie, qu'il a égorgée, et leur petit garçon de trois ans et demi, retrouvé choqué mais indemne.

Il a revendiqué son acte dans une vidéo en direct filmée depuis la maison des victimes et postée sur Facebook. "Nous allons faire de l'Euro un cimetière", promet-il notamment, selon le journaliste spécialiste du jihad David Thomson qui a visionné l'enregistrement. Il y enjoint également "à attaquer des policiers, des journalistes, des personnalités publiques, des gardiens de prison et des rappeurs".

Les enquêteurs ont saisi dans le pavillon "une liste de cibles mentionnant des personnalités ou des professions (rappeurs, journalistes, policiers)" ainsi que trois couteaux dont un "ensanglanté", selon M. Molins.

"Cette tragédie vient nous rappeler toute la complexité du risque terroriste qui peut se traduire, on l'a vu l'an dernier, par des tueries de masse, mais aussi par des passages à l'acte d'une extrême violence, visant des cibles désignées par Daesh en raison notamment de leur profession dans des appels au meurtre qui sont régulièrement diffusés par l'organisation terroriste", a souligné le procureur.

L'homme, originaire de Mantes-la-Jolie, avait un passé dans l'islamisme radical. Il avait notamment été condamné en 2013 à trois ans de prison dont six mois avec sursis pour participation à une filière djihadiste vers le Pakistan. Pendant son incarcération, il s'était "livré à des actes de prosélytisme d'islamisme radical", a détaillé François Molins.

Son nom était ensuite apparu cette année dans une enquête sur une filière de départ vers la Syrie. Mais "plusieurs interceptions téléphoniques et géolocalisations" sur plusieurs lignes téléphoniques "n'avaient pas à ce jour mis en évidence le moindre élément permettant de déceler la préparation d'un passage à l'acte violent", a assuré le procureur.

En visite au commissariat des Mureaux, où travaillait le policier tué, le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve a affirmé sa volonté de "mettre hors d'état de nuire d'éventuels complices", sans se prononcer sur l'hypothèse d'un acte isolé. Trois personnes, des hommes de 27, 29 et 44 ans, ont été placées en garde à vue, dont un avait été condamné avec Abballa en 2013 dans l'affaire de la filière pakistanaise.

"Nos collègues pensaient qu'ils étaient à l'abri chez eux. Aujourd'hui, on est au bout du rouleau, on est tués. Les 140.000 policiers de France sont tristes, atterrés. Les policiers vont avoir peur", a réagi le secrétaire général du syndicat Unité SGP Police FO, Yves Lefebvre, venu rendre visite aux policiers des Mureaux. Les syndicats de policiers et des personnels administratifs de la police nationale devaient être reçus à 18h au ministère de l'Intérieur.

Interrogé sur d'éventuelles mesures de sécurité supplémentaires, réclamées par la droite et certaines organisations professionnelles, Manuel Valls a rappelé que des dispositions avaient "déjà été prises pour la protection des policiers". "Nous n'allons pas adopter à chaque fois une nouvelle mesure."

Le Conseil français du culte musulman a condamné "avec la plus grande vigueur cet acte d'horreur, odieux et abject", appelant les musulmans de France à profiter du ramadan "pour prier pour que la France vive dans la paix, l'unité et la sécurité".

 

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