Bonbonnes de gaz à Paris : une première suspecte devant la justice

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La rédaction de FranceSoir.fr avec AFP
Publié le 10 septembre 2016 - 16:03
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Une opération antiterroriste dans l'Essonne.
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©Geoffroy Van Der Hasselt/AFP
Les enquêteurs estiment que le commando était "téléguidé" par des djihadistes de Daech depuis la Syrie.
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Une première suspecte devait être présentée à la justice ce samedi dans le cadre de l'enquête sur le commando de femmes djihadistes arrêtées il y a quelques jours. Il s'agit d'Ornella G., 29 ans, fichée pour des velléités de départ en Syrie. Ses empreintes avaient été retrouvées dans la voiture pleine de bonbonnes de gaz découverte le week-end dernier en plein coeur de Paris.

Une première suspecte devait être présentée ce samedi 10 à la justice dans la double enquête sur un attentat avorté à la voiture piégée en plein Paris et sur une autre attaque "imminente" que les autorités assurent avoir déjouée en démantelant un commando de femmes djihadistes. Alors que la riposte face à la menace terroriste inédite est déjà au coeur de la campagne présidentielle, le gouvernement s'est félicité d'avoir pu éviter un nouveau drame après la série d'attentats qui ont endeuillé la France depuis 2015.

Ornella G., 29 ans, fichée pour des velléités de départ en Syrie, avait été arrêtée mardi 6 dans le Sud. Elle devait être présentée dans l'après-midi à un juge antiterroriste. La garde à vue de son compagnon, interpellé avec elle, arrive également à son terme et il peut être déféré ou remis en liberté. Les empreintes d'Ornella G. ont été retrouvées dans la voiture pleine de bonbonnes de gaz découverte le week-end dernier à quelques centaines de mètres de Notre-Dame-de-Paris. Pour les enquêteurs, cette voiture piégée devait servir à un attentat qui a avorté pour des raisons qui restent à confirmer. Selon le récit d'Ornella G., "après une tentative infructueuse" pour mettre le feu au véhicule, "les jeunes femmes ont fui à la vue d'un homme qu'elles ont pris pour un policier en civil", rapporte une source proche de l'enquête. Une "cigarette à peine consumée" et une couverture avec "des traces d'hydrocarbures" ont été trouvées dans le coffre près des bonbonnes, a expliqué vendredi 9 le procureur de Paris François Molins: si l'incendie "avait pris", il "aurait suffi à entraîner" la "destruction de l'ensemble du véhicule".

Avec Ornella G. se trouvait la fille du propriétaire de la Peugeot 607, Inès Madani, 19 ans, également fichée "S" pour des raisons similaires et qui a prêté allégeance au groupe djihadiste Etat islamique (EI). Les enquêteurs cherchent à savoir si une troisième femme était présente: Sarah H., 23 ans, qui semble au coeur de connexions multiples avec d'autres djihadistes français. En suivant la piste d'Inès Madani, la police a réussi à l'arrêter jeudi 8, à Boussy-Saint-Antoine (Essonne), avec Sarah H. et une troisième femme, Amel S., 39 ans. C'est chez elle que le trio, mué en commando, évoque des cibles pour un nouvel attentat, selon des sources proches de l'enquête: des gares de l'Essonne et de Paris, mais aussi des policiers. Elles envisagent aussi de se procurer des ceintures explosives ou de lancer des voitures contre des bâtiments, précise une de ces sources. Le dessein des trois femmes, entrées en contact via la messagerie privée Telegram, "était clairement de commettre un attentat", a estimé François Molins. Cette attaque, probablement par des moyens "assez artisanaux", était "imminente", prévue pour jeudi, le jour de leur arrestation, insistent les autorités.

Dans la foulée, Mohamed Lamine A., 22 ans, compagnon de Sarah H., et la fille d'Amel S., 15 ans, ont aussi été placés en garde à vue. L'enquête a mis en lumière des liens avec les auteurs de récents attentats. Sarah H. était ainsi "l'ancienne promise" de Larossi Abballa, qui a tué un policier et sa compagne le 13 juin à Magnanville (Yvelines), puis d'Adel Kermiche, l'un des deux auteurs de l'attaque du 26 juillet dans l'église de Saint-Etienne-du-Rouvray (Seine-Maritime). Le frère de son compagnon actuel est incarcéré pour ses liens avec Abballa. La jeune femme, qui vit dans le Var, n'a jamais vu physiquement ses promis.

Les enquêteurs, qui estiment que le commando a été "téléguidé" par des djihadistes de l'EI depuis la Syrie, tentent notamment d'éclaircir le rôle qu'a pu jouer Rachid Kassim. Ce djihadiste français originaire de Roanne se trouve en zone irako-syrienne d'où il s'est révélé être un propagandiste très actif sur les réseaux sociaux, appelant à frapper la France. "Des éléments ont étayé qu'il avait été en contact via Telegram avec l'une des protagonistes", relève une source proche de l'enquête. Les appels au meurtre de Kassim ont pu inspirer les cibles évoquées par le commando de femmes, précise une autre. Des liens ont déjà été établis entre lui et au moins un des tueurs d'un prêtre à Saint-Etienne-du-Rouvray, et il a été identifié dans une vidéo mettant en scène l'exécution de prisonniers syriens dans laquelle il félicitait l'auteur de l'attentat qui a fait 86 morts le 14 juillet à Nice.

 

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